Trump en mauvaise posture
Trump est en chute libre. Les sondages ne sont pas tout simplement mauvais, ils sont catastrophiques. D’autant que les plus fins montrent une érosion des électeurs convaincus de Trump. Pire, le nombre de gens mécontents/très mécontents augmente de façon impressionnante, en particulier depuis ces réactions ineptes depuis la mort de G. Floyd et le mouvement de fièvre anti raciste qui semble s’emparer de l’Amérique. Et déjà le délire Trumpien pendant la crise du covid avait « moyennement » séduit… BIEN ENTENDU ce sont des sondages et ils ne préjugent en rien des résultats des élections de novembre. Mais un homme comme Trump n’ignore pas les sondages. Il est inquiet. IL se lance donc dans une sorte de quitte ou double en reprenant un voeux slogan de Nixon: « LAW & ORDER » qu’il twitte et retwitte au moins une fois par jour. L »excellent analyste Corentin Sellin, spécialiste des affaires politiques américaines et en particulier sur Trump, le rappelle: en 2020, comme en 2016, Trump tient le discours de Nixon. Et la même politique, au point que l’on peut parler d’un « match retour du Watergate« . Trump faisait déjà dans les excès, mais c’est désormais une véritable fièvre d’activisme des réseaux sociaux qui s’empare de lui, comme par exemple ce twitt exprimant une phrase déjà prononcée dans des circonstances terribles et par un policier peu recommandable:
Le complot Antifa ? Un épouvantail idéal
Ceci étant posé venons en à l’affaire qui nous intéresse aujourd’hui. Depuis le début des manifestations, Trump a lancé une interprétation simple (simpliste) qui expliquerait tout (la base de la bonne théorie du complot: trouver un bouc émissaire fantasmatique et s’y accrocher comme la moule sur son bouchot. Et ce bouc émissaire ce sont les « antifas ». Pour Trump c’est simple, ils sont responsables de tout, des manifestations, des pillages, de l’ambiance en Amérique, des problèmes de reprise, bref « Antifa » comme dit Trump est un épouvantail bien pratique, une théorie du complot dans toute sa splendeur. Une petite recherche sur twitter est très significative: Trump martèle ce mot dans tous les sens sans avoir la moindre idée de ce qu’il signifie.


L’histoire est survenue alors qu’il discutait de son malaise à regarder le sang, ce qui l’a incité à se souvenir de l’incident. Son histoire rend la lecture inconfortable.«J’étais à Mar-a-Lago et nous avons eu ce ballon incroyable, le ballon de la Croix-Rouge, à Palm Beach, en Floride.Et nous avions les Marines. Et les Marines étaient là, et c’était terrible parce que tous ces riches, ils sont là pour soutenir les Marines, mais ils sont vraiment là pour avoir leur photo dans le Palm Beach Post.Donc, vous avez tous ces gens vraiment riches, et un homme d’environ 80 ans – un homme très riche, beaucoup de gens ne l’aimaient pas – il est tombé de la scène …Donc, ce qui se passe, c’est que ce type tombe directement sur son visage, se frappe la tête et je pensais qu’il était mort.Et tu sais ce que j’ai fait? J’ai dit: « Oh mon Dieu, c’est dégoûtant », et je me suis détourné.Je ne pouvais pas, tu sais, il était juste devant moi et je me suis détourné. Je ne voulais pas le toucher. Il saigne partout, je me sentais terriblement mal.Vous savez, le beau sol en marbre ne lui ressemblait pas. Cela a changé de couleur. Est devenu très rouge.Et vous avez ce pauvre gars, âgé de 80 ans, allongé sur le sol inconscient, et tous les riches se détournent … Ce qui se passe, c’est ces 10 Marines de l’arrière de la salle.Ils s’avancent en courant, ils l’attrapent, ils mettent du sang partout – c’est partout sur leurs uniformes – ils le prennent, ils le glissent, ils l’ont épuisé, ils ont créé une civière.Ils appellent cela une civière humaine, où ils mettent leurs bras avec, comme, cinq gars de chaque côté …Je disais: «Faites nettoyer ce sang! C’est dégoutant!’ Le lendemain, j’ai oublié d’appeler [l’homme] pour lui dire qu’il allait bien.Ce n’est pas mon truc. «Effectivement. Ce n’est pas son truc. D’ailleurs à part twitter pour jeter de l’huile sur le feu, la mégalomanie, et le golf, on se demande ce qui est « son truc »…

Le reste du reportage indique que « la gauche et la Chine » sont derrière tout cela pour cultiver l’agitation….Here's the first half of the batshit OANN segment Trump just tweeted. It alleges the 75 year old man assaulted by Buffalo police officers was an antifa operative, based on a report from Conservative Treehouse. pic.twitter.com/CeMVyJcoh8
— Matthew Gertz (@MattGertz) June 9, 2020
Le fameux reportage est réalisé par « Kristian Rouz », journaliste à OAN, mais aussi, bah tiens, chez « Sputnik », la pravda officielle du Kremlin… Rouz est une figure complotiste d’OAN:Here's the rest of it, which says that media are "fan[ning] the flames of national unrest" by promoting this "far-left provocation" to hurt Trump and help China. pic.twitter.com/enMRQEf8Ko
— Matthew Gertz (@MattGertz) June 9, 2020
Kristian Brunovich Rouz , originaire de la ville sibérienne de Novossibirsk, est un ressortissant russe qui est l’un des journalistes à l’antenne de l’OAN. Rouz a rejoint le point de presse en 2017, s’installe à San Diego afin d’être proche de la gare. Rouz écrit également pour Sputnik, la machine de propagande parrainée par le Kremlin, depuis décembre 2014.Pendant son mandat à l’OAN, Rouz a soutenu de nombreuses théories du complot d’extrême droite et extrémistes, dont beaucoup s’inscrivent parfaitement dans la rhétorique xénophobe et raciste de Trump.L’un des reportages de Rouz visait le financier milliardaire juif George Soros , l’accusant de collaborer avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale lorsque Soros était adolescent en Europe de l’Est. Cette théorie a été réfutée à plusieurs reprises, mais les antisémites continuent de le jurer dans le but de salir une figure juive de premier plan. Rouz a également affirmé que Soros a utilisé sa vaste richesse pour financer les caravanes de migrants qui se dirigeaient vers les États-Unis.Une autre histoire de Rouz a attaqué une cible préférée de Trump, Hillary Clinton , affirmant qu’elle avait utilisé 800000 $ de ses fonds de campagne pour soutenir les manifestants antifa (antifascistes). L’histoire, qui n’a aucune base ni preuve légitime, prétend que Clinton a donné aux manifestants de l’argent qui «allait à des choses comme des briques, des marteaux, des battes et des chaînes».« Cela complète la fusion entre la propagande parrainée par l’État russe et les médias conservateurs américains », a déclaré l’ancien agent du FBI Clint Watts , qui est maintenant chercheur à l’Institut de recherche sur les politiques étrangères. «Nous avions l’habitude de le voir comme« Ils ont juste les mêmes vues »ou« Ils utilisent les mêmes pistes d’histoire ». Mais maintenant, ils ont le même personnel. »En fait « OAN » « One America News » devrait plutôt s’appeler « One Russia News »…. Des théories du complot bien évidemment reprises par les thuriféraires délirants habituels de Trump, nous avons nommé les « QAnon »:
