18 mars 2015 | Temps de lecture : 6 minutes

Quand l’extrême droite glose sur des profanations de statues de la Vierge

Épidémie de statues de la Madone brisées dans le monde entier.

C’est une désinformation que la fachosphère aime bien manier. Et iconographie aidant, ces statues se ressemblent quelque peu, ce qu’il fait qu’on s’y perd entre les différents cas.

Le coupable est tout désigné, c’est le musulman.
Sauf que.
Ce n’est pas vraiment, ce qu’il se passe réellement.

1)      Une statue de la vierge détruite à la Pérouse

Petite désinformation qui traine beaucoup ces temps-ci dans la fachosphère :

http://www.lesobservateurs.ch/2015/01/19/italie-des-musulmans-detruisent-et-urinent-sur-la-statue-de-la-vierge-marie/

Une photo spectaculaire, des coupables tout trouvé et des actes parfaitement répréhensibles.

 

La source est un journal Italien que voici :

http://www.lanazione.it/umbria/madonna-profanata-giulietti-1.562421

Et on y apprend des choses intéressantes.

  • Tout d’abord, ce ne sont pas cinq « musulmans » mais cinq « étrangers ».
  • Ensuite nulle part, il n’est question d’uriner sur la statue brisée.
  • Et qu’il n’est pas question d’un homme insulté et la photo de sa défunte épouse arrachée…
  • Et enfin, la photo publiée n’est pas celle de la Madonna de la Pérouse.

Et non.

La vraie la voici :

 

Tandis que celle indiquée dans l’article est une statue qui a été profanée au Brésil par des Chrétiens. Et oui, ça semble étrange, mais c’est le cas :

http://www.diariodosertao.com.br/artigos/v/Religi%C3%A3o/evangelicos-mijam-em-cima-de-nossa-senhora-e-depois-queimam-imagem-na-regiao-de-cajazeiras–ouca-o-audio!/20140603172412

En fait la profanation a été réalisée par des chrétiens Evangélistes. Ceux-ci sont soupçonnés d’appartenir à une congrégation dirigée par un certain Pasteur Poroca. Celui-ci est bien connu au Brésil pour ses violentes attaques contre les catholiques et les homosexuels. Il promet à tous « le chaudron brûlant de l’enfer ».
Des cas de graffitis au goudron sont recensés dans la région où celui-ci officie et de nombreuses menaces notamment sur des enfants.
Et là effectivement la fameuse statue a été renversée, brisée, puis les évangélistes ont uriné dessus, avant d’y verser de l’essence et d’y mettre le feu…

 

On se demande pourquoi cette fois les ultras droitistes n’en parlent pas.
Mais sommes-nous stupides, il ne s’agissait pas de musulmans, le genre d’infos qui ne leur rapporte rien en terme de propagande…

2)     Deuxième fausse attaque de Musulmans sur une statue de la vierge

Et on continue dans le même style avec un article/photo/vidéo qui accuse faussement!

 

 

Sauf que non il ne s’agit pas de musulmans.
Comme l’explique cet article:

http://www.tgcom24.mediaset.it/cronaca/lazio/2013/notizia/no-tav-black-bloc-fermati-di-roma_2004212.shtml

Il s’agit de manifestations contre la ligne à grande vitesse Lyon/Turin.

Et la dernière, pour la route.

3)     Le cheikh en bois qui casse des statues chrétiennes

Cette dernière affaire pour aujourd’hui est tout à fait intéressante car elle illustre les petits combats internes de l’extrême droite en terme de propagande et leurs difficultés internes à s’accorder sur un évènement pourtant unique.
Illustration:

 

 

Vous avez sans doute déjà vu cette personne, cette vidéo. Elle est reprise en boucle par toute la fachosphère.
Il est accusé de faire partie de l’EIIL.
Sauf que l’histoire est bien plus compliquée.

Le motif du scandale était un one man show, au cours duquel le cheykh démontrait l’étendue de sa bravoure en réduisant en miettes une statue en plâtre… et sans défense de la Vierge Marie. Elle avait, dit-on, été récupérée dans une église ou un oratoire du village chrétien d’al-Ya’qoubiyeh, dans le gouvernorat d’Idlib au nord-ouest de la Syrie, conquis au début de l’année 2013 par des combattants de l’Armée libre et de diverses autres unités, parmi lesquelles l’EIIL. Le geste de l’individu n’avait rien de spontané. Il était destiné à frapper les esprits en le montrant à son avantage, dans une mise en scène soigneusement préparée, comme on peut le déduire de ses premiers mots – « Yallah, yallah » (Allez, on se bouge) – proférés à l’adresse du « réalisateur ».
Dans un communiqué diffusé le lendemain, 30 octobre, la Coalition nationale passait sous silence la divulgation de cette vidéo par un site pro-régime, qui n’avait pas précisé comment il se l’était procuré. Elle préférait s’étonner de la « similitude entre les agissements du régime, dont l’armée, en bombardant le jour précédent la ville de Yabroud, avait détruit une église vénérable, et les exactions dont se rendait coupable l’Etat islamique d’Irak et du Levant ». Se référant à la mise en scène du cheykh Gharba’, elle considérait que « cette coïncidence révélait une même mentalité, consistant à mépriser aussi bien les vies humaines que les symboles sacrés des autres ». Elle confirmait en quelque sorte « une relation organique entre le régime d’al-Assad et l’EIIL ».

Le cheykh Gharba’ et l’objet de son courroux

L’orchestration de cette triste affaire par les sites dédiés à la propagande officielle a aussitôt montré que le régime entendait s’en servir contre d’autres que l’Etat islamique, en l’occurrence contre les Frères Musulmans, confirmant que le probable retour en Syrie de l’Association bannie en 1980 constituait pour le pouvoir en place une source de préoccupation beaucoup plus vive que la présence actuelle dans le pays de milliers de djihadistes aux comportements provocateurs. On pouvait ainsi lire, le 30 octobre, sur le site de « l’opposant » Nizar Nayyouf, que « le terroriste apparaissant sur la vidéo en train de détruire une statue de Marie, dans les environs d’Idlib, n’appartient ni à l’Etat islamique, ni au Jabhat al-Nusra, contrairement à ce qui a été colporté sur son compte, mais au « gang » des Frères Musulmans et de l’Armée libre dirigée par Sélim Idriss. Il fait donc partie des combattants de la Coalition nationale et du Conseil national syrien »… CQFD.
La « preuve décisive » de ce qu’il avançait se trouvait dans « des photos de l’intéressé sur lesquelles il était tombé » sans difficulté en parcourant sa page Facebook. Celui qu’il renommait Abou Omar al-Ghouraba’, pour apparenter son nom à celui de la plupart des chefs militaires des groupes islamistes, y apparaissait avec sur la poitrine les couleurs du drapeau de l’Indépendance et l’emblème de l’Armée libre que n’arborent jamais ni l’Etat islamique, ni le Jabhat al-Nusra. Ignorant que les groupes engagés en Syrie modifient fréquemment leurs allégeances et que le look de l’intéressé était celui d’un salafiste, il se demandait en conclusion : « Si les combattants des Frères et de la Coalition, considérés comme « modérés » par l’Occident et les services de renseignements américains qui les entraînent et les arment, détruisent les icônes des églises et des maisons des chrétiens, et s’ils déclarent, comme le fait ce criminel, que « le pouvoir appartient à Dieu seul », que vont bien pouvoir faire les autres » ?

La statue de la Vierge soignée à Kafranbel

Loin de ce genre de déformations et quoi qu’il en soit du groupe auquel Omar Gharba’ appartient ou dont il est l’un des chefs, ce sont les activistes de Kafranbel qui ont encore une fois fourni la dénonciation la plus claire de ce genre de comportement et de la réponse que la Révolution devait lui apporter. Le dessin réalisé à l’occasion du rassemblement du vendredi 1er novembre 2013 témoigne, mieux que de longs discours, de la solidarité et de la volonté de vivre ensemble qui animent encore nombre de Syriens, sans distinction de religions.

 

En fait ce type sert une propagande, mais on ne sait pas vraiment laquelle.
C’est pourquoi suivant sur le groupe facho que vous trouverez cette information, vous saurez si il soutiens ou pas le régime baasiste de la Syrie.
Ex: le FN et les soraliens le défendent fortement…

 

En tous cas, on voit bien que ces profanations ne les choquent pas réellement, en fait elles les arrangent plutôt.

Debunked !!!

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