12 avril 2017 | Temps de lecture : 26 minutes

Propagande de l’extrême droite sur la collaboration

Ou comment essayer de réécrire une histoire sulfureuse

L’extrême droite Française a une histoire intime avec la collaboration pendant la guerre. Mais de cette histoire sulfureuse, elle tente de manipuler les faits. Encore…

Nous avons pu entendre la candidate du parti fasciste français dire il y a quelque jour que « la France n’est pas responsable du Vél d’Hiv ». Les historiens se sont indignés de cette falsification historiographique, pourtant réglée depuis plus de vingt ans. Mais ce n’est pas la première fois que Marion Anne Perrine le pen (c’est son vrai nom) commet ce genre de sorties.

L’extrême droite fait partie de l’histoire de la collaboration.

Et nous ne rappellerons pas toutes les ignominies de son père, trop nombreuses et bien connues. Juste celles ci:

« Feindre de croire que le maréchal Pétain était responsable de la persécution des juifs pendant la guerre, c’est une pensée scandaleuse. Adolphe Hitler ne demandait pas l’autorisation à Philippe Pétain de faire ce qu’il voulait faire nous étions occupés et cette occupation faisait des troupes allemandes les responsables de la vie des Français » JMLP
« Les lois antijuives n’allaient pas jusqu’à la déportation. » JMLP
« On s’aperçoit que les juifs français ont bénéficié, somme toute, d’une indulgence que leur a valu l’action du gouvernement français. » JMLP

L’extrême droite à un problème avec son passé, et en particulier la collaboration. Si le PCF a réalisé un aggiornamento de son passé avec l’URSSl’extrême droite n’en a jamais pris le chemin.

Il faut rappeler les faits.

Pour l’extrême droite, la collaboration, en particulier le régime de Vichy est une plaie béante (à l’instar de la guerre d’Algérie). Il montre la réalité in situ de ce que donne un gouvernement d’extrême droite. Voilà pourquoi depuis près de vingt ans, sur internet, l’extrême droite s’emploie à dévoyer l’histoire de cette période plus ou moins adroitement, mais indubitablement de façon efficace.  Les études historiques sont pourtant formelles: la France de Vichy a bien collaboré. Et avec plus d’enthousiasme que ne le souhaitait les nazis….

La thèse  de « Pétain, bouclier de la France », éternelle antienne de l’extrême droite, ne tient pas devant les faits.

Et pourtant, l’extrême droite continue à falsifier l’histoire au nom de l’idéologie, et en particulier pour sauver la leur… Nous allons donc faire un petit récapitulatif des différentes thèses falsifiées  au sujet de la collaboration par l’extrême droite, sans exhaustivité.

1) Pétain mis en place par « la gauche »

Beaucoup d’articles de la fachosphère sur ce sujet reprennent inlassablement le quasi ensemble des thèses de l’extrême droite sur le sujet. Celui ci est plus malin car il se veux factuel. Une liste de personnes et point barre. Une sorte de photo froide qui donnerait la réalité pure. Ce n’est pas le cas. En histoire, la propagande est vite arrivée sur le devant de la scène. Comme nous allons le voir.

Le 10 juillet 1940, la Chambre des députés et le Sénat, vote par 569 voix contre 80 et 17 abstentions volontaires un texte qui remet le sort de la France et celui du régime entre les mains du gouvernement du maréchal Pétain : « L’Assemblée nationale donne tous pouvoirs au gouvernement de la République sous l’autorité et la signature du maréchal Pétain, à l’effet de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle Constitution de l’Etat français. Cette constitution devra garantir les droits du travail, de la famille et de la patrie. Elle sera ratifiée par la nation et appliquée par les assemblées qu’elle aura créées. »

On pourrait s’arrêter là comme le suggère cette fameuse liste. Mais dans ce cas, on ne fait pas oeuvre historique, mais de propagande. Voilà pourquoi:

Ce vote NE DONNE PAS LES PLEINS POUVOIRS à Pétain!!!!

Contrairement au mythe récurrent de l’extrême droite, ce vote n’abolit pas la république, pas plus que ne le fera le vote de même nature des parlementaires de la IVe République donnant, le 3 juin 1958 (avec davantage de conditions, il est vrai), les pleins pouvoirs constitutionnels au gouvernement du général de Gaulle. C’est au gouvernement de la république que sont attribués les pleins pouvoirs le 10 juillet 1940, et ce sont les trois premiers actes constitutionnels pris par Pétain, le 11 juillet, qui, outrepassant le texte du 10, constituent une forme de coup d’État en supprimant la république et en instituant un régime de monarchie dictatoriale au profit d’un chef de l’État qui s’est autoproclamé…

Interprété ensuite par Pétain comme suspendant de facto l’application des lois constitutionnelles de 1875 instaurant la Troisième République, l’acte du  ne prévoyait cependant pas expressément cette suspension mais conférait uniquement un pouvoir constituant au Président du Conseil

Si selon la loi constitutionnelle de 1940, Pétain doit élaborer une nouvelle Constitution qui devrait « garantir les droits du travail, de la famille et de la patrie » et être ratifié par la nation souveraine, si le maréchal institue effectivement une commission chargée de rédiger un projet de Constitution, aucune Constitution ne sera promulguée, le maréchal ne considérant officiellement cette possibilité qu’à la condition que le territoire national soit libéré de l’occupation allemande.

Laval et Pétain se sont bien employés à rassurer les éventuels récalcitrants en les trompant sur leurs intentions futures. Il ne faut pas oublier qu’à cette période Pétain jouit d’un statut incomparable…

Selon de nombreux témoignages concordant [Anny Malroux, Ceux du 10 juillet 1940, le vote des quatre-vingts, L’Harmattan, Paris, 2006, p. 59-63], Pierre Laval s’y emploie à rassurer les parlementaires, notamment les sénateurs anciens combattants, en démontrant qu’il représentait Pétain et non seulement lui-même, en affirmant entre autres que les commissions parlementaires continueraient à travailler avec le gouvernement en dépit des pleins pouvoirs, que la future Constitution qui irait dans le sens d’un pouvoir plus stable et plus fort serait ratifiée par la vote de la nation entière. Les appels au rassemblement autour du maréchal Pétain, conjugué avec de multiples promesses qui, quoique apaisantes, demeuraient absentes du texte lui-même, le sentiment de responsabilité collective des parlementaires dans la défaite, la menace de reprise des hostilités et les conséquences qui en découleraient dans l’opinion où l’antiparlementarisme sévissait, emportèrent les dernières réticences de la plupart d’entre eux [ Marc Ferro, Pétain, Paris, Fayard,  (réimpr. 2008), 789, p. 127-133.]. Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940

 

Le 11 juillet 1940, contrairement à ce que prévoit la loi voté la veille, le maréchal Pétain signe 3 actes préparés par son secrétaire d’état, M. Alibert.
Par ces 3 actes le maréchal Pétain devient chef de l’état à la place du président Lebrun, ajourne les 2 chambres (député et sénat) et s’accorde le pouvoir législatif et exécutif. Dans les faits il est aussi en possession du pouvoir judiciaire, ce qui le place en véritable dictateur ayant tous les pouvoirs.

Il forme son gouvernement le jour même. M. Laval, instigateur du vote de la veille, est nommé vice président du conseil et M. Alibert, secrétaire d’état du maréchal et antirépublicain notoire, est nommé ministre de la justice.
La réaction de certains députés est sans équivoque:

 « Le 10 juillet je me suis trompé, le 11 juillet j’ai été trompé ».M. Antier, député ayant voté pour la loi constitutionnelle le 10, à Maurice Schumann, lors de son arrivée à Londres.

La chambre du Front populaire?

Associée à cette mythologie l’extrême droite ajoute souvent que c’est « la chambre du Front populaire qui a voté les pleins pouvoirs ». Comme nous venons de le voir la deuxième partie de cette assertion est déjà fausse.
Bien sûr certains y ajoutent même qu’un complot juif est à l’œuvre dans cette prise de pouvoir autoritaire:

 

Tout d’abord cette assertion sous-estime l’évolution politique entre 1936 et 1940. Bien sûr, c’est bien la Chambre élue en mai 1936 qui a émis ce vote. Mais, depuis au moins deux années, cette Chambre n’est plus celle du Front populaire. Le Front Populaire, en tant que rassemblement d’organisations, est mort entre octobre et novembre 1938, du fait du refus des radicaux de demeurer plus longtemps alliés aux deux partis marxistes : la SFIO et le parti communiste. Bien avant cette date, le Rassemblement populaire n’a donc plus d’existence réelle : les événements politiques ont déplacé la frontière entre la droite et la gauche, qui passe désormais au centre du parti radical. Du même coup, les raisons qui avaient conduit à la constitution du Front populaire apparaissent obsolètes, d’autres clivages l’emportant désormais dans le débat politique.

Au fil des mois, à la crainte du fascisme, qui avait provoqué la mobilisation de 1936, s’est substituée la crainte de la révolution marxiste, et c’est autour du clivage marxisme-antimarxisme que s’organise désormais le débat politique. Or le camp antimarxiste, celui de l’union nationale, est à présent conduit par le chef du gouvernement Edouard Daladier, président du parti radical, entraînant derrière lui la quasi-totalité de son parti.

Deuxièmement elle ne parle pas de la fragilité de la coalition des radicaux, des socialistes et des communistes.

Non plus des fractures immenses engendrées en 1938 par la crise de Munich.

Des courants de gauche subissent l’attraction de solutions politiques autoritaires, de l’extrême droite et du fascisme. Et surtout du pacifisme exacerbé de l’après « Grande guerre ». C’est le cas de radicaux autour de Bergery, de socialistes autour de Marcel Déat, de communistes autour de Doriot (maire de Saint Denis).

Au sein du Parti socialiste SFIO, le secrétaire général Paul Faure (député du Creusot) qui a lutté, avec une partie de l’appareil, contre les courants internes et pour l’exclusion de la gauche pivertiste, poursuit une évolution qui va le mener du socialisme guesdiste jusqu’à rallier le régime de Vichy en 1940.

C’est essentiellement parmi les radicaux socialistes qu’un glissement vers la droite se fait sentir. L’ensemble du groupe de parlementaires se rapproche en 1938 1939 de la « droite modérée » dirigée par Flandin, sonnant ainsi le glas de la majorité de Front populaire. Pire, c’est un de leurs dirigeants, l’écrivain Jean Mistler, qui tonne au Parlement « contre les juifs, contre les francs maçons, contre les républicains du Front populaire ».

Ainsi que la dissolution du Parti communiste en septembre 1939 par Édouard Daladier, en raison de leur soutien au Pacte germano-soviétique en août 1939, et de 27 parlementaires partis à Casablanca.

Et surtout elle oublie la présence du Sénat au Casino de Vichy sont présents 245 sénateurs qui n’avaient jamais été favorables au Front populaire! Rappelons que c’est le Sénat qui avait fait chuter le premier gouvernement Blum! Enfin, il faut rappeler que, sur un effectif de 907 députés et sénateurs en 1939, seuls 670 étaient présents à Vichy.

La Chambre des députés de 1940 n’est donc plus celle du Front populaire, mais celle de l’union nationale. Et c’est cette assemblée qui, le 10 juillet 1940, sous le coup du traumatisme de la défaite, vote les pleins pouvoirs à Pétain qu’on se représente alors sous les traits du patriote, du vainqueur de Verdun et du maréchal républicain.
  • Le contexte

Toute cette thèse oublie un des fondamentaux de l’histoire: se remettre dans le contexte. Ni Pétain, ni Hitler ne sont connus comme ils le sont aujourd’hui. L’extermination programmée par Hitler (et qui a déjà commencée) n’est pas connue en France. L’occupation n’a pas encore montré la réalité du pouvoir nazi en France. La collaboration ne commencera réellement qu’à Montoire le 24 octobre 1940.

 

Pétain dira alors :

« C’est dans l’honneur et pour maintenir l’unité de la France que je rentre aujourd’hui dans la voie de la collaboration. ».

Mais en juillet, Pétain jouis d’une excellent réputation en tant qu’ancien héros de guerre et de politique.

Enfin, les parlementaires vivent une période très dangereuse pour eux.

L’entrée des troupes allemandes dans Paris le 14 juin crée une situation d’extrême confusion et d’extrême urgence.

La crainte d’un coup d’état à Vichy fomenté par les troupes du général De Lattre de Tassigny (commandant de la région militaire de Clermont Ferrand) au profit du très réactionnaire Weygand paraît avoir joué un rôle majeur dans le climat d’insécurité vécu par les parlementaires de la mi-juin à la mi-juillet 1940.

Cette insécurité touche évidemment les députés communistes dont le parti est interdit depuis le pacte germano-soviétique.

Les principaux dirigeants socialistes comme Léon Blum (qui va être emprisonné) et Marc Dormoy (qui va être assassiné) vivent également dans un contexte pesant de menaces physiques. Le rôle joué par « la Cagoule » est prépondérant.

Ceci dit, une équipe politique de dirigeants de droite joue consciemment la carte d’un renversement de la République et d’une alliance avec les pays fascistes. Cette équipe s’unit autour de Pierre Laval (vice-président du conseil et leader de la droite) ; elle comprend en particulier Xavier Vallat (vice-président de la fédération républicaine), Jean-Louis Tixier-Vignancour (député des Basses Pyrénées, Croix de feu et camelot du roi) et René Dommange.

Le 4 juillet, Laval déclare devant le Sénat qu’il faut « aligner notre régime politique sur celui du vainqueur » (l’Allemagne nazie). Ce témoignage de Paul Boncour est confirmé par le député radical Manent dans son compte rendu de la venue de Laval devant les députés:

« Pierre Laval nous dit en substance que nous devions nous aligner sur les pays totalitaires ».

 

  • Rappeler les chiffres exacts de ce vote.
Le principal fait marquant, c’est évidemment le vote groupé de la droite en faveur des pleins pouvoirs à Pétain et du fascisme traditionaliste : 77 sénateurs sur 77 et 96 députés sur 97.
Parmi les groupes qui se définissent comme centristes, seulement deux députés républicains de gauche (sur 34) et deux députés démocrates populaires (sur 11) se prononcent contre les pleins pouvoirs.
Parmi les républicains radicaux socialistes, 11% des sénateurs (14 sur 106) et 16% des députés (13 sur 65) se comptent dans l’opposition aux pleins pouvoirs.
En nombre, la principale opposition au projet Laval provient d’élus socialistes SFIO (70% de contre parmi les sénateurs soit 7 sur 10 et 23,8% parmi les députés soit 29 sur 87).
Les parlementaires communistes ont été déchus de leurs mandats en vertu de la loi du 20 janvier 1940 (suite au traité germano-soviétique). Peu auparavant, 13 d’entre eux avaient quitté le parti (d’où leur non déchéance) ; sur les 10 présents au 10 juillet, 3 se prononcent contre le projet Laval et 7 pour.
Trois dernières informations permettent d’éclairer ce vote du 10 juillet :
* Dans un contexte de poussée de haine contre la gauche alimentée par la droite, l’extrême droite, les journaux et un climat de menaces physiques vécu par les parlementaires de gauche, on ne peut être surpris par le nombre important d’absents radicaux (36) et socialistes (26).
* Lors du vote, les abstentions proviennent également de la gauche : 6 députés socialistes, 3 députés radicaux, 7 sénateurs radicaux (plus 1 député républicain de gauche et 1 sénateur Union républicaine)
* Quelque temps auparavant, le gouvernement avait envisagé la possibilité d’un transfert des élus vers l’Afrique du Nord pour poursuivre la lutte. Sur le « Massilia » qui vogue vers l’Algérie ont pris place 1 parlementaire UPF (ex-communiste), 8 socialistes, 12 radicaux et quatre issus de partis de droite.

C’est en tous cas une thèse tout à fait remarquable puisqu’elle entre en contradiction flagrante avec la suivante! En effet, si Pétain a été « nommé » par la gauche, pourquoi faudrait il défendre son bilan? Et pourtant c’est ce que fait l’extrême droite.

 

2) Le régime de Vichy, bouclier de la France

 

Une thèse adjacente à celle ci est que Pétain joua un double jeu avec les nazis.

 

 

En 1954, Robert Aron (Histoire de Vichy) reprend les arguments de la défense de Pétain : il a reçu le pouvoir légitimement, il a servi de  » bouclier « , alors que le général de Gaulle (le glaive) préparait la reprise de la lutte. Aron minimise par ailleurs le rôle de l’État français du maréchal Pétain dans la déportation juive et la collaboration avec l’Allemagne nazie. André François-Poncet reprend la même argumentation lors de son discours d’investiture à l’Académie Française où il repris le fauteuil de Pétain.

Si Aron et François Poncet usent de ce discours, celui ci semble avoir été populaire dans les années 1940 en France et disparu vers 1942 lors de l’invasion de la zone sud.

Mais cette thèse est connue surtout par le discours de Pétain et de certains de ses affidés lors de leur procès. [Pierre Laborie, Le Chagrin et le venin, Paris : Bayard, 2011, p. 156, note 61.]

Et si elle est encore connue, c’est qu’elle a servi tout le long de la deuxième moitié du 20ème siècle comme défense rhétorique à l’extrême droite!

Initialement utilisé comme une stratégie judiciaire, le discours autour d’un « Vichy résistant » trouve un écho immédiat dans les publications d’extrême droite. Il porte tout d’abord sur la défense de la légalité du régime de Vichy et trouve son aboutissement dans la thèse du « glaive et du bouclier de la France », soutenue par le Colonel Rémy en avril 1950, lors des premiers débats parlementaires sur la loi d’amnistie, dans un article intitulé « La justice et l’opprobre », paru dans Paroles Françaises (qui soutient l’amnistie depuis 1947). Il rapporte que le Général de Gaulle lui aurait confié en 1947 qu’en 1940, il fallait que la France eut deux cordes à son arc, « la corde Pétain aussi bien que la corde De Gaulle ». Cette déclaration est réfutée par Charles de Gaulle, ce qui entraîne la rupture de Rémy avec le RPF. Cet argumentaire n’est cependant pas issu des arènes judiciaires, mais plutôt d’une série d’énonciations rendues possibles par la crise politique de la Libération. Produit des discours ordinaires sur les possibles, des tentatives de compréhension d’une période caractérisée, entre autres, par une perte de repères, il ne se trouvera discrédité qu’à partir de la stabilisation de l’histoire officielle de l’Occupation.

Ces discours sur la légalité du régime se doublent d’une dénonciation de l’épuration comprenant d’une part une critique des institutions judiciaires et, d’autre part, l’élaboration d’une histoire révisionniste et falsifiée de la Seconde Guerre mondiale, l’Occupation et l’épuration.

Le Bouclier et le Glaive

Et pour conclure sur le sujet elle est COMPLÈTEMENT battue en brèche par la réalité des archives historiques:

  • E Jäckel, La France dans l’Europe d’Hitler, trad française 1968.

A partir des archives allemandes, il montre qu’il n’y a pas eu de double jeu. Hitler est médiocrement intéressé par les offres répétées de collaboration. Vichy est demandeur dès 1940, dans le cadre d’une collaboration d’Etat plus intéressée qu’idéologique (obtenir un adoucissement des conditions d’armistice et une place meilleure en Europe quand les nazis auront gagné la guerre)

  • R Paxton La France de Vichy, trad 1973

Vichy n’est pas une excroissance allemande. Vichy a un projet propre de revanche sur le Front populaire et sur la République. C’est la  » révolution nationale « .
Les Français ont montré une large apathie, ils se sont comportés comme des collaborateurs passifs qui ont préféré continuer leur travail plutôt que de s’exposer au danger.
L’opinion évolue au printemps 1943, avec l’occupation totale du pays depuis novembre 1942, avec le STO. Les Français ne deviennent gaullistes que fin 1943, début 1944.

Derrière un discours officiel de rassemblement, ce régime pratique la répression et l’exclusion. Il nie la République et les principes de 1789, il persécute les juifs et les francs-maçons, il se méfie des instituteurs. Les études récentes confirment les analyses de Paxton sur ce point.

La répression par Vichy tient à un projet autonome [Denis Pechanski, Vichy 1940-1944 – Contrôle et exclusion, ed Complexe) Les Allemands n’ont rien imposé en 1940-1941. Les mesures antisémites prises sur les deux zones par Vichy vont au-delà de celles prises par les Allemands en zone occupée. La chasse aux militants communistes est plus vive en zone sud qu’en zone nord.

Après 1942, la répression allemande prend appui sur les mesures de Vichy, et sur l’évolution vers le fascisme du régime à partir de 1943.

En 2010 un document annoté de la main de Pétain confirme totalement les thèses de Paxton:

Ce document inédit comporte les annotations aux crayons à papier écrites par Philippe Pétain, établissant son rôle déterminant dans la rédaction de ce statut.

« Aujourd’hui, un texte officiel prouve que Pétain est intervenu dans la rédaction du statut des juifs. Pour les historiens, ce texte est important car il tranche ce débat », explique à France 24.com l’historien Jean-Pierre Azema, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale et plus spécialement de la France de Vichy et de la Résistance.

En effet, les historiens ne pouvaient jusqu’alors se référer qu’au seul témoignage de Paul Baudouin, ancien ministre des Affaires étrangères sous Vichy. Dans « Neuf mois au gouvernement », un ouvrage publié en 1946, il écrivait que, lors du Conseil des ministres du 1er octobre 1940, le gouvernement avait étudié « pendant plus de deux heures le statut des Israélites. C’est le maréchal qui se montre le plus sévère. Il insiste en particulier pour que la justice et l’enseignement ne contiennent aucun juif ».

On rappellera enfin que De Gaulle a nié cette théorie du « glaive et du bouclier ».

 

3) François Mitterrand

En cette année d’élection, la propagande de l’extrême droite refleuri sur le rôle de Mitterrand pendant la collaboration en maltraitant l’histoire.

 

Encore une fois, la propagande « oublie » deux données historiographiques: la remise dans le contexte et la chronologie des faits.

En effet, Mitterrand reçoit bien des mains de Pétain la Francisque en avril 1943. Contrairement à ce que prétend l’extrême droite il ne faut pas demander cette décoration pour l’obtenir. La distinction est attribuée soit directement par le chef de l’État, soit par le « Conseil de la Francisque » composé de douze membres, nommé par le chef de l’État et présidé par le grand chancelier de la Légion d’honneur (fonction occupée de 1940 à 1944 par le général Charles Brécard).

Mitterrand a effectivement eu des opinions d’extrême droite avant la guerre. Fascisantes et racistes même.

À partir de novembre 1934, François Mitterrand milite pendant plus d’un an aux Volontaires nationaux, mouvement de jeunesse de la droite nationaliste des Croix-de-feu du colonel de La Rocque. Porté par un courant très anticommuniste, il adhère à ce mouvement jusqu’à la dissolution des ligues. Il participe aux manifestations contre « l’invasion métèque » en février 1935 puis à celles contre le professeur de droit Gaston Jèze, après la nomination de ce dernier comme conseiller juridique du Négus d’Éthiopie, en janvier 1936. Il cultive par la suite des relations d’amitiés ou de famille avec des membres de la Cagoule. Il est un temps critique littéraire et écrit sur la société contemporaine et la politique dans la Revue Montalembert et dans le quotidien L’Écho de Paris d’Henri de Kérillis, proche du Parti social français. Il y écrit notamment un article regrettant que le Quartier latin se soit laissé envahir par le « dehors « .:

« Désormais, le quartier Latin est ce complexe de couleurs et de sons si désaccordés qu’on a l’impression de retrouver cette tour de Babel à laquelle nous ne voulions pas croire ».

Mais l’évolution pointe le bout de son nez. Il publie le , un compte-rendu de la conférence donnée par Marcel Griaule sur l’Éthiopie, concluant notamment qu’:

« Il est toujours utile de connaître l’histoire de peuples si particuliers, et, en même temps, si pareils aux autres, car, au fond, ce n’est pas la couleur de la peau ou la forme des cheveux qui ont donné quelque valeur aux âmes ».

Il se serait aussi inquiété de l’expansionnisme nazi lors de l’Anschluss dans l’un de ses articles [Article publié par la Revue Montalembert, reproduit dans « François Mitterrand, Politique » I, éd. Fayard, 1977, p. 11/14.]  Il rencontre Georges Dayan (juif et socialiste) pendant son service militaire en 1937, après l’avoir sauvé d’agressions d’antisémites de l’Action française et devient son meilleur ami. [Jean Lacouture, « Mitterrand, une histoire de Français », éd. du Seuil, « Points », p. 46/48]. Il est fait prisonnier par les allemand en 1940 et confiné dans un stalag pendant 18 mois. Il tentera sans succès de s’échapper deux fois de ce camps. La troisième sera la bonne.

En janvier 1942, bien que recherché par les Allemands en tant qu’évadé, après un séjour chez les Levy-Despas à Saint-Tropez, il travaille à la Légion française des combattants et des volontaires de la révolution nationale en tant que contractuel du gouvernement de Vichy puis, à partir de juin, au Commissariat au reclassement des prisonniers de guerre, où il est chargé des relations avec la presse et où il favorisa la fourniture de faux-papiers pour aider les évasions40. En juin 1942, il participe à des réunions au château de Montmaur, où sont jetées les premières bases de son réseau de Résistance41. C’est Antoine Mauduit, ancien prisonnier de guerre arrivé à Vichy en mai, qui fut à l’origine de ce rassemblement de Montmaur baptisé « la Chaîne », ouvert à des résistants de tendances et origines diverses42.
Le , François Mitterrand est reçu par le maréchal Pétain, avec plusieurs responsables du Comité d’entraide aux prisonniers rapatriés de l’Allier. Le , en représailles à l’invasion par les Alliés de l’Afrique du Nord trois jours plus tôt, les Allemands envahirent la zone libre: Le mythe de Pétain, « le bouclier » protégeant la France, vola en éclats, seule « l’épée » (la Résistance) demeurait. Cet événement allait inciter Mitterrand à s’engager plus fermement dans la Résistance aux dépens du gouvernement de Vichy43.
En janvier 1943, Mitterrand démissionne du Commissariat, à la suite du remplacement du vichysto-résistant Maurice Pinot par André Masson, un partisan de la collaboration. Il conserve cependant un poste à la tête des centres d’entraides. Il se met également en relation avec les Chantiers de jeunesse, une organisation de service national créée par Vichy après l’armistice, et avec les Compagnons de France, une association essentiellement destinée aux adolescents43.
Au cours des réunions de février 1943 à Montmaur avec les membres de « la Chaîne »44, Mitterrand fait valoir ses arguments donnant priorité aux anciens prisonniers, en l’occurrence empêcher leur récupération par Pierre Laval, s’opposant ainsi à Michel Cailliau (le neveu du général De Gaulle), partisan d’une lutte armée immédiate. Le conflit entre les deux hommes persista45.
En février 1943, puis plus tard au printemps, il se rapproche de la puissante Organisation de résistance de l’armée (ORA), en cours de formation. Il commence à prendre Morland comme pseudonyme, nom emprunté à la station de métro Sully-Morland, technique utilisée par les cagoulards46. Il utilisera aussi les noms de code Purgon, Monnier, Laroche, capitaine François, Arnaud et Albre. Il cofonde le Rassemblement national des prisonniers de guerre avec Maurice Pinot financé par l’ORA.
Plusieurs membres du réseau Mitterrand-Pinot sont, en pratique, membres de l’ORA. François Mitterrand lui-même est considéré par le service Action de l’organisation comme un de ses membres. Plusieurs actions sont décidées en commun entre des dirigeants de l’ORA et des dirigeants du RNPG et exécutées par des militants des deux mouvements47.
En mars 1943, Mitterrand rencontre Henri Frenay et le convainc de travailler avec lui. Grâce à Frenay, la Résistance intérieure soutient François Mitterrand contre Michel Cailliau48. Mitterrand se retrouve ainsi au coeur d’un réseau d’influence qui comprenait l’ORA, Maurice Pinot et ses partisans, les Chantiers, les Compagnons, et les centres d’entraide, tandis que Michel Cailliau, en rupture avec « la Chaîne » de Montmaur, lance son propre réseau appelé le Mouvement de Résistance des prisonniers de guerre et des déportés (M.R.P.G.D.)49.
Cependant, la date du 28 mai 1943, lors de sa rencontre avec le gaulliste Philippe Dechartre a été considérée comme le moment de sa rupture définitive avec ses anciens protecteurs de Vichy[réf. nécessaire]. Selon Philippe Dechartre, la rencontre du 28 mai 1943, fut organisée car : « il y avait trois mouvements [de Résistance :] […] le mouvement gaulliste, le mouvement communiste et un mouvement né des Centres d’entraide […] donc on m’a confié [à Philippe Dechartre] la mission de préparer ce qu’on appellerait ensuite la fusion [des trois mouvements]. »50
Au printemps 1943, parrainé par deux membres de la Cagoule (Gabriel Jeantet, membre du cabinet du maréchal Pétain, et Simon Arbellot), et après l’instruction de son dossier par Paul Racine, il est décoré de l’ordre de la Francisque51,52 par le maréchal Pétain : il est le récipiendaire no 2202, délégué du Service national des prisonniers de guerre53,54.
Selon le socialiste Jean Pierre-Bloch, chef de la section non militaire du Bureau central de renseignements et d’action à l’époque, « c’était sur notre ordre que François Mitterrand était resté dans les services de prisonniers de Vichy. Lorsqu’il a été proposé pour la francisque, nous avons parfaitement été tenus au courant ; nous lui avions conseillé d’accepter cette “distinction” pour ne pas se dévoiler. »55. Pour lui comme d’autres résistants qui travaillent pour Vichy, comme Bernard de Chalvron, Raymond Marcellin ou encore Maurice Couve de Murville, accepter cette distinction constitue une couverture idéale56.

L’implication de Mitterrand dans la résistance date donc formellement de juin 42. Cette date est importante pour beaucoup de français:

Dans un premier temps, beaucoup de Français font confiance à Pétain car ils restent persuadés que le maréchal mène un double jeu et attend juste l’occasion de voir tourner le vent pour les Allemands et de rejoindre le camp des alliés. Mais, lorsqu’en novembre 1942 les alliés débarquent en Afrique du Nord, Hitler décide de faire envahir la zone sud en forme de représailles ; les Français s’attendent alors à un revirement de situation de la part du maréchal qui est toujours le chef de l’armée Vichyste notamment dans les colonies… Mais ce dernier ordonnera finalement à ses troupes d’attaquer les alliés dans les territoires qu’ils occupent en Afrique du Nord : cette action va faire perdre à Pétain beaucoup de sa popularité dans le cœur des Français car beaucoup de proches collaborateurs du maréchal sont passés dans le camp allié suite à cet événement. C’est le cas des principaux amiraux de la marine française qui font saborder une grande partie de la flotte pour éviter sa capture par les Allemands.Cette fin d’année 1942 marque un véritable tournant pour Pétain qui n’est désormais plus populaire chez les Français puisqu’il ne dirige presque plus rien depuis que l’Allemagne administre totalement la zone sud et que les alliés et la France Libre occupent les colonies.

Juin 1942

Quand à l’obtention de la Francisque elle est un acte de résistance, aussi difficile que ce soit à le comprendre.

Selon Jean Pierre-Bloch, chef de la section non militaire du Bureau central de renseignements et d’action à l’époque :

« C’était sur notre ordre que François Mitterrand était resté dans les services de prisonniers de Vichy. Lorsqu’il avait été proposé pour la francisque, nous avions été parfaitement tenus au courant ; nous lui avions conseillé d’accepter cette “distinction” pour ne pas se dévoiler. La calomnie sert toujours ; vingt-cinq ans plus tard, on ressortira les mêmes arguments au cours de la campagne présidentielle [qu’à Londres et Alger en 1943 et 1944]. Les services gaullistes ont de la suite dans les idées. […] Mitterrand fut même proposé pour être compagnon de la Libération, mais les titres de Résistance n’ont quelquefois rien à voir avec cette décoration. Ni résistants ni combattants, on trouve sur le Livre d’or des Compagnons de la Libération les noms de héros qui n’ont jamais quitté leur bureau de Londres. On l’a donné à quelques hommes de gauche, mais ils se comptent sur les doigts. Même Gaston Defferre, qui fut chef de réseau, n’est pas Compagnon de la Libération, et combien d’autres, tout comme François Mitterrand, l’auraient mérité cent fois et pourtant ne l’ont jamais eu. »
éd. La Table ronde, 1969, p. 216 et suiv.

Ce rappel de l’obtention de la Francisque par Mitterrand est une constante de la rhétorique de l’extrême droite. Bizarrement elle « oublie », certains récipiendaires:

  • Le pasteur protestant Marc Boegner (proche de Pétain, il sauva des milliers de Juifs. Il a ensuite été nommé « Juste » par Israël.) ;
  • Jean Tollinchi, haut-fonctionnaire à Montpellier au service des questions juives (il sauva de nombreux juifs en déclarant non juifs des juifs, et en faisant passer des lettres de la Résistance sous le timbre du Gouvernement de Vichy – à la Libération, plusieurs familles juives témoignèrent de son action),

Des résistants comme Couve de Murville, Bernard de Chalvron, Raymond Marcellin.

Mais aussi des gens qui devraient rendre l’extrême droite plus…modeste dans ses accusations de collaboration.

  • Jean-Louis Tixier-Vignancour, candidat à l’élection présidentielle en 1965 et dont le directeur de campagne fut Jean Marie le Pen…
  • Jacques Ploncard d’Assac père de l’essayiste fascisant Philippe Ploncard d’Assac
  • Charles Maurras
  • Jean Madiran, écrivain et soutien du FN…

Et ce n’est pas tout, mais nous reviendrons dessus dans la sixième et dernière partie.

4) La gauche « mère de la collaboration »?

C’est Zemmour qui lança la mode à l’extrême droite.

Qu’en est il réellement?

L’essentiel de l’argumentation de ce sophisme est résumé par « la gauche collaborationniste vient des pacifistes ». Ce qui est vrai. Mais les sites fascisants ajoutent ensuite des accusations sur ces même pacifistes qui ignorent, à nouveau, ce qu’ils savaient à l’époque d’Hitler et du régime de Vichy. C’est ensuite ignorer totalement le terrifiant traumatisme que fût la grande guerre dans les générations suivantes que l’on peut résumer par cette terrible phrase de Jean Giono (qui a certes été passif, mais n’a jamais été actif dans la collaboration), :

« Mieux vaut être un Allemand vivant, qu’un Français mort « 

Suite aux différentes publications absurdes et révisionnistes de l’extrême droite, nous avons donc constitué deux petites listes (sans volonté d’exhaustivité) de collaborationnistes connus. La première est la liste des participants au gouvernement de Vichy, la deuxième aux membres influents proches et connus du régime de Vichy. On s’aperçoit de suite que la majorité provient de la droite et de l’extrême droite. Les  » fameux  collaborateurs de gauche » sont soit partis d’eux-mêmes de leur parti d’origine ou bien ont été exclus par leur parti d’origine plusieurs années, voire des décennies avant la période Vichyste (hors quelques rares exceptions mais dont vous conviendrez que les noms ne sont guère connus).

Doit on encore les considérer comme « personnalités de gauche », quand leurs opinions, leurs écrits sont si dissemblables? Et que leurs anciens alliés politiques leurs ont tourné le dos?
Ou bien doit on encore considérer par parabole historique Engelman comme gauchiste? Ou François Meunier comme membre du parti de gauche alors qu’il l’a quitté?

Nous mettons ces deux listes en lien afin de ne pas alourdir le texte:

En effet, autour de Pétain gravitent des éléments disparates dont le dénominateur commun est l’hostilité envers la IIIème République : militants de l’Action française pour qui la chute de la « gueuse » a été selon l’expression de Charles Maurras, une « divine surprise » ; adeptes des thèses de Salazar, Mussolini, Hitler ; cléricaux traditionalistes soucieux de rechristianiser la France ; industriels hantés par le souvenir de 1936 ; technocrates et fonctionnaires zélés méprisants à l’égard du jeu politique des partis ; syndicalistes pacifistes tentés par le corporatisme. Bien qu’un certain nombre de notables de gauche se soient ralliés également, c’est dans l’ensemble une véritable union des droites qui se réalise autour de Pétain.

CEPENDANT, nous n’occulterons pas le fait que certains travaux ont montré que « la gauche » marquée par des clivages à l’époque, incompréhensibles aujourd’hui a donné une partie de ses effectifs à la collaboration. Les livres de Simon Epstein en sont la preuve manifeste.
CEPENDANT l’affirmation que les travaux d’Epstein soient révolutionnaires est une contre vérité. En effet, les travaux de Paxton et de Rémond (ainsi que d’autres historiens) montrent dès les années 80 ce clivage!

Paxton a montré que les « hommes de Vichy » se recrutent parmi les notables de la IIIème République et dépeint un régime éclectique dans ses fondements idéologiques comme l’est l’extrême droite en général! Comme aujourd’hui, le fascisme mêle un fond ultra réactionnaire avec parfois des positions sociales qui ont pu séduire certains hommes de gauche. A ce moment là la IIIème république souffre d’une instabilité et d’une corruption grandissante et déjà à cette époque le fascisme se présente comme un gouvernement stable et sans corruption. Quand aux mesures sociétales elles semblent séduisantes surtout après la présentation des résultats de la lutte contre le chômage, la pauvreté de Mussolini, d’Hitler et de tous les dirigeants fascisants de l’époque! Rappelons nous que la crise de 29 fait des ravages et n’a trouvé que deux issues: le fascisme ou le keynésianisme.
Enfin les monstruosités des régimes fascistes/hitlériens ne sont pas très connus ou très mal. (Comme le seront les crimes du stalinisme après guerre).

N’oublions pas que les démocraties du monde entier ont des yeux de Chimène pour ces deux idéologies:

 

Ce qui -BIEN ENTENDU- n’excuse pas, mais tend à apporter un contexte indispensable pour comprendre. 

Dans tous les cas, on voit bien qu’il existe sur les pages d’extrême droite une virulente propagande concernant la collaboration de certains hommes de gauche. Celui ci est donc sensible. En effet, nul opposant au fn n’a jamais manqué de rappeler les origines idéologiques de l’extrême droite. Celle-ci tente actuellement de refaire l’histoire par de pathétiques phrases qui ne font que se retourner contre elle.

On peut citer à cet effet ; le slogan  de JM Le Pen :

« ni droite, ni gauche, français ».

Et que l’ont trouve sur les autocollants officiels du FN:

Ce slogan fut crée par le créateur Parti populaire français, Jacques Doriot lui-même…

Ou bien le symbole du FN, récemment remplacé par la dirigeante le pen du moment:

Flamme tricolore, copie quasi conforme de la flamme du MSI, parti fasciste Italien. Le FN tente aujourd’hui de faire oublier ses pères idéologiques, et tente de maquiller la vérité.

C’est devenu une entreprise dénommée « dédiabolisation« …

 

5) Les communistes résistants en 1942

Dans le même esprit, il faut déconsidérer ses opposants idéologiques actuels en flétrissant leurs « ancêtres idéologiques ». C’est pourquoi on trouve régulièrement sur la fachosphère des allusions au soit disant fait historique que la « résistance communiste » n’aurait commencé qu’après le 22 juin 1941 après le début de l’opération « Barbarossa ».

C’est quelque chose qui est devenu tellement ancré dans les têtes des sympathisants d’extrême droite que certains en commettent des contresens politico-historiques gravissimes, voire même provoquer un gloubi boulga idéologique et historique:

Rappelons certains faits.

Le Parti communiste a été dissous en septembre 1939, après la conclusion du pacte germano-soviétique ; depuis, l’appareil du parti survit dans la clandestinité.

Le 17 juin 1940, soit un jour avant l’appel du général de Gaulle, Charles Tillon, chargé de réorganiser le Parti Communiste dans le sud-ouest, lance un appel à la résistance contre « le fascisme hitlérien » :

« M[…] ais le peuple français ne veut pas de l’esclavage, de la misère et du fascisme, pas plus qu’il n’a voulu la guerre des capitalistes. Il est le nombre, uni, il sera la force… – Pour un gouvernement populaire, libérant les travailleurs, rétablissant la légalité du Parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien. Peuple des usines, des champs, des magasins et des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins et aviateurs encore sous les armes, unissez-vous dans l’action. « 

La littérature communiste de Bordeaux se distingue de celle diffusée à Paris par un appel explicite à la lutte contre l’occupant fasciste. En Bretagne, le communiste Auguste Havez (ancien secrétaire du groupe parlementaire communiste à la Chambre des députés) sera encore plus percutant, le 22 juin 1940 :

 » […] Il n’y aura pas de répit avant d’avoir bouté les bottes hitlériennes hors de notre pays […] « 

Les communistes installent, à partir de juillet 1940, dans de nombreuses usines, des comités populaires dans le but d’obtenir de meilleures conditions de travail et des augmentations de salaires, de lutter contre les restrictions et de combattre l’influence des syndicats à la solde de Vichy. Ces comités donnent naissance, dans certaines entreprises, dès la fin 1940, à des groupes de destructions et de sabotages

En octobre 1940, le PCF met en place l’Organisation spéciale qui a pour but la protection des militants (colleurs d’affiches, distributeurs de tracts, militants qui prennent la parole dans les files de ménagères, sur les marchés), l’organisation d’actions de sabotage du matériel de guerre allemand, des câbles téléphoniques, la collecte des armes, la manipulation d’explosifs, etc.

Le PCF participe avec d’autres mouvements à la première grande manifestation antinazie le 11 novembre 1940 à Paris.

 

Le communiste Georges Guingouin forme plusieurs petits groupes à partir de 1940 puis joue un rôle important dans la formation du maquis du Limousin en 1942-1943.

Fin mai-début juin 1941, le PCF organise, dans le Nord et le Pas-de-Calais une grève qui rassemble 100 000 mineurs et prive les nazis d’une partie du charbon produit. Plus de 200 mineurs sont déportés.

Le 15 mai 1941, le PCF lance un appel à la constitution d’un Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France. L’expérience de la clandestinité donne alors aux communistes une longueur d’avance sur les autres mouvements. Cependant les moyens militaires des communistes sont encore très faibles, notamment à cause du refus du BCRA de lui remettre des armes.

En août 1941, le communiste Pierre Georges dit le « Colonel Fabien » commet le premier attentat symbolique contre un officier allemand, qui marque en quelque sorte le début de la Résistance armée de leur part. Les communistes développent rapidement un mouvement de résistance armée, les Francs-tireurs et partisans français (FTPF), dirigé par Charles Tillon. Ouverts aux non-communistes, les FTPF restent néanmoins toujours sous contrôle communiste. Il en est de même du Front national, créé par le PCF en mai 1941, mouvement de résistance politique, organisé par profession, devenu l’un des plus gros mouvements de Résistance, voire le plus gros mouvement de la Résistance française.

Nous sommes en 1940. Marcel Delattre, jeune militant, est arrêté à Bègles (Gironde) suite à une distribution de tracts du Parti communiste clandestin. Interné au camp de Mérignac, il est fusillé le 21 octobre 1941 au camp de Souge. 148 communistes sont arrêtés dans la région bordelaise le 22 novembre 1940. La plupart seront fusillés… Jean Lemoine vit à Romainville (Seine-Saint-Denis). Le 26 avril 1941, il y est interpellé par des policiers français pour « activités de propagande communiste ». Il est condamné à dix ans de travaux forcés, transféré à la prison de Caen (Calvados). Le 11 mai 1942, il est désigné pour faire partie du contingent d’otages exécutés en représailles d’une action de la Résistance en Seine-Maritime. Recherché pour « menées communistes » et pour avoir participé à la grande grève des 100 000 mineurs du Nord et Pas-de-Calais de mai-juin 1941, Léon Bailleux est fusillé le 14 avril 1942 au fort du Vert-Galant, à Wambrechies (Pas-de-Calais). Ouvrier tourneur chez Hispano-Suiza, Georges Vigor est interpellé à son domicile le 20 janvier 1941 par des policiers de Gentilly (Val-de-Marne), étant considéré comme un « meneur très actif et dangereux ». Fin septembre 1940, la mairie avait informé le commissariat que l’ouvrier était susceptible de s’occuper d’impression et de distribution de tracts communistes clandestins. Il est fusillé le 15 décembre 1941 à Châteaubriant (Loire-Atlantique).

Que dire de plus? Ces actions, sont la preuve de la fausseté de cette affirmation relevant uniquement de la propagande.

 

6) Le FN nid de résistant?

Enfin nous voudrions, pour conclure, nous attarder sur un point mineur mais finalement révélateur et presque amusant. Certains sites de la fachosphère n’hésite plus dans leur confusionnisme à affirmer que le FN était issu « de la résistance ». On passera sur la grossière erreur de certains à confondre le « Front national » de la résistance communiste avec le FN actuel…

Nous voudrions d’abord rappeler ceci:

Ceci étant dit. Voici la liste des « résistants du FN » qui apparaît régulièrement sur les sites d’extrême droite:

 

Cette liste a une histoire pour le moins curieuse car suite à notre recherche elle ne provient pas du tout d’un site officiel du fn mais… sur le forum « Doctissimo » en 2010, curieuse référence!

Plusieurs soucis se posent dans cette liste.

  • Certains sont de parfaits inconnus, difficile de savoir si ils ont réellement existé.
  • Si certaines informations paraissent juste, dans la même veine on ne peut savoir si toutes ces personnes ont bien « appartenu » au fn…
  • Idem pour les décorations
  • Enfin certaines « informations » ont été soigneusement « oubliées » par l’auteur de cette liste.

Nous avons repris l’entièreté de la liste en ajoutant certaines informations intéressantes quand nous en avons trouvé (en rouge). Comme précédemment nous hébergeons le document pour ne pas alourdir ce texte.

Voici la liste présentée par des sites fascisants.

En consultant cette liste vous pourrez voir que ce qui unis certaines de ces personnes, c’est leur appartenance à l’Action Française (encore) et/ou à l’OAS.

Conclusion : l’extrême droite n’a pas de leçons à donner sur la collaboration

Du faux, du vrai donc dans toutes ses assertions de l’extrême droite. Beaucoup de faux et peu de vrai tout de même et certains faits qui mériteraient d’être précisés/complétés. En tous cas au vu de l’importance que prend l’histoire de la collaboration sur les sites d’extrême droite, il nous semblait important d’être mieux informé sur ce sujet afin de mieux les contrer, but premier de notre association.

Debunked !!!

POUR EN SAVOIR PLUS:

Les sites de résistance historiographique:

Les mythes fondateurs de l’extrême droite:

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