13 octobre 2014 | Temps de lecture : 4 minutes

NON la fraude à la carte vitale est limitée!

Une page nouvelle et bien ridicule, nous donne l’exemple en matière de fausses croyances de l’extrême droite sur les fraudes à la « carte vitale »:

hoax fraude à la carte vitale
hoax fraude à la carte vitale

 

C’est un sujet régulièrement abordé par les caciques du fn et pourtant démontés plusieurs fois.
Tout d’abord le le pen prétendent que « 10 millions de carte vitale » se promènent en toute liberté et servent à la fraude.
Sauf que:

 

Si Marine Le Pen compte sur cette solution pour réaliser des économies, elle risque d’être déçue. Car l’essentiel des cartes dont elle parle… ont déjà été désactivées ou détruites. Le chiffre de 10 millions existe bien, mais il date de 2004. Et faire comme si rien ne s’était passé depuis relève, au mieux, de l’ignorance. Ce rapport de 2004, réalisé par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), ne parlait d’ailleurs pas de fausses cartes Vitale mais des «cartes Vitale en surnombre» – aucune carte Vitale falsifiée n’a jamais été identifiée par l’Assurance maladie. Ce surnombre était une conséquence des règles mises en place lors du lancement de la carte en 1998 : un changement de situation ou de région entraînait la production d’une nouvelle carte sans restitution obligatoire de l’ancienne. Mais le rapport de l’Igas soulignait déjà que, si les «risques théoriques de fraude» étaient élevés, les «risques réels sont limités : les cartes Vitale non récupérées sont rarement utilisées». Et insistait sur la fragilité du chiffre de 10 millions, considéré comme une estimation.
C’est pourtant sur cette base datée que le Front national s’est livré à ses calculs, résumé dans un mail qu’il nous a fait parvenir : «Parce que nous ne considérons pas que ces 10 millions de cartes Vitale en surnombre font toutes l’objet de fraude […], nous avons fait une estimation volontairement basse, même très basse, des gains occasionnés par une désactivation de ces cartes en circulation : 1 milliard d’euros, ce qui correspond à une dépense moyenne annuelle de 100 euros par carte.» Bref, une estimation à la louche, sans source précise.

Et le souci, c’est que, peu démentie sur le sujet (faut dire nos journalistes sont tellement bons…) elle continue depuis trois ans à nous chanter la même sérénade alors qu’elle est fausse:

 

Il faut dire que depuis 2004, date à laquelle ce chiffre est apparu dans un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), les choses ont bien changé. Sur les cartes vitales, on trouve désormais une photo et des listes d’opposition ont été mises en place en cas de perte ou de vol. Bref, le chiffre cité par Marine Le Pen a pris un bon coup de vieux.

 

Mais dans les faits, les fraudes sont assez limitées. 250.000 cartes déclarées volées ou perdues ont été utilisées par la suite d’après le décompte de l’IGS en 2004. C’est beaucoup, mais le chiffre relativise les « 10 millions de fausses cartes Vitale » qui entraînent « une fraude sociale massive« .

 

Et lorsque l’on regarde QUI fraude réellement, les chiffres et explications avancés par « l’oeil de la honte » (honte de mentir à longueur de journée surement) s’avèrent légèrement différents:

 

Les professionnels de santé parmi les principaux fraudeurs

Parmi les professionnels de santé libéraux, l’Assurance maladie a détecté un préjudice de 17,3 millions d’euros par les seuls infirmiers. « Les prestations fictives, facturations multiples frauduleuses constituent à elles seules plus de la moitié du préjudice subi par l’Assurance maladie du fait des manquements de ces infirmiers », indique ce rapport.

Suivent les transporteurs sanitaires avec principalement le non-respect des règles de facturation. Préjudice,12,7 millions d’euros.

Les médecins généralistes et spécialistes sont quant à eux à l’origine d’un préjudice financier de 7,4 millions d’euros (fraudes à la nomenclature surtout), les chirurgiens-dentistes pour 3,3 millions d’euros et les pharmaciens 2,8 millions. Enfin les masseurs-kinésithérapeutes ont fraudé à hauteur de 2,1 millions d’euros de préjudice.

L’Assurance maladie a également repéré 57,5 millions d’euros de fraudes et sommes indues dans les hôpitaux et cliniques, en grande partie en raison de surfacturation d’actes.

La fraude des assurés serait très limitée

La fraude imputable aux assurés (triche pour obtenir la CMU ou la pension d’invalidité, usage frauduleux de la carte Vitale, fraudes aux indemnités journalières pendant l’arrêt de travail…) s’élève quant à elle à 16,5 millions d’euros.

 

Et pourquoi donc? Et bien parce qu’il est assez difficile de frauder avec une carte vitale au demeurant, du fait même de la quantité d’informations contenues sur celles ci:

 

En 2009, les médecins peuvent consulter en ligne les douze derniers mois des seules prestations remboursées par l’assurance maladie. Les médicaments non remboursés (pilules contraceptives, médicaments conseils) ainsi que ceux dispensés par les pharmacies hospitalières ne sont pas disponibles. Cette consultation nécessite la présence conjointe de la Carte de Professionnel de Santé (CPS) et de la carte Vitale du patient. L’accord explicite du patient est présumé consenti par le fait qu’il donne sa carte Vitale au médecin, à charge pour ce dernier de lui expliquer qu’il s’en sert, non pas pour ouvrir le dossier médical dans son logiciel métier ou réaliser une feuille de soin électronique mais accéder à cet historique en ligne. Il n’a pas de possibilité de masquage des données dans cet historique.

 

Ce qui explique pourquoi lorsque l’on cherche sur google, les affaires de tentatives d’escroquerie à la carte vitale, on ne tombe pas spécialement sur les affaires de « Mme Bencouscous » (bonjour le cliché raciste de la capture), mais plutôt sur des professionnels de santé « de souche ».
En fait le plus grand risque est l’arnaque au fishing:

http://www.ameli.fr/assures/soins-et-remboursements/comment-etre-rembourse/carte-vitale-attention-aux-courriels-frauduleux.php

 

Petit détail qui a son importance, un assuré remboursé à 100% ne l’est que pour les médicaments concernant UNIQUEMENT sa pathologie pour lequel il est soigné:

La prise en charge à 100 % concerne uniquement les soins et traitements liés à l’Affection de Longue Durée Les soins et traitements liés à d’autres maladies sont remboursés dans les conditions habituelles.

 

EXIT donc la croyance, comme quoi « Mme bencouscous », profitant de son « affection longue durée » (ALD), ouvrant les droits au remboursement à 100% en profiterait pour alimenter gratuitement sa famille et ses amis en médicaments qui n’auraient rien à voir avec son ALD…
CQFD

CONCLUSION:

Une croyance bien rentable pour les zélotes de l’extrême droite qui croient tout et n’importe quoi. Une croyance universellement répandue comme quoi les immigrés profiteraient massivement d’une fraude aux médicaments complètement démentie dans les faits.
Bref « l’oeil de la honte », c’est comme pépé le pen:

« Au royaume des aveugles, les borgnes font führer! »

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