04 novembre 2013 | Temps de lecture : 3 minutes

Mais où sont mes racines? Nashville ou Belleville?

« Médiocrité et Consternation » viens de se fendre d’un article sur « les racines », la généalogie.
C’est beau, c’est noble, et surtout… c’est manipulateur.

 

Passons sur le laïus qui n’a aucun intérêt si ce n’est vous faire comprendre que vous êtes un individu « enraciné », c’est à dire que vous devez fidélité à celles ci.
« Travail, famille, Patrie »… ça ne s’invente pas, et ça ne vieillit pas chez « ces gens là ».

Ce même petit discours sent furieusement le « français de souche », notion qui rappelons n’a aucun sens précis. Ni même aucun sens tout court.
Les explications d’Hervé Le Bras sont particulièrement pertinentes à cet effet:

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quad_0987-1381_1998_num_36_1_1365

 

Hervé Le Bras souligne que:

« la politisation de la question de l’immigration a conduit le Front National à utiliser le terme pour opposer des Français de référence aux Français d’origine étrangère »

 

Par ailleurs, lorsque l’on définit un « Français de souche » comme une personne née en France de parents eux-mêmes nés en France, cela implique que des personnages français de premier plan comme Philippe Séguin ou encore Édouard Balladur sont exclus de cette classification car:

« de nombreux Français sont nés à l’étranger du fait de l’empire colonial. Un comptage dans le Who is who 1997-98 donne par exemple 7 % de naissances à l’étranger »

Hervé Le Bras, Le démon des origines, démographie et extrême droite, Éditions de l’Aube, 1998,pp.209-210.

 

Même si en 1991 l’Institut national d’études démographiques (INED) réutilise le terme en lui donnant une définition « a contrario comme résidu subsistant après qu’on ait distingué quatre générations successives d’origine étrangère », l’usage politique de ce terme resterait pour Hervé Le Bras « mal défini ». Selon lui, le choix effectuée par cette étude « suppose en effet que les descendants d’étrangers installés en France depuis 1900 sont encore perçus dans leur étrangeté au même titre que des migrants arrivés en 1985 et donc qu’aucune durée ne résorbera la différence de nationalité initiale ». Selon Hervé Le Bras, la méthode de calcul utilisée par l’OCDE suffirait à calculer l’apport démographique « quelle que soit la nationalité » (calcul sur la mortalité et la fécondité d’une structure d’âge prise en 1901, « date d’un recensement »). Selon Hervé Le Bras, le travail sur les générations est un élément central des théories racistes (p. 91). Pour lui, l’outil démographique et le racisme jouent le même rôle au service du nationalisme, mais la démographie est un outil « plus propre et moins disqualifié que le racisme » (p. 92). L’opinion de Le Bras étant que les Français « descendent tous d’immigrants à un certain horizon temporel », l’étude de l’INED, en mettant une barrière à l’année 1900, empêche de remonter plus loin, et permet donc d’utiliser le terme de Français « de souche ».

 

D’ailleurs, un Français sur trois est d’origine immigrée quand on remonte seulement à deux générations:

http://www.cevipof.com/rtefiles/File/rapp_fi.pdf

https://www.insee.fr/fr/statistiques/3633212

Lorsque l’on remonte plus loin, c’est un quasi mystère.

Exit les belles théories sur le français de souche. Et exit aussi les belles théories sur les « véritables origines ».
Pourquoi?

Et bien tout simplement parce que les études donnent une moyenne de 10% de chance que votre père déclaré…ne soit pas le vrai…
Pourcentage qui augmente selon l’ordre d’arrivée dans la fratrie…

http://metro.over-blog.com/article-699237.html

Muni de ces informations calculez donc désormais le pourcentage de chances qu’un de vos ascendants ne soit qu’un infâme métèque????
Vous avez deux heures.

Alors oui, les « Debunkers » vous conseillent de faire votre arbre généalogique, mais pas pour les foutaises dont vous tartinent les prêcheurs de « Médiocrité et Consternation », mais bien plutôt pour apprendre la relativité des choses.

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