14 juin 2022 | Temps de lecture : 4 minutes

L’imagerie viriliste de Poutine en rappelle d’autres…

Sa Tsaricité Poutine 1er (14)

Depuis que nous écrivons sur le régime de Poutine et la façon dont il est perçu par les fachosphères, nous avons été frappé par un fait: une grande partie de cette iconographie s’est construite sur l’image sportive/virile du nouveau tsar autoproclamé des Russies. Ces images nous en rappelant immédiatement à d’autres plus anciennes. c’est le pourquoi de ce petit article sur une comparaison (qui n’est pas raison) entre deux iconographies de régimes fascistes/autoritaire.

Typologie sommaire de la propagande viriliste fasciste

Depuis Mussolini, on le sait le fascisme se construit -au moins en partie- sur « l’image virile » du leader qui incarne la nation, le peuple. Nous avons décrit dans notre dossier sur « les extrêmes droites », la charpente de la vision organiciste des extrêmes droites (et donc du fascisme).
Le leader représente la nation. Or la nation fasciste se construit dans la guerre. Le chef se doit donc d’être un grand guerrier. Or en temps de paix (relative), comment le leader peut il montrer au peuple ses capacités guerrières -et donc « viriles »- si ce n’est par le sport?

L’Italie mussolinienne a utilisé l’événement sportif à des fins de propagande dès la fin des années vingt. Le Duce lui-même, autoproclamé premier sportif d’Italie, est immortalisé par la presse, tantôt en escrimeur, en motocycliste ou en cavalier, pendant que les hiérarques sautent dans des cerceaux enflammés en espérant être suivis des Italiens. Des stades monumentaux symbolisant la rhétorique fasciste sont construits dans toute la péninsule.

En magnifiant l’image d’un Homme nouveau  au service de la nation, le sport fasciste s’oppose au sport bourgeois, symbole de la réussite individuelle. Ainsi le sportif, tel un soldat, défend l’honneur et le prestige de son pays sur la scène diplomatique internationale… A travers l’activité sportive se cristallise l’idée d’un État nouveau, énergique, antithèse du modèle du gouvernement libéral.

La propagande fasciste, journalistique, cinématographique, immortalise le corps du Duce tantôt en escrimeur, en motocycliste, en cavalier, en skieur ou se baignant dans la mer adriatique lors de ses séjours dans sa résidence secondaire, images apparaissant également dans la presse française du début des années trente  Benito Mussolini déclare pratiquer des exercices physiques tous les jours trente à quarante minutes. La revue le Sport fasciste de septembre 1931 titre : « Le Duce, un athlète » : « En simple costume de bain, le Duce suscite l’admiration des sportifs italiens en laissant apparaître des membres athlétiques sculptés par la pratique disciplinée de la gymnastique, un torse puissant, impatient et prêt à tous les assauts du destin » En réalité, Benito Mussolini se maintient en forme en mangeant peu et en faisant de longues promenades. Bien que son physique soit puissant et apparaisse entretenu, il reste un sportif discret  Par contre le Duce comprend rapidement l’importance de la popularité du sport.

La caractéristique principale de l’idéologie totalitaire (le nazisme, le fascisme et le stalinisme) est le caractère global de sa mission exaltant le combat, la compétition et la motricité, tout en glorifiant l’identité d’un corps, qui s’exprime dans l’obéissance à l’État, au leader et au parti unique. À ceux, qui ne se conformaient pas aux perspectives ou aux normes du pouvoir totalitaire, une autre « excitation » était prescrite : celle des prisons et des camps, qui torturaient le corps et les âmes pour instruire aux déviants et aux nuisibles leur insignifiance et l’inutilité de leurs impulsions. La pratique du sport dans les pays totalitaires a permis le renforcement de l’unité sociale (comparaison, cohésion, émotivité) et la transmission des valeurs d’appartenance à la nation et à l’idéologie.

2. Filiation de la propagande poutinienne

Or de nos jours, Poutine n’est pas en reste pour jouer de cette virilisation du pouvoir chère aux régimes totalitaires fascistes.
Il est partout, sur terre, dans les airs ou les océans.
Il est l’incarnation de l’homme nouveau que voulaient créer les partisans du système soviétique: plus sain, plus fort, plus beau. Une identité qu’il cultive depuis son accession au pouvoir en 2000, Poutine est sur tous les fronts, de préférence dans un espace sauvage qu’il aime à dompter. Ce qui frappe dans ces images, c’est le retour à l’homme primal, autrement dit le chasseur-cueilleur qui exalte son pouvoir de domination sur la nature.
Il se présente comme simple, anti bling bling, le contraire d’un nouveau riche. Et peu importe que beaucoup de sports qu’il pratiquent soient hors de portée de la bourse du russe moyen.

Cette supériorité de l’homme sur la nature, conjuguée à la multiplicité des situations dans lesquelles Poutine est à son avantage, fait passer sa « supériorité » comme une évidence: son pouvoir ne vient pas des urnes ou des gens, il est naturel. C’est dit: Poutine « devrait » avoir de l’ascendant sur les hommes, comme il en a sur le reste de son environnement. Ce processus de naturalisation et d’essentialisation court-circuite le processus démocratique de choix d’une autre personnalité, Ici, la personnalité s’impose d’elle-même, naturellement… presque « divinement ».
C’est pourquoi les images de Poutine se multiplient d’elles mêmes dans diverses activités.
Sportives avant tout.
Et la synchronicité des images du régime poutinien avec celle de Mussolini sur ce sujet est absolument frappante.
Démonstration:

Benito et Vlad à la plage

Splash! 

Les fachos font du ski

Les fachos font du virilisme

Les fachos jouent à la guerre

Duce et Tsar dans les airs

Le chwal, des sensations bien…

Mussolini et Vlad font la course

Mussolini des champs, Poutine des bois

Benito et Mussolini, les amis des zanimaux

Les fachos aiment les arts

CONCLUSION

Voilà ces quelques exemples auront suffit, sans doute, à vous montrer la filiation de l’iconographie poutinienne. Autant dans l’idée que dans la réalisation, les deux se ressemblent jusqu’à l’excès. On peut même en ressentir un certain malaise de voir qu’à 100 de distance, les canons de la propagande fasciste ne changent pas.
Problème, en France aussi, on connait ca.
On avait autrefois les images de Jean-Marie le Pen faisant de la boxe, de la planche à voile, etc…

Son égérie Zemmour a tenté de faire la même chose au tir et en jouant au foot, mais les contingences physiques sont là. Bien entendu cette iconographie traverse la fachosphère, et on voit de loin en loin des fachos boxeurs, survivalistes, etc…L’image grotesque viriliste à de belles années devant elle.
Et malheureusement se répand ailleurs que dans son champs politique originel (toutes proportions gardées bien entendu!!!). Depuis Giscard et son accordéon, jouant au foot pour faire « peuple », l’imagerie du sport à des fins de propagande chez nos politiques a un bel avenir:

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