18 mai 2024 | Temps de lecture : 14 minutes

LES FONDUS DU SATANISME (4): Baal, le billet maléfique et les « juifs khazars »

Satanique, nique, nique, nique…S’en allait tout simplement.

Les « fondus du satanisme » sont de retour avec Baal. Vous connaissez?
Mais si, souvenez vous:

« Ensuite venaient toutes les formes inférieures de la divinité : Baal-Samin, dieu des espaces célestes ; Baal-Peor, dieu des monts sacrés ; Baal-Zeboub, dieu de la corruption, et ceux des pays voisins et des races congénères ; l’Iarbal de la Libye, l’Adrammelech de la Chaldée, le Kijun des Syriens ; Derceto, à figure de vierge, rampait sur ses nageoires, et le cadavre de Tammouz était traîné au milieu d’un catafalque, entre des flambeaux et des chevelures. » Salammbô – Gustave Flaubert

Après Baphomet, Moloch et le nombre « 666« , nous voilà parti pour décrypter ce que les intégristes décrivent dans leurs croyances comme « Baal ».
Adoration de Baal

De façon régulière des complotistes intégristes font des allusions à « Baal ». Et vous le remarquerez, eux semblent toujours savoir de quoi ils parlent, même si tous leurs commentaires ne se recoupent pas exactement. Mais c’est une référence qui reste peu commune contrairement à Baphomet en France.
Baal semble lié à deux références, la reconnaissance et l’argent:

L’un d’entre eux semble le reconnaitre dans un billet de 50 euros:

Le billet maudit

Voilà la vidéo associé pour meilleure compréhension de la chose:

Alors voyons donc qui est Baal historiquement, puis ce qu’en dit la Bible, et enfin le gloubi boulga complotiste qui en tiré avec – SURPRISE! – les juifs et les francs maçons en guest star.

1) Qui est « Baal »?

Le terme Ba’al est un mot répandu dans de nombreuses langues sémitiques occidentales (araméen, phénicien, hébreu, etc.) pour désigner un être supérieur aux autres, respectable, qui peut se traduire par le « seigneur », le « maître », le « propriétaire » ou encore l’« époux ». La forme féminine du nom est Ba’alat ou Ba’alah. Ce mot est à la base un épithète suivi par le nom du dieu lui-même. « Baal Saphon », par exemple, veut dire « Le Seigneur du Saphon » (une montagne située à la frontière Turco Syrienne).
Cet épithète est devenu générique pour désigner le dieu dirigeant, le roi des dieux d’un panthéon à la manière d’un Zeus ou d’un Odin. 

Le terme Ba’al est attesté en lien avec des divinités depuis la période 2500-2300 av. J.-C., dans des tablettes cunéiformes provenant d’Abu Salabikh, de Tell Beydar et d’Ebla.

De fait la pratique consistant à employer le terme « Maître »/« Seigneur » pour composer le nom ou l’appellatif d’une divinité se retrouve dès les époques les plus anciennes. Dans les langues sémitiques orientales de Mésopotamie et de Syrie, variantes de l’akkadien, le terme employé est Bēlu(m), abrégé en Bēl, féminin Bēltu(m), qui désignent de la même manière que Baal et Baalat une grande variété de divinités telles que Bēl gasher le « Seigneur Fort », Bēl matim le « Seigneur du Pays », Bēlet Nippuri(m) la « Dame de Nippur », etc. ; au Ier millénaire av. J.-C. Bēl est souvent employé comme épithète ou autre nom du grand dieu souverain babylonien Marduk.

Vers le milieu du IIe millénaire av. J.-C. au plus tard Ba’al est employé dans certains royaumes de Syrie et du Levant comme le nom propre principal de la divinité suprême du panthéon, donc le « Seigneur » des dieux, dans ces régions en général le dieu de l’Orage et de la Fertilité, normalement appelé Addu, Haddu ou Hadad dans les langues ouest-sémitiques. Cela est notamment documenté à Ugarit. Il ne s’agit donc plus d’un simple appellatif ou d’une épithète, et le terme Haddu sert d’épithète à Ba’al, sous la forme Ba’al Haddu, dans la documentation ugaritique. Il est généralement considéré qu’il s’agit d’une évolution propre à cette période : comme le dieu de l’Orage a le statut de dieu principal, c’est lui qui est le plus couramment appelé Ba’al « Seigneur »/« Maître », et au fil du temps ce surnom devient son nom d’usage commun. Certains spécialistes ont néanmoins proposé que le terme Ba’al soit le nom originel du dieu de l’Orage dans les pays cananéens et que l’emploi des termes Hadad/Haddu se soit fait sous l’influence de la Mésopotamie, où le dieu de l’Orage porte le nom Adad en akkadien.

Quoi qu’il en soit, une dissociation entre les deux est visible dans les premiers siècles du Ier millénaire av. J.-C. : le dieu de l’Orage est alors plutôt désigné par le terme Hadad dans les pays araméens, tandis que dans la sphère phénicienne et cananéenne il est plutôt appelé Ba’al. Les textes bibliques emploient le terme Ba’al pour désigner une divinité spécifique, comme à Ugarit. Cela n’empêche pas pour autant la persistance de l’emploi du nom Ba’al avec diverses épithètes à Ugarit et en Phénicie : à Ugarit il est notamment désigné comme Ba’al d’Ugarit ou Ba’al du (mont) Saphon ; dans les cités phéniciennes on rencontre Ba’al du (mont) Liban, Ba’al de Sidon, Ba’al des Cieux, etc.. Plusieurs noms de lieux sont également composés à partir de son nom, évoqués surtout dans la Bible, et en particulier dans les régions hautes de Canaan (Ba’al-gad, Ba’al-hazor, Ba’al hermon, etc.).

Reste alors à déterminer s’il s’agit de références au dieu Ba’al et à son culte, ou d’une autre divinité portant le titre de « Seigneur »/« Maître », ce qui se fait au cas par cas.

2) Dans la Bible

En tant que divinité majeure de Phénicie et de Canaan, Ba’al a été présent dans les pays d’Israël et de Juda. Cela ressort avant tout des textes de la Bible hébraïque, dans lesquels Ba’al — et parfois même les Ba’als au pluriel (Baalim) — est présenté comme l’idole par excellence, un faux dieu venu de l’extérieur vénéré par des Israélites tombés dans l’erreur, au détriment du dieu unique YHWH, dont il est donc le rival le plus redoutable. C’est de loin la divinité vétéro-testamentaire la plus mentionnée après YHWH ou Elohim, avec près de 90 occurrences. En lisant entre les lignes des discours des rédacteurs des textes bibliques, une autre réalité transparaît : Ba’al était une des principales divinités vénérées dans ces royaumes, dont les habitants sont longtemps restés polythéistes, concurrençant à plusieurs reprises le culte de YHWH (ce qui explique la vigueur des attaques qu’il reçoit), qui s’affirmait alors comme la divinité majeure, tout en l’influençant de manière significative.

La rivalité entre YHWH et Ba’al, relatée dans le Premier Livre des Rois (chapitres 16 à 18), prend place dans le royaume d’Israël sous le règne d’Achab, qui a épousé une princesse originaire de Phénicie (Sidon ou Tyr), Jézabel, sous l’influence de laquelle le culte de Ba’al (peut-être Melqart, le Ba’al de Tyr) tend à devenir dominant. La résistance yahwiste est menée par le prophète Élie, et culmine au chapitre 18 dans son affrontement sur le mont Carmel contre 450 prophètes de Ba’al : il parvient à produire du feu et de la pluie grâce à l’intervention de Yhwh, alors que ses rivaux échouent, ce qui signifie la supériorité de son dieu, et se conclut par la mise à mort des prophètes de Ba’al. Dans le Second Livre des Rois (chapitres 9 et 10), Jézabel et les enfants d’Achab sont finalement renversés par Jéhu et tués, qui massacre également les adeptes de Ba’al et fait de YHWH le dieu du royaume.

Gustave Dore Bible Le Massacre des 450 prophètes de Ba’al

Malgré cette rivalité les similitudes entre Ba’al et YHWH sont fortes, et il est probable que YHWH ait emprunté de nombreux traits du dieu de l’Orage levantin, voire qu’il soit en quelque sorte le « Ba’al d’Israël ». Dans le psaume 104, il est dit qu’il chevauche les nuages, ce qui renvoie à un des titres du Ba’al d’Ugarit, « chevaucheur des nuées ». Le psaume 29 le présente comme le maître des eaux et de la nature, un jeune bœuf, ce qui le rapproche là encore des aspects de Ba’al. La victoire de YHWH contre le Léviathan rappelle celle de Ba’al contre la Mer.

Parmi les autres aspects ignobles imputés au culte de Ba’al, des prostitués, hommes et femmes, servaient sexuellement sur les hauts lieux et certains passages bibliques rapportent parmi les rituels pour obtenir les faveurs de la divinité des sacrifices d’enfants, dans le livre de Jérémie (19:5 ) :

« Ils ont bâti des hauts lieux à Baal, Pour brûler leurs enfants au feu en holocaustes à Baal : Ce que je n’avais ni ordonné ni prescrit, Ce qui ne m’était point venu à la pensée ».

Néanmoins, les liens entre de tels sacrifices et les cultes de Baal ne sont pas nombreux dans les textes bibliques et les sources extra-bibliques ne sont pas probantes sur de tels liens.

Ba’al zebub/l (Belzébuth) : Dieu attesté par quatre occurrences dans la Bible hébraïque, notamment en lien avec la cité philistine d’Ekron. Son nom a été interprété par l’hébreu zebub « mouche » comme signifiant le « Maître/Seigneur des mouches », ce qui a longtemps posé divers problèmes d’interprétation. Il est désormais couramment admis qu’il s’agit d’une déformation volontaire des rédacteurs des passages bibliques en question, de manière à déprécier ce dieu, et que son épithète originelle était zebul, « prince », donc que le nom signifie « Ba’al le prince ». L’adjectif « prince » sert à désigner diverses divinités dans des langues ouest-sémitiques, et Ba’al en particulier dans des textes d’Ugarit où il servirait plus spécifiquement à désigner une divinité chthonienne pouvant intervenir pour guérir certaines maladies. Dans le Nouveau Testament et la littérature postérieure, il est devenu le démon Belzébuth.

3) Représentation populaire, représentation intégriste complotiste

I) De Salammbô à Crowley

Les récits et représentations antiques et bibliques à charge contre Baal ont été repris par plusieurs médias, notamment en l’associant avec Moloch, comme certains commentaires du texte hébraïque Tanakh le font.

Une des premières représentations est le merveilleux roman de Gustave Flaubert: Salammbô.

Le film Cabiria, premier grand péplum (1914), de Giovanni Pastrone, présente les carthaginois sacrifiant des enfants précipités dans le torse-brasier de la statue du dieu Moloch.

La pièce de théâtre Baal, écrite en 1918-1919 par le dramaturge allemand Bertolt Brecht, met en scène un personnage éponyme, poète maudit et alcoolique dont l’immoralisme reflète, bien que négativement, la figure biblique.

La série de bande dessinée Alix, de Jacques Martin, met notamment en scène les sacrifices d’enfants projetés dans les gueules des idoles représentant Moloch-Baal ou Baal-Amon (L’Île maudite, Le Tombeau étrusque, Le Spectre de Carthage, La Conjuration de Baal). En dehors des récits bibliques, Martin s’inspire beaucoup de l’histoire de Salammbô,  et fait le lien entre les filles de Loth et le culte du feu, devenant le culte d’Ammon-Moloch et faisant tache d’huile dans les pays du Proche-Orient.

 

Mais tout ceci ne serait rien, sans la publication au XVIIème siècle d’ouvrage de « sorcellerie » concernant -notamment Ba’al; et ce qui mettra le feu aux poudres, leur traduction au 20ème siècle par un certain Aleister Crowley.

Dans la seconde moitié du XVIIème siècle sort donc un ouvrage composé de cinq parties dénommé « Lemegeton Clavicula Salomonis« , ou « la petite clé de Salomon« , ou simplement « Lemegeton« . C’est un traité de magie rituelle, anonyme, en anglais. Dans sa version complète, c’est une compilation et d’une refonte de cinq textes, prêtés au roi d’Israël Salomon, ayant auparavant circulé de façon indépendante. Ce recueil participe d’une longue tradition d’œuvres (avec notamment le Testament de Salomonles Clavicules de Salomon, le Grand grimoire, etc.) décrivant ce roi comme un sorcier ayant reçu à l’origine ses pouvoirs de Dieu.

L’origine et la signification du mot « Lemegeton » sont inconnues ; Joseph Hagan Peterson pense qu’il s’agit d’une invention de l’auteur due à son ignorance du latin, « Lemegeton Clavicula Salomonis » étant censé être traduit par « The Lesser Key of Salomon ».

L’ouvrage est en cinq parties : la Goetia qui décrit 72 démons et le rituel pour les invoquer ; la Theurgia Goetia avec des esprits en partie bons et en partie mauvais ; l’Ars Paulina qui décrit les esprits et anges qui gouvernent les heures du jour et les signes du zodiaque, tels que supposément découverts par l’apôtre Paul après avoir été enlevé au ciel ; l’Ars Almadel (du nom de son présumé auteur arabe) qui décrit vingt esprits bienveillants du zodiaque ; et l’Ars Notoria, qui est un mélange de prières et de mots magiques permettant la communion avec Dieu et la connaissance des sciences humaine et divine (ce dernier texte est absent de certains manuscrits).

Quel est le rapport avec notre Baal qui nous intéresse aujourd’hui nous direz vous?

Et bien parce que ce fameux Lemegeton mentionne en 1ère position de sa liste de démons un certain Bael. Selon l’ouvrage, Bael est le roi de la partie orientale des Enfers. Il se présente sous la forme d’une créature à trois têtes, celles d’un crapaud, d’un homme et d’un chat. Il est également caractérisé par sa voix rauque. Il permet de se rendre invisible. Il commande à 66 légions infernales.

Un ouvrage antérieur, a Pseudomonarchia Daemonum , publié en 1577, le mentionne également en 1ère position de sa liste de démons et lui attribue des caractéristiques similaires, et précise qu’il peut rendre l’homme sage.

Puis un autre ouvrage anonyme concernant la démonologie, le Livre des Esperitz, publié au 16ème siècle présente à nouveau Baal à la tête de la hiérarchie démoniaque.

Il présente la science occulte de l’invocation d’entités démoniaques connue sous le nom de goétie et une liste de 46 démons qui inspirera la rédaction des grimoires nommés Lemegeton et Pseudomonarchia Daemonum. Ces derniers donneront la plupart du temps des noms et caractéristiques similaires aux démons.

L’ouvrage commence par un paragraphe introductif expliquant que le Livre des esperitz a été révélé à Salomon afin que la « malice » des démons « ne regnast plus sur la terre crestienne ».

A nouveau Le Liber Officiorum Spirituum présente Baal, Baall, Boal ou Boall, encore une fois un roi à la voix rauque (ou parfois un soldat), doté non seulement de pouvoirs d’invisibilité mais aussi de sciences et d’amour. Il mentionne Baal, dans « Of the Demon Rulers », comme un roi, attribué à l’enseignement des sciences, accordant (encore) l’invisibilité et contrôlant 250 légions d’esprits.

Or certaines versions historiques de Baal le nomme « Bêlu(m) » ou « Bêl ». Il n’en faudra donc pas plus pour Jacques Collin de Plancy, fameux écrivain, occultiste du XIXème pour confondre définitivement « Baal » et « Bêl » dans son ouvrage le plus fameux « Le Dictionnaire Infernal » publié en 1818. A partir de là, le Baal, divinité bénéfique de Canaan ou d’Ugarit est associé avec le maléfique Baêl, démon aux ordres de Satan.

Et Aleister Crowley dans tout ca? Et bien avec l’aide de Samuel Liddell Mathers, ils traduisirent en anglais le Legemeton et par là même le popularisèrent grandement. Et firent donc reconnaitre « Baal/Bael ».

II) Le mythe des ashkénazes Khazars

Toujours au XIX ème, propice aux théories du « protochronisme« , se développe une théorie du complot qui survit encore aujourd’hui, celui du « peuple ashkénaze/khazar ». La thèse de l’origine khazare des Juifs ashkénazes trouve sa source dans le fait que des chefs khazars, voire une partie de leurs tribus, ont au moins adopté des rites juifs à la fin du VIIIème ou au début du IX siècle. L’étendue, voire la réalité, de ce prosélytisme est actuellement peu débattue. La grande majorité des historiens estiment qu’il n’a touché qu’une partie de la cour royale et de la noblesse, mais certains affirment que des segments importants de la population se sont aussi convertis et seraient les ancêtres de nombreux Juifs d’Europe de l’Est Mais la plupart des chercheurs réfute la thèse de conversions massives. Et pour cause.

Différents auteurs depuis la seconde moitié du XIXème siècle suggèrent que les Juifs d’Europe de l’Est descendent au moins partiellement de Khazars ayant migré vers l’ouest entre le Xème et le XIIème siècle, à la fin ou lors de l’effondrement de l’empire des Khazars.

En 1883, Ernest Renan écrit dans « Le Judaïsme comme race et religion » :

« Les conversions massives à l’époque grecque et romaine enlèvent au judaïsme toute signification ethnologique, et coupent tout lien physique (mais non pas spirituel) avec la Palestine […] La plupart des Juifs de Gaule ou d’Italie, sont le produit de ces conversions. Quant aux Juifs du bassin du Danube, ou du Sud de la Russie, ils descendent sans doute des Khazars. Ces régions contiennent de nombreuses populations juives qui probablement n’ont rien à voir, du point de vue ethnologique, avec les Juifs d’origine ».

Dès le début, on note donc que cette théorie à des fondements antisémites. Car l’antisémitisme forcené de Renan est bien connu. Il a des origines intellectuelles complexes, tout en procédant d’une manière à la fois systématique, hiérarchique et « fixiste ».

C’est d’ailleurs à la suite de ces propos que l’orientaliste juif autrichien Moritz Steinschneider écrit un texte dans lequel il critique Renan pour ses « préjugés antisémites », forgeant ainsi l’adjectif « antisémite ».

On est donc étonné que des historiens renommés juifs comme Marc Bloch et Abraham Polak reprirent cette théorie. En 2002, l’historien Israélien, Viktor Aleksandrovich Shnirelʹman publie le remarquable ouvrage « The Myth of the Khazars and Intellectual Antisemitism in Russia, 1970s-1990s« . Il y montre que cette théorie du complot a infusé en Russie pendant la période post soviétique; qu’elle a servi de soubassement aux théories nationalistes russes de complot contre les slaves par les « sionistes ». Elle a même servi de soubassement aux théories du complot de domination mondiale par les « khazars » (les juifs). 

Certains antisémites utilisent l’hypothèse Khazar pour attaquer plus directement le peuple juif. Ils prétendent, par exemple, que si les Juifs ne sont pas génétiquement liés à la terre d’Israël, alors ils sont des « parasites » qui « imposent la pensée satanique talmudique » aux gens. Qualifier les Juifs de « parasites » est une accusation vieille de plusieurs siècles qui suggère que les Juifs sont de perpétuels étrangers qui « envahissent » ou « infestent » les autres nations. Le film de propagande nazie Le Juif éternel a utilisé notoirement des essaims de rats pour illustrer ce trope antisémite.

D’autres utilisateurs des réseaux sociaux ont déployé la théorie Khazar pour suggérer que les Juifs « envahisseurs » soient carrément expulsés de la terre d’Israël et pour comparer directement les Israéliens aux nazis . Ces récits offensants ont deux explications : les antisémites suggèrent que si les Juifs descendent de personnes non originaires d’Israël (c’est-à-dire les Khazars), alors ils n’ont aucun droit légitime sur la terre. En outre, parce que les nazis cherchaient à expulser les Juifs et d’autres personnes de leurs foyers en Europe afin d’obtenir un lebensraum (« espace de vie ») pour les « aryens », les antisémites ont soutenu que les Juifs faisaient la même chose parce qu’ils n’avaient aucun droit historique à le faire. la terre d’Israël.

Dans un discours prononcé le 24 août devant le Conseil révolutionnaire du Fatah réuni à Ramallah, Abbas a affirmé que les Juifs ashkénazes – dont les ancêtres ont dirigé la campagne sioniste visant à établir l’État juif – ne sont pas les descendants des anciennes tribus hébraïques, les enfants d’Israël de l’Ancien Testament. et n’ont donc aucun droit sur les terres contestées.

Tout en affirmant également que Hitler a tué les Juifs « uniquement parce qu’ils pratiquaient l’usure et l’argent », Abbas a adopté la théorie académiquement réfutée selon laquelle les Juifs européens seraient originaires il y a des millénaires de l’empire Khazar situé dans le sud-est de l’Europe contemporaine, dont la dynastie royale et l’aristocratie sont signalées. Par des sources médiévales, il s’est converti à une certaine forme de judaïsme. « La vérité que nous devons clarifier au monde est que les Juifs européens ne sont pas des Sémites. Ils n’ont rien à voir avec le sémitisme », a-t-il déclaré. « L’histoire a commencé en 900 de notre ère, dans le royaume Khazar, sur la mer Caspienne. C’était un royaume tatar converti au judaïsme. [Au XIe siècle], cet empire s’effondre et toute sa population fuit vers le nord et l’ouest. Ils sont partis pour la Russie et l’Europe occidentale et orientale. Là, ils se sont répandus et sont les ancêtres des Juifs ashkénazes. »

Le livre d’Arthur Koestler  « La 13ème tribu » publié en 1976 reprend cette thèse et la popularise grandement.

« L’historien » israélien Shlomo Sand publie en 2008, « Comment le peuple juif fut inventé » (hébreu : ? מתי ואיך הומצא העם היהודי, littéralement, Quand et comment le peuple juif fut inventé ?). Il se présente comme une étude de la construction nationale israélienne par le mouvement sioniste et défend l’idée que cette construction s’est appuyée sur un récit fondateur mythique faisant des populations juives un peuple uni par une même origine et ayant une histoire nationale commune remontant à la terre d’Israël. Shlomo Sand nie la réalité de cette origine commune, mettant en avant l’importance des conversions dans la constitution des populations de confession juive. L’ouvrage recevra un bon accueil et alimentera les thèses antisémites des khazars.

Or cette thèse est fausse pour au moins deux raisons:

« Cette tentative pour justifier le sionisme par la génétique n’est pas sans rappeler les procédures utilisée à la fin du dix-neuvième siècle par des anthropologues qui, très scientifiquement, partaient à la découverte des spécificités des Européens. À ce jour, aucune étude basée sur des échantillons d’ADN anonymes n’a réussi à identifier un marqueur génétique spécifique des Juifs, et il est peu probable qu’une étude le fasse jamais. Il s’agit d’une amère ironie de voir les descendants des survivants de l’Holocauste se mettre à la recherche d’une identité juive biologique : Hitler aurait certainement été très heureux ! Et c’est d’autant plus répugnant que ce type de recherche est effectuée dans un État qui a mené pendant des années une politique déclarée de « judaïsation du pays » dans lequel, aujourd’hui encore, un Juif n’est pas autorisé à épouser un non-juif ».

Et Ba’al dans tout ca?

Et bien c’est par la grâce de fondus de l’antisémitisme forcené qu’il revient.
En mars 2015, le site fascisant « VeteransToday » publie sous la plume d’un certain James Preston un incroyable pensum furieusement antisémite et qu’on pourrait qualifier de délirant. Et qui cite Baal comme divinité adorée par ceux-ci:

C’est apparemment cet article qui popularisera cette version de la théorie du complot initiale. Beaucoup de sites, dont des français reprendrons cette version.

Comme par exemple en 2018, un certain Jean Leduc récidive dans la dinguerie antisémite. Qui est ce Jean Leduc? Il semble qu’il soit un pseudo de Guy Boulianne, blogueur conspirationniste antisémite au dernier degré. Dans son ouvrage, pardon son infâme bouse publiée en 2018, intitulée « Les khazars et Israël »

Il y affirme que les khazars sont un infâme peuple qui martyrisait ses voisins, asservissait les russes (ben tiens), et que leurs descendants actuels « les sionistes » veulent maintenant asservir le monde entier… en plus d’aimer la pizza à l’ananas, d’être responsable du succès de Jul et de la mode des hipsters, figurez vous que ces véritables suppôts de Dark Vador adorent vous avez deviné…Baal. Extraits:


C’est aussi simple que ça? Oui c’est aussi simple que ça. Houlahup barbatruc. C’est ainsi qu’aujourd’hui cette dinguerie s’est popularisée:

D’un faux, vous faites un moyen faux, puis un gros faux, un énorme faux puis un faux intergalactique. C’est sans aucun doute l’application de la fenêtre d’Overton appliquée à l’antisémitisme.

CONCLUSION

Du Baal historique, à son faux biblique, puis mystique, puis politique et enfin conspirationniste ; on peut le voir, comme Baphomet et Moloch, l’imagerie populaire puis conspirationniste a bien travaillé. La Bible a joué son rôle de recyclage des religions pour absorber le mythe de Baal dans son creuset. Puis ce mythe lui a échappé sous l’influence d’occultistes. Et enfin à la faveur d’une théorie du complot sur l’origine khazar supposée des ashkénazes, les complotistes antisémites en ont fait un agrégat pour satisfaire leur vision fantasmée de la société.

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