19 avril 2016 | Temps de lecture : 5 minutes

Le Turc, langue officielle de l’UE? Grosse désinformation de J.P. Patrick Grumberg/dreuz

Il nous avait manqué! Mais on pouvait compter sur lui et son insatiable soif de propagande mensongère pour rebondir et se voir redonné les honneurs des projecteurs des Debunkers!
Non, en fait cela aurait pu être plus tôt, à nouveau nous le répéterons 100 fois, nous estimons ne pas traiter 1% des hoaxes racistes/fascisants de la toile. Grumberg avait donc certainement récidivé de nombreuses fois avant que nous ne tombions sur celui ci.
Mais disons le pas piqué des vers…
Jugez en donc:

 

 

 

 

 

De nombreux mensonges parcourent cet infaux et avant toute chose: le titre.
En effet le titre, comme tout bon article de propagande, ne refléte pas vraiment le contenu. Pire il suggère quelque chose dont il n’est au final pas du tout question dans la réalité. Vieille technique des sites d’extrême droite (mais dont usent et abusent également les médias mainstream).
Ici il est suggéré que le Turc deviendrait « la » langue officielle de l’UE, en d’autres termes qu’on ne parlerait plus que celle ci. Or -ne sous estimons pas grumberg- il n’y a pas UNE langue officielle de l’UE mais DES langues officielles.
En voici la liste:

 

– Les 24 langues officielles de l’Union européenne sont les suivantes: allemand, anglais, bulgare, croate, danois, espagnol, estonien, finnois, français, grec, hongrois, irlandais, italien, letton, lituanien, maltais, néerlandais, polonais, portugais, roumain, slovaque, slovène, suédois et tchèque.

 

D’ailleurs la « source » de Grumberg ne comment pas la même erreur. Le titre de l’Express est:

« fureur comme le Turc devient UNE « langue officielle de l’UE »… »

 

Le titre de l’article de grumberg devient:

« Le turc vient d’être fait langue officielle de l’Union européenne »

 

Légères différences qui changent le sens. Mais grumberg en angliciste distingué qu’il est savait parfaitement ce qu’il faisait en introduisant ces deux changements!!!

 

Grumberg donne comme source, un article du très désinformateur « express.co.uk »:

http://www.express.co.uk/news/world/661689/Turkey-EU-member-language

 

Son article en est une copie intégrale…

 

Mais la « vraie » source semble dater de janvier et être celle ci:

 

La langue turque est devenue une des langues officielles des institutions européennes de Strasbourg après la promotion de la Turquie au rang des pays les plus représentés au Conseil de l’Europe.

Le Conseil de l’Europe a ainsi adopté le turc comme une de ses six langues officielles avec l’anglais, le français, le russe, l’allemand et l’italien lors de sa Session d’hiver qui se tient actuellement à Strasbourg.

L’adoption du turc comme une langue officielle a été motivée par la transformation de la délégation turque à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), dont le nombre est passé de 12 à 18. La Turquie est ainsi devenue parmi les pays les plus représentés à l’APCE avec la France, la Russie, l’Allemagne et le Royaume-Uni et l’Italie.

Le premier discours prononcé en turc à l’APCE a été celui du député Utku Cakirozer (Parti républicain du peuple – CHP) lors de la session de mercredi.

S’exprimant à l’Agence Anadolu sur l’adoption du turc comme la langue officielle du Conseil, Talip Kucukcan, président de la délégation turque (Parti de la Justice et du Développement – AK Parti), s’est dit « fier » de promouvoir le turc comme une langue de travail à l’échelle internationale.

« L’influence d’un pays se mesure à son pouvoir de représentation », a-t-il ajouté.

D’autre part, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), juridiction internationale fondée par le Conseil de l’Europe, a également adopté le turc comme une de ses langues de travail.

La plateforme du Recueil des arrêts et décisions de la Cour (HUDOC) est ainsi devenue disponible en turc avec l’anglais, le français et le russe.

AA

 

Or cet article comporte peu de vrai, noyé dans du faux.

  • Tout d’abord, comme nous l’avons vu au dessus, non le Turc n’est toujours pas « langue officielle ».
  • La raison invoquée au nombre de représentants à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) est fallacieuse, en effet la Russie comporte autant de représentants (parmi les pays « extérieurs » à l’UE et le Russe n’est toujours pas langue officielle.
  • Langues officielles au sein de l’APCE au nombre de 2: anglais et Français. Mais celle ci utilise également l’Allemand, l’Italien et… le Russe comme langue de travail…
    ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Assembl%C3%A9e_parlementaire_du_Conseil_de_l’Europe )
  • Cette assemblée n’est que consultative
  • Quand à l’intervention du député Utku Cakirozer , elle ne parle que du Turc que comme « langue de travail » (à 1:29 minute)

https://vodmanager.coe.int/coe/webcast/coe/2016-01-25-4/fr/26

Déjà cet article avait été repris par des sites de la fachosphère comme « islamisme.fr » ou de plus obscurs comme « RegnumGalliaeRegnumMariae ».

Mais l’article de grumberg parle d’autre chose.
En fait, il reprend cette information:

51.  se félicite de l’initiative du président de la République de Chypre, Nicos Anastasiades, visant à faire du turc une langue officielle de l’Union européenne et presse les parties d’accélérer ce processus; souligne que la mise en œuvre de l’acquis de l’Union européenne dans le futur État constitutif chypriote turc doit être déjà bien préparée dès l’entrée en vigueur de l’accord; se félicite, dans ce contexte, de la constitution du comité bicommunautaire ad hoc sur la préparation à l’Union européenne; exhorte aussi bien le Parlement européen que la Commission européenne à intensifier leurs efforts déployés en direction des Chypriotes turcs pour préparer leur pleine intégration dans l’Union européenne; invite le Président du Parlement européen à prendre les mesures nécessaires en cas d’accord;

5 lignes dans un océan de critiques extrêmement acerbes de la politique turque, extraits choisis:

E.  considérant que le rythme des réformes s’est ralenti en ce qui concerne les critères politiques et que l’on observe un net recul dans les domaines de la liberté d’expression et de la liberté de réunion;

F.  considérant que la Turquie fait toujours partie des pays qui comptent le plus grand nombre de journalistes emprisonnés dans le monde;

G.  considérant que, selon le classement de la liberté de la presse et des médias établi par Freedom House, la Turquie est toujours considérée comme un pays n’étant pas doté d’une presse libre et qui dispose d’une liberté seulement partielle de l’internet;

H.  considérant que la situation sécuritaire de la Turquie se dégrade rapidement, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières;

[…]

3.  considère comme une mauvaise décision le report du rapport 2015 de la Commission sur la Turquie après les élections turques de novembre 2015, car, en agissant de la sorte, l’Union européenne a donné l’impression de bien vouloir fermer les yeux sur les violations des droits fondamentaux en échange de la coopération du gouvernement turc en ce qui concerne les réfugiés; demande à la Commission de s’engager à publier les rapports annuels sur l’état d’avancement selon un calendrier spécifiquement fixé; invite la Commission et le Conseil à ne pas ignorer les développements internes en Turquie et à défendre ardemment l’état de droit dans le pays, comme le prévoient les critères de Copenhague et quels que soient les autres intérêts en jeu;

4.  prend acte des résultats des élections parlementaires du 1er  novembre 2015 et de la formation d’un nouveau gouvernement; demande une nouvelle fois l’abaissement du seuil électoral de 10 % et réclame la transparence en ce qui concerne le financement des partis politiques et des campagnes électorales; se félicite de la participation active des volontaires de la société civile lors du scrutin et du taux élevé de participation; condamne en revanche l’intimidation et le harcèlement des médias ainsi que la discrimination des partis d’opposition en terme de couverture préélectorale, de même que le climat de violence et d’intimidation, caractérisé en particulier par les agressions contre certains candidats et les attaques perpétrées contre les bureaux de partis d’opposition, notamment le Parti démocratique du peuple (HDP), et la polarisation politique exacerbée; salue le fait que la Grande Assemblée nationale de Turquie est dorénavant plus ouverte aux groupes minoritaires en Turquie à la suite des dernières élections et en dépit du seuil des 10 %;

 

Etc… etc…

De plus « léger » oubli de Grumberg et de l’Express, il ne s’agit pas d’un vote.. mais d’une « recommandation »… Rien n’est donc fait.
Enfin comme l’explique cet article: https://www.euractiv.fr/section/langues-culture/news/meps-call-for-turkish-becoming-eu-language/ la Turquie refuse une partie de cet texte et les Bulgares sembleront utiliser leur droit de véto…
Grumberg, l’Express.uk et la fachosphère peut donc encore respirer quelques années!

Debunked !!!

To top