Le faux compte Twitter pro Russe, c’est déjà presque trop tard pour en parler. En effet, dans la séquence que nous vivons, la Russie a changé de stratégie et concentre ses efforts ailleurs. Pour autant, il est important de chercher à comprendre pour mieux s’en protéger. Des milliers de comptes ont été créé, beaucoup existent toujours et seront un jour réactivé. Nul doute que nous les croiserons dans une séquence prochaine, ou dans une autre phase de la guerre.
Nous avions vu comment certains fachos ont crée de faux profils sur facebook. Cette fois-ci, nous allons voir comment les trolls pro-Russes truandent sur Twitter. Un compte généré automatiquement par un bot qui va nous servir d’exemple
1. Contexte
La cyber guerre, ça fait des cyber morts. Cela fait des années que Kitetoa.com raconte cela, dans ses articles, dans des conférences… La cyber guerre, ça fait des cyber morts. Ce n’est donc pas bien grave. Il faut dire que la dramatisation d’un possible cyber Pearl Harbor, d’une putain de cyber guerre menée par des affreux pirates chinois terroristo-pédophilo-iraniens ne perd pas de terrain. Elle est remise à la Une de toute la presse en ligne assez régulièrement.
Cet article date de 2012. À l’époque, le concept de cyberguerre agitait le Landerneau médiatico-politique. Au milieu de la panique généralisée, il était nécessaire de revenir à la raison et de qualifier les choses correctement. En effet, le début des années 2010 est marqué par des offensives sécuritaires, et la course à l’armement concerne le maintien de l’ordre plus que l’artillerie.
En revanche, il ne faut pas non plus en limiter l’importance. Dans le contexte d’une montée en puissance de la Russie dans le boxon général, il s’agit de comprendre l’importance que les réseaux sociaux ont pris dans le champ politique, et à quel point c’est devenu le terrain de jeu des propagandistes.
Fermes de trolls et magouilles politiques
La ferme ou usine à trolls, c’est ni plus ni moins un lieu où se trouvent des trolls qui vont unir leurs efforts dans une direction. En clair, on peut imaginer une pièce ou un bâtiment dans lequel se trouve plein de gens qui animent des profils sur les réseaux sociaux en vue d’accroître l’influence de leur employeur.
Le développement des outils permet de réduire le nombre d’intervenants humains dans cette stratégie.
Le tournant de la guerre en Ukraine
De toute évidence, la cyberguerre n’a pas disparu, et même au contraire elle est devenue une arme tactique dans une guerre qui se joue à tous les niveaux. Les fermes à trolls ne sont qu’une composantes de cette armée numérique, et l’Ukraine a subit un grand nombre d’attaques :
Les trolls sont donc une arme au service de la désinformation, et dés le début de la guerre, le faux compte pro Russe est identifié comme un levier par les groupes Meta (Facebook, Instagram) ou Twitter.
Voilà en ce qui concerne le contexte géopolitique et le rôle des trolls. Pour commencer, il est toujours bon de rappeler quelques conseils avant de se lancer dans le grand bain des réseaux sociaux.
Prenons un compte sur lequel nous sommes tombés. Rien n’a bougé depuis juillet 2022 au moment de prendre cette capture. Ni avatar, ni présentation. Sans surprise, le contenu n’est fait que de courts messages ou des RT (retweets, le partage tweet d’une autre compte). Tout est en anglais.
En quoi ce compte est fake ? Nous allons voir ci-dessous ce qui nous met sur la voie. Mais surtout en quoi il est fake ? Évidemment, il existe une personne derrière ce compte. Mais cet auteur est un troll, qui gère des dizaines, voir des centaines de profil différents. Le troll est caractérisé par son objectif de déstabiliser, détourner l’attention et créer de la confusion partout où il passe. Naturellement, il est impossible de gérer plus de 2 ou 3 comptes sérieusement. Heureusement (pour eux, pas pour nous), il existe des outils permettant de programmer des tweets, des retweets, et ça à une échelle industrielle. L’intervention humaine peut se réduire à presser sur un bouton.
Un exemple de compte Twitter pro-Russe
Notre faux profil avec du stabylo
Huit chiffres derrière un nom générique, c’est un premier indice pour identifier un compte généré en série.
Un ratio abonnements/abonnés qui montre un compte actif à son lancement, en s’abonnant à un ensemble de comptes plus ou moins important, mais n’ayant pas trouvé son succès auprès d’abonnés.
Crée pile poil pour l’invasion, on admirera le sens du timing !
Russians with attitude C’est un podcast hebdomadaire tenu par deux Russes qui se sont donnés comme mission de lutter contre la monoculture Américaine. Leur émission est en anglais et disponible sur toutes les plateformes qui héberge habituellement des podcasts. RWA est en fait un clin d’œil au groupe NWA (Niggers With Attitude, connu notamment à travers ses membres Dr Dre ou Ice Cube). Leur compte Twitter revendique 200 000 followers.
Garland Nixon est journaliste pour la station radio WPFW. Il y intervient en tant que chroniqueur politique et son compte est suivi par 50 000 followers. Sans surprise, une écrasante majorité de ses posts est consacré à la critique acerbe des démocrates. Pire, Nixon repartage des conspirationnistes notoires, comme Maram Susli, une propagandiste pro Bachar Al Assad. Maram Susli aka Partisan Girl, propagandiste au service de Damas
Voici une partie des abonnements de ce compte, c’est sans équivoque.
Il y a des tas de ces comptes twitter, actif un moment, puis laissés de côté, et réactivés plus tard au besoin. Tous ces comptes s’alimentent les uns les autres et ne produisent pas ou très peu de contenu. Un contenu bâclé mais toujours en anglais.
Un autre exemple
Un autre compte
Biden est un nazi et tant pis pour la cohérence
Le 24 février, date de l’invasion Russe
Un compte à peine plus ancien mais plus actif. Même ratio abonnements/abonnés, et du contenu semblable sur le fond.
3. Changement de méthode
Au bout de six mois de guerre, on peut faire un constat : la méthode consistant à faire masse avec des comptes fake ou fabriqués en série n’a pas eu un succès incroyable. On peut expliquer ça comme ça :
Twitter accentue sa modération dés le début de la guerre en Ukraine
Les profils « bot » n’ont finalement qu’une efficacité relative (il faut recréer une communauté de zéro avec chaque compte)
Ces derniers n’améliorent pas la crédibilité de Moscou (ce qui n’est pas vraiment le plus important à leurs yeux)
De vrais humains prennent la main, avec leurs comptes parfois certifiés et des communautés importantes.
Un gros compte qui relaie toutes les rumeurs
Un compte plus modeste mais plus agressif.
Évidemment, ces deux comptes ne sont pas les seuls à assumer la propagande. Par contre, ils incarnent un changement de stratégie, dû au fait que des personnalités motivées ont pris le relais. C’est à dire ici, on remplace des profils qui partagent peu de contenus et de mauvaise qualité, par des militants acquis à la cause de Moscou et prêt à produire beaucoup de contenu, commentaire, memes, podcast, capsules, pour nourrir une propagande.Les trolls auront donc eu une fonction d’amorce avant que tous les anti-impérialistes d’occident ne prennent le relais.
Conclusion :
On a donc vu qu’il existe une tripotée de comptes fake, fabriqués et utilisés de façon industrielle. Mais cette tactique a aussi des limites et ne fonctionne que moyennement. Malgré tout, il est important de se méfier, parce que même si twitter a supprimé beaucoup de ces comptes durant les six premiers mois de la guerre, il en reste un nombre conséquent.
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