24 août 2021 | Temps de lecture : 8 minutes

 » Fillette afghane violée avec un couteau » par Dreuz : récit et source très peu crédibles en 2013, pas plus qu’en 2021

Les « Glurges » se recyclent aussi!

Une fillette afghane violée avec un couteau?  Un vieux glurge que la fachosphère adore.

Il y a une dizaine d’années « Dreuz » était au sommet de son influence. Il en a beaucoup perdu et nous espérons y avoir été pour quelque chose. Car nous avons beaucoup publié sur eux et leur honteux mensonges. Une de leur spécialité était la « fausse info internationale » concernant des événements d’autres pays, qu’ils soient nationalement d’importance ou bien de faux faits divers. De préférence dans le style « glurge » bien immonde.

Et celui ci en est un bon exemple.

Publié initialement chez Dreuz en 2013, nous leur répondions la même année. Suite à la reprise du pouvoir par les Talibans, ils ont décidé de le republier, mais oh surprise en en modifiant une bonne partie, la plus invraisemblable. Comme quoi.

La fillette afghane violée, un hoax de 2013

Voilà le contenu du texte en 2013 chez Dreuz:

Dreuz version 2013

[…..]  La mariée avait seulement 8 ans et ne connaissait rien au sexe, au mariage, à l’amour charnel, à la virginité, elle n’était encore qu’une enfant, [………]

La fête était terminée et le soleil se couchait, il était temps pour le mollah, non pas de faire l’amour, car cela impliquerait d’éprouver un sentiment, mais d’avoir des relations sexuelles avec sa femme-enfant, d’assouvir ses désirs pervers. [……….]

Ce mollah, au physique imposant, était lourd et avait un gros pénis. Il se jeta sur l’enfant et commença à pénétrer le vagin de la petite fille. Après plusieurs essais infructueux, le mollah se sentit frustré. Il ne voyait pas et ne voulait pas voir que l’enfant, qui allait bientôt mourir, sous ses assauts furieux, était très frêle et toute menue et que l’orifice de son vagin était trop étroit. Seul l’assouvissement de son désir malsain avait de l’importance. Le mollah prit alors le couteau, qu’il portait toujours avec lui dans sa poche, et déchira le vagin de l’enfant du clitoris vers le haut et vers le bas jusqu’à l’anus, afin d’agrandir suffisamment le vagin pour lui permettre de le pénétrer.

La pauvre petite commença à saigner, à un très mauvais moment pour son « mari » mais l’infecte mollah était beaucoup trop frustré de ne pouvoir la pénétrer pour se soucier des conséquences de son acte barbare, du saignement de l’enfant ou des blessures qu’il lui avait infligées. La fillette avait son foulard enfoncé dans sa bouche, elle pleurait terrorisée, seule face à ce monstre, elle ne pouvait pas crier, car il ne fallait pas éveiller l’attention des personnes à l’extérieur de la chambre. [………..]

Le mollah, en rien rebuté par l’atrocité de son acte, entra son pénis dans le vagin de la petite fille, qui saignait déjà abondamment, suite aux blessures et eut des relations sexuelles bestiales avec la petite, sur le lit couvert du sang de l’enfant, puis, il se leva et se nettoya.

L’enfant continuait à saigner, mais personne n’était là pour l’aider. Le mollah ne pouvait pas demander de l’aide, car cela aurait été considéré comme une honte pour lui et la famille de la petite mariée. Cette dernière savourait tranquillement une tasse de thé dans la pièce voisine. La petite mariée de huit ans continua à saigner et entra dans un choc traumatique à cause des hémorragies internes provoquées par la violence des relations sexuelles forcées ». Elle se vida de son sang et le lendemain matin, au lever du soleil, l’âme de la fillette, dont le petit corps fut profané et souillé par un pédophile de la pire espèce, avait rejoint les étoiles dans la voûte céleste. [……….]

Elle gisait dans son sang, sur un drap rougi par le sang séché. Elle était livide, car elle était exsangue . Ses yeux étaient ouverts, car elle avait tremblé en mourant et ses mains étaient en position de prière, comme si elle récitait la prière de sa propre mort. […….]

Et voilà la version réactualisée:

Dreuz version 2021

Des détails tellement « vrais » qu’ils sont invraisemblables:

Un style de roman « porno gore », pas un style de journaliste ! Bien que n’ayant pas enquêté sur place, ni interrogé des témoins directs, Kazemi nous livre pourtant de nombreux détails dans son récit, comme s’il avait assisté à la scène.

« … le soleil se couchait… »

« … ses assauts furieux … »

… la famille savourait tranquillement une tasse de thé dans la pièce voisine… »

« La fillette avait son foulard enfoncé dans sa bouche… » , « elle pleurait terrorisée, seule face à ce monstre, elle ne pouvait pas crier », « car il ne fallait pas éveiller l’attention des personnes à l’extérieur de la chambre »

« … le lit couvert de sang »

« puis, il se leva et se nettoya. »

ETC…

C’est tout juste s’il ne nous donne pas la couleur et les motifs du foulard de la fillette, les dimensions de la chambre, une description du mobilier ou de l’odeur du thé…

En littérature, dans l’écriture romanesque en général et plus précisément dans le genre du récit fantastique, ces descriptions , ces « petits faits vrais » , cela s’appelle des « effets de réels » à travers lesquels l’auteur emmène le lecteur vers les frontières indécises de la fiction et du réel.
Mais pour un texte de style journalistique, il manque des infos essentielles,  que dans toute école de journalisme on apprend pourtant à indiquer : notamment le lieu et la date, à défaut du nom des personnes en cause ou témoins. Tout du moins dans la première version de 2013 car dans la versions réactualisée 2021, on y apprend que la fillette était « originaire de Khashrood, province de Nimruz »Bien peu journalistiques aussi sont les commentaires de l’auteur , les qualificatifs,  insérés dans ce qui voudrait se présenter comme une simple relation  des faits :  » ses désirs pervers »,  «  »relations bestiales » « ce monstre ». Encore une technique du roman, ( ou des films hollywoodiens de série Z)   où on accentue la dramaturgie en campant deux  personnages que tout  oppose :  face au monstre cruel, apparaît un ange qui  « rejoint les étoiles dans la voûte céleste ».

Les invraisemblances

  • Soumise à une véritable boucherie, la fillette n’a pourtant pas crié.
  • « Le mollah avait un gros pénis » : on voit que le journaliste est fort bien renseigné….
  • Jamais dans les enquêtes criminelles sur des violences sexuelles imposées par des adultes à des enfants, on n’a constaté que la taille d’un sexe masculin adulte avait empêché la pénétration. L’horrible charcutage au couteau  qu’on nous raconte dans ce récit, avec force détails sordides, c’est à notre connaissance une première dans les annales des viols sur enfants. Mais attention, ca c’est en 2013, en 2021, plus de couteau, cela devait faire par trop invraisemblable, les détails anatomo pathologiques que nous donnons restent valables et rendent l’histoire complètement invraisemblables.
  • Très extraordinaire aussi l’accomplissement de l’acte sexuel, càd. la « performance » de l’affreux mollah malgré tout ce sang et cette boucherie.

L’article  de « Mustafa Kazemi » (repris par Dreuz » a été publié initialement  sur ce site très « spécial » , « Jihad Watch« . Un site de la nébuleuse des  néo-conservateurs US obsédés par l’Islam. Ce site est animé par Robert Spencer, une référence pour l’extrême-droite européeenne, pour le Bloc Identitaire, une référence aussi pour le meurtrier raciste d’Oslo Anders Breivijk et tous ceux qui partent en croisade contre la diversité culturelle et pour « sauver la race blanche ».

Aucun site de la presse officielle, sérieuse, n’a évoqué l’histoire relatée par Jihad Watch et Kazemi.

Mustafa Kazemi né à Kabul, âgé de 35 ans aujourd’hui,  était initialement employé comme traducteur par l’armée américaine. Il est devenu correspondant de guerre, faisant des piges pour des agences de presse. L’agence allemande « Deutsche Presse-Agentur » aurait cessé sa collaboration avec lui, suite à des twitts erronés ou mensongers de Kazemi : les Debunkers n’ont pas été en mesure de vérifier ce fait.

Ce qui est certain, c’est que Kazemi a tendance à romancer les choses.  Ainsi, sur ce site de militaires  américains « Blackfive »on explique que Mustafa Kazemi n’est pas du tout une source fiable . On démontre aussi comment il a amplement bidonné son CV.

 Interrogé par des internautes, le journaliste  explique comment il a recueilli ce « témoignage » :

« Her name unknown, my source telephoned me last week at 9:30 pm to tell me her story. At the first I thought it’s just going to be a short conversation but later it was unveiled that the story is different. »
« A medical doctor assigned in the main hospital in Zaranj city, the capital of the province, who wished to remain unnamed confirmed that he was “made aware” of the incident and that it was “too late to do anything for her” as well the “remote area didn’t allow them to do anything”. »
« The close friend of mullah, who knew everything, was very upset and shared the story with my source that then called me and told me the story. »

« Sous couvert d’anonymat, ma source m’a appelé…. L’ami proche du mollah , qui est au courant de tout, était absolument bouleversé et a fait connaître l’histoire à ma source qui ensuite m’a appelé et m’a raconté…  »

Donc,  de son propre aveu,  Mustafa Kazemi n’a pas effectué  le moindre début de vérification des faits et des sources.
Notons qu’à la même époque « The Guardian » relate un fait divers au Yémen qui ressemble furieusement à celui ci, mais n’est pas plus confirmé.

Journalisme ou « presse-trash » ?

Un correspondant de presse qui n’est pas connu pour sa fiabilité absolue, un témoignage de seconde main et non vérifié, de très nombreux détails « vrais » recueillis sans enquête sur place,  des détails  tellement vrais qu’ils en deviennent invraisemblables, un déroulement des faits  inédit dans les annales criminelles, une ‘info » sensationnelle qu’aucun site sérieux ne reprend  … : bien loin d’une relation journalistique « normale », nous sommes dans le roman d’horreur, dans le porno-gore.

Si cet article a quelque chose à voir avec le « journalisme », ce serait alors dans le genre attrape-gogos de la « presse-trash » dont Street Press, en septembre 2012, décrivait les grosses ficelles, prenant l’exemple du « Nouveau Détective » : sang, sexe, et sensations .

Un style de presse scandale bidon

Crimes sexuels, pédophilie ne sont pas l’apanage du monde musulman

Sans surprise, les « chrétiens » et obsédés anti-islam de Dreuz, (et supporters de Le Pen par ailleurs) tirent de ce récit-trash, dont ils ne relèvent aucunement les invraisemblances,   des « vérités » générales :

« La promotion de la pédophilie et du viol via des fatwas, conformes à la charia, […..]  continue à progresser dans le monde islamique « 

On sait les nombreuses affaires de pédophilie  qui ont éclaté dans les milieux catholiques :  doit-on en conclure que la « pédophilie progresse dans le monde chrétien » ?

Des affaires ont défrayé la chronique comme celle du  serial criminel et violeur Marc Dutroux en Belgique …  On connait  ce chiffre scandaleux : « En France,  tous les trois jours, une femme meurt  du fait de violences conjugales »…. Des histoires de « bébés congelés » on fait sensation….  Doit-on en conclure que infanticides, viols et pédophilie sont de plus en plus tolérés par les mœurs occidentales ?

« Mon chat a quatre pattes. Le chien de mon voisin a quatre pattes. Donc le chien de mon voisin est un chat ».

Laissons-là ces absurdités, alimentées par l’attirance ambiguë pour le trash et son exploitation sur le web. . Laissons-là aussi ces « scoops »  et ce gore frelatés, trafiqués, exploités,  par les extrêmes droites en tous genres.

Mais rappelons aussi certaines choses.
Le mariage des enfants n’est pas une spécificité afghane ni même musulmane. Des pays d’orientations bouddhiste voire chrétienne sont classés avant l’Afghanistan. Loin de nous de vouloir faire une classification de l’horreur ou de défendre le régime Taliban qui est une horreur. Mais si on veut lutter contre ce fait du mariage forcé des enfants, il faut bien en connaitre les contours pour ne pas y décrire de fausses spécificités. Ce que fait Dreuz, dans cette affaire, c’est de la pure propagande qui n’aide pas à cette lutte nécessaire. Où qu’elle survienne.

La deuxième chose intéressante c’est que si « Rosaly » de Dreuz y va de son couplet sur la présence américaine nécessaire en Afghanistan, elle « oublie » bien opportunément de rappeler qui est à l’origine de ce désastre: un certain Donald Trump. Biden est bien entendu responsable d’avoir tourné/viré sur le sujet. En janvier il disait tout le contraire d’aujourd’hui. Mais c’est tout de même bien l’administration Trump qui a signé les accords de Doha! Et l’agitation de Trump aujourd’hui n’y change rien.
Mais peu importe pour Dreuz!
Ils vont changer la réalité, raconter n’importe quoi et continuer à défendre l’agent Orange coûte que coûte, quitte à en devenir ridicule comme l’est Millière dans cet article! Le très néo conservateur Dreuz est devenu fascisto populiste, c’est acté.

Du néo conservatisme au populisme fascisant

En conclusion, Dreuz reste bien la même poubelle fascisante que lors de la belle époque où nous leur tombions sur le râble à bras raccourcis. On va peut être recommencer tiens.

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