31 août 2019 | Temps de lecture : 7 minutes

Facebook et Twitter aiment bien l’extrême droite qui rapporte

Communiqué

Depuis quelques jours nous connaissons bien des avanies avec les deux réseaux sociaux les plus « gros », Facebook et Twitter pour ne pas les nommer.
En effet, depuis quelques jours nos pages Citoyennes-Citoyens contre le FN (le lien a été changé vers notre nouvelle page, l’ancienne ayant été supprimée sans raison claire), Debunkers des Rumeurs/hoax d’extrême droite et certains de nos membres subissons tout une série d’attaques directes contre nos publications. Il y a quelques temps, un de nos principaux administrateur a été bloqué un mois par facebook sur une publication tout à fait bénigne, un article du Monde….
Mais depuis le 26, c’est un festival.
Tout d’abord, nous avons reçu un avertissement de facebook, car selon eux, nous publiions des hoaxes. A propos d’une publication sur notre groupe de travail « secret ». Il faut savoir que nous avons un petit groupe très restreint qui nous sert à partager les hoaxes et à travailler collectivement sur ceux ci. Avec un message de ce style:

facebook twitter extrême droite
qualité du groupe évaluée par FB

Un comble.
A savoir que Hoaxbuster a également été touché par la même « plaisanterie ». Mais une fois que le partage de la publication sur notre groupe a « disparu », l’onglet « qualité du groupe » est redevenu « normal ». En effet souvent certaines publications que nous partageons sur notre groupe secret sont souvent retiré par leurs auteurs une fois le pot au rose découvert, ou carrément supprimée par facebook.
En privé des journalistes nous ont contacté pour nous expliquer qu’ils avaient contacté facebook qui avait reconnu effectivement le problème d’appliquer les algorithmes de « chasse aux hoaxes » à des fact checkers indépendants.
Malheureusement, ca ne s’arrête pas là.
Le 25 août, une de nos publications de… décembre 2018… sur notre page publique « Citoyens » se voit censurée, car d’après les « standard facebook », il s’agirait de « contenus haineux ». L’administrateur qui a publié cette publication se voit affublé d’un mois de blocage. A nouveau un comble. Nous faisons bien entendu appel et une heure après Facebook reconnait son erreur après étude de notre cas.

Quality citoyens fn

Sauf que et de un,  l’administrateur reste bloqué (malgré nos appels multiples) , et de deux, nous constatons dès le lendemain une chute vertigineuse de la visibilité de nos publications sur facebook.

Bien sûr, à nouveau, nous envoyons des appels à Facebook qui reste muet. Mais oh surprise, nous apprenons dans les heures qui suivent que beaucoup de pages politiques ont subi le même sort!
Mediapart et Clubic ont même publié des articles sur le sujet.
Notre administrateur bloqué se retrouve criblé  de justifier son identité, par facebook. Par un numéro valide de téléphone, tout d’abord, puis par une demande d’une « photo de face » (!!!!!), et enfin par une copie d’une pièce d’identité (???).

Quelle est la raison de tout ce flicage, est il réellement justifiable/légal? Notre administrateur est bien connu par facebook et n’utilise même pas de VPN. Il dissimule juste son vrai nom ayant été multi-harcelé il y a encore quelques temps. Or Facebook avait pourtant assuré qu’il préserverait l’anonymat quand la raison et la nécessité l’exigerait. Facebook ment donc sur ce sujet, et au vu de nos expériences se moque complètement du harcèlement en règle du péquin lambda, fût il un administrateur d’une page facebook.

Et la question reste posée, quel est le sens et la raison de tout ceci? Raison algorithmique, erreur, politique? Il est à noter que toutes les pages visées se revendiquent -plus ou moins- « antifas » et soutiennent le mouvement des GJs.

En ce qui nous concerne le mouvement des GJs, nous avons bien entendu la colère sociale, mais nous y dénonçons la présence de l’extrême droite, et ce dès le début. Nous avons toujours accompagné les luttes sociales, puisque on est « progressistes » et universalistes, mais nous ne saurions nous taire ou dire que cette présence ne nous posais pas de problème. Nous savons qu’il y avait des gens sincères, mais par contre on peu remarquer une nette progression du confusionnisme et du conspirationnisme

Tout ceci pour dire que Facebook ne s’attaque pas uniquement aux « Cortèges de têtes », mais aussi à des groupes comme le nôtre qui sont considérés comme « plus modérés ».
Par contre le réel point commun de tous ces groupes, c’est que sous une forme ou une autre, ils luttent activement contre l’extrême droite… C’est le seul réel point commun. Ce qui ne laisse pas d’inquiéter.

Mais ce n’est pas tout.
Twitter est aussi entré dans la danse hier soir 30 août.
Notre compte twitter a brusquement été bloqué. Cerise sur le gâteau, Twitter nous a fait entrer dans un « consent loop » ce qui rend presque impossible toute contestation!

Le loop « Consent Flow » de Twitter

Ça commence à faire beaucoup et sans être paranoïaque à ressembler à une action concertée.

Nous avons pensé parmi les possibilités de problème que Facebook nous mettait en face d’un bras de fer pour « payer » de temps en temps les publications. Notons que nous l’avons déjà fait quelques fois. Nous avons donc sponsorisé une publication. Réaction immédiate de Facebook qui nous renvoie devant une nouvelle fonctionnalité: nous devons désormais pour sponsoriser des publications « politiques » ou « sociales » avoir des comptes confirmé par facebook! Plusieurs de nos admins s’y sont collés, et nous avons du, à nouveau nous soumettre à un véritable contrôle de police, numéros de téléphones, pièces d’identité, etc…
Et nous avons été « certifiés » très vite. Par contre notre publication n’a pas plu à Facebook et la publicité refusée. Chose bizarre, il n’empêche que dans les stats cette publication échappe au déréférencement de facebook:

Essai de publication sponsorisée

A n’y rien comprendre ou presque, car ce matin, notre équipe apprend une curieuse nouvelle venant de facebook. Celui ci semble vouloir rendre payant ces services… Coïncidence?

La semaine précédente, la numéro deux de Facebook avait indiqué qu’une version du réseau social sans publicité devrait absolument être payante.

« Nous avons déjà des options pour se désinscrire de certains ciblages », avait expliqué Sheryl Sandberg auprès de la chaîne de télévision NBC. « Nous ne disposons pas d’un outil pour retirer toutes les publicités ciblées, à un haut niveau. Dans ce cas, nous proposerions un produit payant. »

En attendant nous nous perdons en conjonctures, mais nous pouvons déjà en dire quelques petites choses. Et notre conclusion -provisoire- est extrêmement dérangeante, vous allez le voir.

1)Reconnaissons-le, à cette heure, nous ignorons tout des motivations et des actes de Facebook, ceux-ci nous laissant, comme d’habitude, dans l’ignorance.

2)Nous ne pouvons que constater un acharnement contre nous par de multiples actions qui s’apparentent à des pratiques policières vexatoires et abusives. Précisons que nous ne sommes pas un collectif tenus par des inconnus, mais une association légale associative, régie par la loi de 1901. Ce cadre nous donne quelques droits, mais nous savons que nous sommes identifiables et susceptibles d’aller au tribunal pour injure, diffamation ou autres. Nous faisons donc particulièrement attention au contenu de nos publications. En 5 ans, nous n’avons été pointé qu’un fois par facebook et encore celui-ci a reconnu son erreur. En conséquence, ceci s’apparente avec une volonté de museler une opinion différente et non des comportements délictueux. C’est donc bien un acte POLITIQUE de Facebook.

3)Les différents blocages de nos admins montrent que ceux-ci s’acharnent sur certains administrateurs. Corollaire évident, pour gérer un tel acharnement, facebook met nécessairement en place des listes de « persona non grata ».

4)D’autant que d’autres pages, que l’on peu apparenter à la nôtre, sont également touchées. Facebook prend donc parti.

5) Et c’est le plus grave, il prend parti contre ceux qui luttent contre les diffuseurs de fake news, de haine, d’appels à la violence. Car à ce jour, aucune page d’extrême droite n’est touchée.
Facebook, depuis des années, se fait pointer, pour laisser les diffuseurs de rumeurs, de fausses nouvelles, d’agresseurs publier à peu près ce qu’ils veulent. Et la réponse est TOUJOURS la même: facebook fait « ce qu’il peut » et « y travaille ».
Sauf qu’avec cette affaire Facebook montre qu’il a possibilité d’action concertée et efficace contre ces pages! Le paradoxal, c’est que Facebook en attaquant un « groupe » de pages d’opinions politiques montre qu’il peut le faire pour n’importe lequel et qu’il épargne bien complaisamment les menteurs, les manipulateurs et ceux qui appellent au racisme, à l’antisémitisme, à la violence, au meurtre et parfois même à la réouverture des camps de concentration…
Notre association administre également un groupe privé de « signalement concert », et vous n’imaginez pas combien c’est dur de voir nos signalements retournés par les autorités de facebook comme « ne contrevenant pas à la politique de diffusion de facebook ». Disons le ce genre de publications pullulent sur facebook, et celui-ci ne fait … rien.
Sauf que maintenant, nous avons la preuve que facebook peut faire quelque chose.
Sauf que les gros diffuseurs de ce genre de publications PAYENT facebook. Ce sont des annonceurs qui rapportent à cette entreprise… Il faut donc être clair, facebook accepte la présence de l’extrême droite sur son réseau, parce que celle-ci l’enrichit.
Nous sommes donc devant une attitude particulièrement odieuse de Facebook qui joue double jeu sur ce sujet.

En conclusion, nous continuons nos démarches pour nous faire rétablir dans la « normalité ». Nous avons contacté des journalistes et comptons bien interpeller d’autres partenaires dans les jours prochains si la situation ne s’améliore pas et si facebook ne nous donne pas une explication claire et une alternative acceptable. Si facebook devenait payant pour les groupes politiques, c’est quelque chose auquel nous réfléchirions. Mais cela impliquerait des contreparties pour facebook et en particulier un SAV réactif et non des fantômes injoignables. Ce que nous voulons c’est que l’on nous mette dans une situation claire et dans laquelle nos choix sont éclairés.
Et enfin, nous allons mettre combattre cette politique qui consiste à laisser passer des publications CLAIREMENT délictueuses et des dizaines d’infoxs et de rumeurs de façon journalière, tout en prétendant ne pas pouvoir agir, alors qu’aujourd’hui, nous savons que ce n’est pas le cas.

Enfin nous faisons appels à nos lecteurs/sympathisants pour relayer, expliquer cette histoire. Facebook et Twitter n’aiment pas la lumière, surtout quand elle éclaire leurs comportements douteux. Nous avons besoin de vous pour cela.
Merci par avance.
Antifascistement vôtre

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