10 juin 2013 | Temps de lecture : 6 minutes

« Esteban Morillo, l’innocent qui a tué Clément Méric, défendait les animaux » : en réalité, c’est un militant néonazi

Les soutiens d’Esteban Morillo voudraient faire passer le meurtrier pour un doux agneau, faire de lui la victime, et non pas Clément Méric qu’il a tué sous ses coups.  (voir aussi « Clément Meric était un violent » : trucage d’une photo de la presse allemande )

esteban Morillo fake animauxAinsi, Alexandre Gabriac, le leader du groupe fasciste « Jeunesses Nationalistes ». Il nous présente Esteban Morillo comme un doux défenseur de la cause animale …

Certes, la photo est authentique.

Mais il s’agit bien d’un hoax, d’une intox qui voudrait faire croire que le meurtrier ne s’intéressait qu’au sort de nos amis les animaux.

Le rappel du passé de Morillo, (ci-dessous, par le Courrier Picard) est éloquent.

Par ailleurs, on sait que sous prétexte de « cause animale », l’extrême-droite cherche souvent à étendre son influence. On s’en prend tout particulièrement au rituel musulman ou juif pour l’abattage : ces pseudos défenseurs du bien-être animal veulent surtout propager la haine, en parlant de « barbarie » musulmane ou juive.

Et ils ne sont guère émus par le sort de nos poulets, « de souche », élevés en batterie, ni par les conditions d’élevage des cochons ou par le gavage des oies, des traditions bien françaises ….

Sur les pages et sites de propagande fasciste, on publie la photo en masquant la personne toute proche d’Esteban Morillo.

Des internautes l’ont retrouvée, posant en compagnie de militants de Serge Ayoub et de son groupe 3ème Voie / Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires : « Nath Animaliste » sur Facebook.

Au dessus de cette Nathalie, au troisième rang : Esteban Morillo :

 

Esteban Morillo : un militant néo-nazi avéré

 

Courrier Picard, 8 juin 2013  : Le meurtrier présumé de Clément Méric est originaire de Picardie

Soupçonné d’avoir tué le militant antifasciste mercredi à Paris, Esteban Morillo a grandi dans l’Aisne, près de Château-Thierry. En 2010, il avait été interpellé pour des activités néonazies.
Il a 21 ans. Esteban Morillo est aujourd’hui présenté comme l’auteur présumé des coups qui ont tué Clément Méric. Né le 4 décembre 1992 à Cadix en Espagne, il s’est ensuite installé, avec ses parents, à Neuilly-Saint-Front, non loin de Château-Thierry dans le sud du département de l’Aisne.
En 2010, à la demande du maire de cette petite localité, une enquête est ouverte par la gendarmerie locale. Plusieurs personnes se sont émues du fait que Morillo et trois de ses amis se livrent très régulièrement à des provocations. Des saluts nazis sont effectués lors du passage de témoins. Ces quatre comparses ont tous le crâne rasé et portent des pantalons de treillis noir et des rangers avec lacets blancs.
Les gendarmes effectuent des perquisitions et découvrent divers objets démontrant clairement l’engagement néonazi de ces jeunes gens. C’est ainsi que des drapeaux portant une croix gammée, le sigle SS et la Totenkopf (tête de mort) nazis sont découverts.
[…]
MISE A JOUR, 10 juin,  11H45  

[……..]  D’après mes recherches, le cliché a été pris le 24 novembre 2012, à Paris, à l’occasion de la « Marche contre la fourrure ».

Esteban Morillo y défile en tenant une banderole, que j’ai pu identifier comme étant celle de la « Section Défense Animale », association qui sera officiellement déclarée à la Préfecture de police le 28 février 2013. Son siège social est situé au 10, rue Primatice 75013 Paris.

Or, cette adresse parisienne est une des deux utilisées par la mouvance Ayoub (avec le 92, rue de Javel où se situe au rez-de-chaussée « Le « Local »). Serge Ayoub avait en effet repris la librairie d’extrême droite qui s’y trouvait pour la transformer en 2012 en boutique « Bad StreetShop ». Depuis le 4 octobre 2012, deux membres du bureau politique de Troisième Voie y ont domicilié leur activité professionnelle.

De fait, Alexandre Gabriac a certainement récupéré l’image sur le (maigre) site Internet de la « Section Défense Animale », où elle figure avec d’autres sous la légende « Notre équipe lors de la manifestation du 24 novembre dernier contre la fourrure ». (note Debunkers : non , Gabriac  repris cette photo de la page facebook  « Soutenons Esteban -officiel)

Enfin, sur une vidéo postée sur la « chaine officielle » YouTube de Troisième Voie on peut lire en toute transparence que c’était « la première fois que des partisans de Troisième Voie défilaient avec des organisations de tous bords et de tous horizons pour défendre « la protection animale ». [……..]

MISE A JOUR 10 JUIN 20 H  
Cette « Section de Défense Animale », satellite qui se voudrait discret du groupe de Serge Ayoub, ne peut s’empêcher de dévoiler ses penchants xénophobes et son goût de « l’action directe »  :
«  … Notre combat ne sera pas virtuel, il sera concret, dans la rue…Nous serons toujours là pour nous battre contre les trafics d’animaux perpétrés en pleine rue par les minorités peu assimilées et venues d’un peu partout …. »
MISE A  JOUR 11 JUIN 16 H

Marianne,10 juin 2013 : Serge Ayoub, starlette de la violence […..] Avec une extraordinaire mauvaise foi, Ayoub a tenté de retourner l’événement en la faveur des crânes rasés, incriminant « l’extrême gauche », qui incarnerait la « violence aujourd’hui ». « L’extrême gauche, si vous n’avez pas leur coupe de cheveux, si vous n’avez pas leur blouson, s’arroge le droit de menacer et de frapper les gens », a-t-il osé sur le plateau d’Itélé. […..]

La courte vidéo qui suit (ici, sur Youtube)  lui rafraîchira peut-être la mémoire. Il s’agit d’un extrait de reportage réalisé dans les années 90 (Ayoub était déjà friand des caméras de télévision). On y voit Ayoub arpenter les catacombes avec ses amis, des bières à la main. Et c’est ainsi que « Batskin » raconte qu’ils descendaient « sous la rue » au milieu des années 80 pour « corriger » ceux qui y « faisaient la fête » : « les anarchistes, les communistes et autres drogués ». A la question « qu’est-ce que vous leur faisiez ? », celui qui, aujourd’hui, joue les vierges effarouchées répond fièrement : « Ce que fait tout skin quand il rencontre un ennemi : lui taper la gueule ».
Et comment reconnaît-on l’ennemi ? A « une étoile rouge et une tête de premier de la classe », répond-t-il du tac au tac. Frémissant, au regard des événements et du profil du jeune homme de 19 ans décédé la semaine dernière.
Gabriac, le fasciste qui soutient le meurtrier néonazi
28 avril 2012, en Italie, « hommage » à Mussolini.  Alexandre Gabriac, faisant le salut fasciste.
Croix celtique et Chemise bleue,  « uniforme » de l’Oeuvre Française, inspiré des Chemises Noires de Mussolini et des Chemises Brunes nazies.

Ras L’ Front – Isère : 7 octobre 2012  Les 2 leaders néofascistes Gabriac et Benedetti (accompagnés de leur relais local, Thomas Joly « Parti de la France » , ancien  responsable FN, et par d’autres crânes rasés de la région, le « Picard Crew »)  devant le chantier d’une mosquée à Beauvais, où ils ont fait une pose-photo avec une banderole « Foutons les dehors ! Jeunesses Nationalistes » 

De nouveau, un  encouragement délibéré  à la haine et à la violence,  qui ne peut rester impuni.

Communiqué de l’Oeuvre Française, mars 2013, dont  les Jeunesses Nationalistes d’Alexandre  Gabriac sont la  filiale jeunes « Le Maréchal Pétain, travaillant à travers la transformation des institutions et des mentalités à une véritable cohésion de la société, a, par son œuvre de Révolution Nationale, amplement contribué au redressement de la France et au bonheur passager de son peuple. »
…. A Issy-les-Moulineaux, ville dirigée par le centriste André Santini, la vitrine du local PS a été brisée. On a retrouvé quatre impacts de jets de brique », a expliqué Thomas Puijalon, secrétaire de la section socialiste de cette commune. « En bas, là où la vitrine n’était pas cassée, il y avait deux autocollants signés jeunesses-nationalistes.fr sur lesquels était écrit ‘homo, n’oublie pas que tu as eu un père et une mère’ « , a précisé Thomas Puijalon, qui a annoncé avoir porté plainte au commissariat. Il a estimé les dégâts à 5.000 euros….. Des faits similaires ont été signalés sur le local du PS à Villejuif, dans le Val-de-Marne. Là aussi, une vitrine a été brisée après le jet de pavés et des autocollants homophobes signés « jeunessesnationalistes.fr », un groupe d’extrême droite radical, ont été collés sur la devanture.

 

Les Jeunesses Nationalistes revendiquent leurs accointances avec des antisémites forcenés, comme Hervé Lalin (qui signe Hervé Ryssen) . Il y a tout lieu de supposer que tout ce joli monde collabore au site anti-juifs  (et anti-arabes bien sûr aussi) « Propagandes Info » qui, par exemple, ose écrire que le massacre du village d’Oradour  commis par les SS a été fomenté en réalité par les résistants, que les juifs, sous Pétain, pratiquaient la délation anonyme contre les « français de souche »… Comme l’Oeuvre Française, les JN ont des liens suivis avec les ex-OAS, les nostalgiques de « l’Algérie française », avec les fascistes italiens, avec les franquistes espagnols, avec les néo-nazis grecs d’Aube Dorée…. Un simple et rapide regard sur la page d’accueil du  site des JN est instructif.

 

Pour en savoir plus

 

 

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