09 mars 2016 | Temps de lecture : 11 minutes

Comment contrer la rhétorique d’extrême droite?

Rhétorique d’extrême droite (1)

Les Debunkers se confrontent régulièrement aux fafs sur leurs pages. Et au fur et à mesure du temps, ils en ont conclut que les auteurs d’extrême droite obéissent à des règles rhétoriques pour contrer leurs adversaires.
Nous avons tenté de retranscrire ces règles rhétoriques. Elles ne sont nullement exhaustives et si vous lecteurs en constatez d’autres vous pouvez nous contacter afin de les ajouter à cet article.

Ces règles vous sont données afin que vous-même voyez votre « performance » améliorée pour contrer l’argumentaire faf. Bonne lecture !

1) Utiliser des mots « contractés ».

 Exemple: « islamonazi », « ripoublique », « sioniSSte » Procédé bien connu de l’extrême droite, popularisé par l’oeuvre de Georges Orwell: « 1984 ».

N°1: bobolchéviques, gauchisses, gauchiasses, droidelomissses, islamo-gauchiste, Islamonazi, Islamidolâtrie

Le procédé est classique et ancien. A notre sens, c’est une marque de fabrique totalitaire. En effet, l’astuce consiste à relier dans l’esprit du contradicteur deux termes qui ne sont pas reliés par le sens ou sont même opposés.

Il a plusieurs conséquences/avantages certains:

  • tout d’abord il permet une ECONOMIE de débat, il assène une vérité toute faite basée sur aucune vérité réelle (précisons qu’un fait ne fait pas une vérité).
  • Il lie inconsciemment deux concepts que parfois tout oppose. Il nie l’importance capitale d’un des deux concepts en le relativisant (par exemple « islamonazi » permet de relativiser la Shoah et le phénomène nazi).
  •  il permet au frontiste si vous demandez une explication sur ce terme de se lancer dans une logorrhée à nouveau remplie de ce genre de termes, et sur une présupposition de votre niveau d’intelligence puisque définitivement, si vous n’êtes même pas capable de comprendre cela…
  • Enfin il induit (au mieux) une confusion, ou (au pire) la colère. Ce qui va vous faire changer de registre. Le registre du frontiste est l’émotionnel qu’il maîtrise généralement mieux que vous.

Attention à ne pas quitter celui de l’argumentation.

 

2) Reprendre des citations d’auteurs présumés anti fafs de par leur action, symboles des lumières ou de la gauche à son avantage.  

Manipulation de l’histoire. C’est une variante spécialisée de l’argument d’autorité.

C’est devenu courant… Nous citerons pour exemple quelques classiques: « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire » ! de Voltaire, le « A celui qui n’a plus rien, la Patrie est son seul bien » de Jaurès qui suffiront à la démonstration… Où est le problème? Et bien il est simple. Ces phrases colportées sur Internet sont…FAUSSES.

 

Nous le verrons souvent, un des talents du #RN est sa maîtrise de l’histoire et de la pensée en manipulant celle ci (Orwell a trouvé des adeptes). Dès lors il importe dans toute discussion avec un frontiste de vérifier les phrases et les sources, fort souvent (à notre expérience 90% du temps-statistique au doigt mouillé-), les références sont inventées, fausses, tronquées ou truquées. A vous donc d’acquérir cette gymnastique de remise en cause de la parole donnée et d’aller chercher vous même la référence. Avantage certain: la discussion dès le départ s’oriente en votre faveur.

Fausse citation de Churchill

3) La victimisation

Grand classique de la rhétorique d’extrême droite!!!! Indispensable!

Ouin Ouin Ouin

Rappelons qu’à l’origine, il concerne des mouvements plus ou moins minoritaires qui à tort ou à raison s’estiment victimes d’abus d’une autre minorité ou bien de la majorité: les femmes, les descendants des colonisés, etc…

Dès son origine, le #RN se présente comme une victime de l’injustice d’un système « politico médiatiaco boboïsant ». Sous entendu évident: « nous » disons la vérité (rappelez vous du fameux slogan: « JMLP dis tout haut ce que les français pensent tout bas »), « eux » mentent, et pour pouvoir faire perdurer leur mensonge, ils doivent « tricher » et faire main basse sur tous les moyens de communication.

C’est facile, pas cher et ça peut rapporter gros.

  • Tout d’abord, parce qu’on a du crédit, de la sympathie pour les victimes, pas pour les bourreaux.
  • Le débat est personnalisé, mis sur un rapport affectif et non intellectuel que le RN peut et doit craindre.
  • Il permet d’éviter le débat du « pourquoi » le RN est mis au ban des autres partis (malheureusement ces mêmes autres partis esquivent eux aussi ce débat…).
  •  Il permet de présenter le débat sous une forme simple: « nous » sommes les gentils, « eux » sont les méchants.

« Caroline Eliacheff et Daniel Soulez Larivière, comme Erner, voient dans le prestige et le crédit inédits accordés aux victimes une conséquence de la place prise par la politique-spectacle, mais aussi de la fin de la guerre froide. Il est plus facile de soutenir les victimes d’un fléau quelconque que de s’engager politiquement dans un monde complexe, estiment les premiers, car, au moins, « on est sûr de ne pas se tromper de cause » – ou, du moins, c’est ce que l’on croit. « .

Aujourd’hui ce discours est battu en brèche par l’omniprésence de MAPLP dans les médias. Le frontiste ne peut plus guère dire que la fille fait l’objet du même traitement que le père, à moins de passer pour ridicule. Mais la technique est désormais bien ancrée et ressort souvent dans chaque discussion avec un frontiste. C’est pourquoi nous conseillons souvent de vous méfier de ce genre de tactique et de tout ramener à une grande intellectualisation des rapports, évitez de parler de vous à tout prix; sortez des rapports d’émotions.

 

4) Le « gloubiboulga »

Le gloubiboulga est une tactique de rhétorique d’extrême droite, variante spécialisée du « mille feuilles argumentatif« .

D’aucuns se souviendront de cette charmante recette issue de la série « L’Ile aux Enfants »: composé de chocolat râpé, bananes écrasées et confiture de fraises avec de la moutarde et de la saucisse de Toulouse crue mais tiède…

Point gloubi boulga

Le frontiste, c’est pareil. Quand il vous répond, c’est par un monologue indigeste mêlant, les collabos, les bobolchéviques (voir tactique N°1), les « arguments » émotifs élevés au rang du fait intellectuel », et surtout répondant sur dix choses à la fois. C’est comme le goubiboulga, individuellement vous auriez bien mangé de chaque ingrédient (un ou deux à la limite) mais le tout ressemble à une soupe indigeste dont vous ne savez que faire, comment la manger, et pire la digérer.

Ne tombez pas dans le panneau! Répondez point par point en séparant les problèmes. Faites un post par point. Ça déstabilise terriblement le frontiste et vous permet d’envahir l’espace médiatique.

5) Ne jamais répondre

Et oui. Qu’elle est simple cette tactique!  Ne jamais répondre à la question posée, jamais, jamais! Parce que vous savez que quoi que vous répondiez vous aurez tort. Différentes techniques existent pour esquiver le sujet:

  • Ne pas répondre du tout (le temps passant vous pourrez rebondir sur un autre sujet, puis prétendre ne pas avoir lu la question – ça vous donne du temps pour réfléchir)
  • Accuser en réponse à une accusation. Lorsque vous accusez le RN de contenir en son rang des tortionnaires, ne répondez pas, accusez les autres d’en avoir aussi dans leurs rangs. Un crime n’en excuse jamais un autre pourtant…
  • Réutiliser les autres tactiques des mots valises, gloubiboulga et autres, afin d’avoir une réponse encore plus embrouillée à un point que le gloubiboulga grossisse encore
  • Accuser l’autre d’ignorance ou de stupidité (« mais que tu es stupide », ou « par Zeux et Toutatis, comment peux tu ne pas comprendre cela »). En général, si vous arrivez à repérer ce genre de tactique c’est plutôt bon signe; cela signifie que le fronteux adverse est incapable de vous expliquer aussi cette définition, ou alors il sent que ça va le desservir.
  • L’insulte, la menace…classique
  • Faire intervenir un autre fronteux (ou un de vos fakes fronteux) pour détourner l’attention.

L’extrême droite ne peut pas déployer sa rhétorique face au silence. Don’t feed the troll !

6) je ne suis pas raciste, mais.

je ne suis pas raciste/homophobe/antisémite, car j’ai des amis « arabes », gays, juifs parmi mes amis… »

Tactique extrêmement courante dans la rhétorique d’extrême droite. Très récemment  (2011) lors d’un voyage en Israël, MAPLP utilisait cet argument et évoquait « un certain nombre d’amis juifs ».
Qu’il est singulier cet argument, qu’il est significatif de la pensée classique de droite et d’extrême droite!

Sans vouloir en faire une vérité universelle, le contradicteur de gauche utilise plus couramment des statistiques des éléments généraux. Et il va se servir de celles ci pour se forger une conviction. Le contradicteur de droite (extrême droite) utilise facilement comme argument un élément personnel de sa vie comme justification de sa pensée ou de son action.

Exemple sur la peine de mort, celle ci est justifiée par la peine (légitime certes)  que peut éprouver le(s) proche(s) d’une victime lors d’un fait divers sanglant. Si on prend la peine comme une punition et exclusivement comme cela alors on comprend mieux pourquoi « ils » la justifie ainsi. Très rarement, ils justifieront l’existence de celle ci par une diminution de la criminalité, la diminution de la récidive…
En fait cette tactique marque une difficulté à intégrer des faits passés, comme faisant partie de son héritage politique.

Exemple grossier: les nazis ont fait des choses horribles, vous affirmez que mon parti est raciste (et peut donc reproduire ces faits horribles), mais ce n’est pas vrai PUISQUE je ne suis pas raciste, ETANT DONNE que j’ai des amis juifs…

Cela ne répond pas au problème. On peut même supposer que certains tortionnaires avaient des amis juifs…avant… On se rappelle de la saillie d’Hortefeux à propos des « auvergnats »:

« Quand il y en a un ca va, c’est quand il y en a plusieurs qu’il y a des problèmes ».

Quel est le sous entendu simplissime? Un arabe ca va, on peut même être ami avec lui, mais quand il y en a plusieurs, cela pose des problèmes (rhétorique xénophobe).
Cette tactique permet de dévier dans le registre de l’émotion plus prisée que celui de l’intellectualisation, et par là même dans les autres tactiques habituelles (particulièrement de victimisation). Inutile de leur faire une longue tirade pour répondre à cet argument! Nous proposons une réponse simple:

« C’est comme moi, je ne suis pas anti RN, puisque j’ai un ami RN »…

Simple, net et sans bavure. Cela permet de faire comprendre que vous n’êtes pas dupes de la tactique et cela retourne la situation en votre faveur. Enfin, le contradicteur se retournera généralement vers un « mais si! ca ca ne prouve rien! » et là vous pourrez lui asséner un « comme pour toi »…

7) La tactique du « disque rayé »

Disons le tout net elle diffère sensiblement des conseils des marchands de PNL (Programmation Neuro Linguistique) puisque son but n’est pas de vous faire accepter de l’autre, mais surtout de l’embrouiller.
Koikèsàdire?
Simple. Vous répétez inlassablement les antiennes du RN sur la nation, l’umps, les immigrés, et bla et bla et bla. Dès qu’il vous semble que l’adversaire prononce un mot clé, hop vous ressortez les vieux poncifs. Si ce n’est pas vous, vous avez toujours à coté un autre petit camarade qui vous aidera dans ce sens.
Au pire, il vous reste votre fake, celui qui osera dire tout haut ce que vous n’osez pas dire, même tout bas. Avec un peu de chance, votre adversaire est déstabilisé et vous sortez la tête haute du combat verbal…
Pas facile de se sortir de ce guêpier verbal, surtout lorsqu’on y est pas rompu et que l’adversaire (en apparence) vous offre de quoi le moucher sur un autre sujet. C’est une grave erreur tactique!
Attachez vous à ce que vous avez dis en premier et faites vous un devoir de répéter en boucle (à vous d’utiliser la véritable technique du disque rayé) que votre contradicteur frontiste n’a toujours pas répondu à votre question et que celle ci était: …
Vous pouvez agrémenter avec des « ma question est si gênante que vous l’esquiviez? » ou des choses du même genre. Attention de ne pas rentrer dans cette tactique frontiste qui est redoutable car elle va lui permettre de ressortir à l’envie TOUTES les autres tactiques de victimisation, de mots valises etc… Et encore une fois vous marchez tout droit vers le redouté gloubi boulga frontiste dont il est si dur de sortir.

8) les fakes

Soyons clairs, le frontiste ne fait pas dans le fake qui s’infiltre et observe. Non là c’est nettement plus actif. Il va utiliser de faux comptes dont chacun à un rôle :

  • le faux gauchiste, il vous comprend, il est avec vous, il travaille est à la CGT (par exemple) MAIS il vote RN
  • le nazi hystérique, et oui tous ces fakes ne sont pas de vrais nazis, il n’y en a pas tant que cela heureusement. Par contre vous aurez l’impression après leur passage que le frontiste qui vous les brisait menu menu est presque sympathique…
  • le paranoïaque, celui là c’est le spécialiste du com à 20 lignes, et qui pratique le gloubi boulga paranoïaque à merveille, il vous assène des vérités soraliennes toutes les trois minutes et pratique la salade de mots avec dextérité
  • le sauveur, il peut être n’importe lequel des autres styles. Son but est de couper la conversation qui tourne à l’aigre en insultant, changeant de sujet, restez concentré sur l’objectif premier…
  • le débiteur de slogan, facile celui là est juste là pour faire monter les charts google du RN, et vous fatiguer au passage
  • l’abruti, celui là est redoutable, vous en arrivez à plaindre vos contradicteurs d’avoir un tel boulet avec eux…en attendant il remplis son office; alléger le fronteux que vous étiez en train de vous faire verbalement…Bloquez le temporairement pour ne plus avoir à subir ses posts incompréhensibles, kaffi de fautes.A vous pour d’autres descriptions

 

 

9) Le slogan

Alpha et oméga de l’argumentation frontiste. Vous écrivez un article bien argumenté: un slogan. Vous répondez de façon argumentée à un fronteux: un slogan. Wiki nous définit le slogan comme suit:

« Un slogan est une formule concise et frappante qui exprime une idée qu’un émetteur veut diffuser ou autour de laquelle il veut rassembler (fonctions respectives de recrutement, reconnaissance et ralliement). »

Une formule et c’est tout. Comme toute formule elle est conçue par ceux qui savent les faire et elle sert de cache sexe pour masquer la vacuité des arguments, voire l’absence d’argument tout court. Les fronteux sont très forts en slogan. Allez, statistique au doigt mouillé: 3/4 phrases émises sont des slogans.
Chez les fronteux il est souvent associé au  néologisme.
N’essayez pas de répondre au slogan. Inutile. Par contre, n’oubliez pas de le faire remarquer. La variante, c’est le lien ou le panneau avec la fausse citation (voir tactique N°2)

10) La croyance du bouc émissaire

Disons le tout net ce n’est pas une tactique, ni de la politique, ni une rumeur, c’est tout à la fois.

Le discours fronteux est basé sur un axiome: ce qui vient de l’étranger est menaçant pour la France. L’alpha et l’oméga de leur système de pensée. Tout viens de là et tout reviens là. Jamais on n’en sort complètement. Toute explication à un fait, un phénomène, un enchaînement se rapporte à la méfiance/haine détestation de l’étranger.

A partir delà, ils croient TOUT et surtout n’importe quoi. C’est frappant. Dès qu’un de leur « journaux »/site internet rapporte quelque chose: ils croient, ils sont sûrs, ils sont horrifiés/scandalisés/révoltés. C’est une auto croyance qui se renforce puisque déjà croyants, ils ne cherchent pas à vérifier la véracité de l’info. Or à notre connaissance, jusque là, on démonte encore et toujours très facilement ce genre d’infos. C’est ce qui prouve qu’ils ‘agit non pas à la base d’un raisonnement basé sur des faits mais une conviction, un dogme.

Vous avez beau leur démontrer par A+B que c’est faux (le site des Debunkers est à votre service), ils se justifient par autre chose, puis autre chose et ainsi de suite. A notre avis cette croyance est basée sur une dévalorisation de soi, qui entraîne une peur envers l’objet supposé de la menace.

Ce qui supposerait de les rassurer. Ce qui n’est pas gagné.

 

11) Les « symboles »

En fait vous commencez à en voir si comme nous, vous fréquentez les sites FN/RN ou de l’ED (extrême droite). Vous remarquerez que ces enclumes ont du mal à vous avouer ce que c’est.
En fait c’est un signe de reconnaissance entre faf. Il « transcende » les groupes divers de la droite extrémiste pour signifier qui vous êtes. Soit disant blabla un « résistant » contre le système qui les opprime. Y compris « l’islam », les fariboles du « nouvel ordre mondial », les « gauchossocialoscollabos », etc… la même rhétorique habituelle et ennuyeuse.
Ils peuvent être un geste (comme la quenelle) un symbole vestimentaire, ou bien un sigle, comme le « R » de « R »ésistons. Plus récemment les fameux slogans de « Q » comme « WWGOWGA » « Where we go one, we go all » (« Là où va l’un d’entre nous, nous allons tous »).

Ces signes, nous les avons décrit à plusieurs reprises.

  • Le sociolecte (mécanisme important dans la rhétorique d’extrême droite)
  • Le dog whistle, cette façon de faire passer un message de façon cryptée.

Il leur permet de se reconnaître entre eux. Le but est de montrer leur présence.
Mais c’est aussi un talon d’Achille pour les infiltrateurs de groupe RN puisque ceux ci font confiance presque aveuglément à ce signe.
Il semble important de les connaitre afin de savoir à quel groupe, on a affaire.

 

Cet article sera probablement réactualisé, nous espérons de manière régulière. Nous attendons vos contributions !

Pour en savoir plus :

 

 

 

 

 

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