03 mai 2025 | Temps de lecture : 23 minutes

Aux « Frontières » de la collaboration et de la propagande

Zemmour, Frontières, Erik Tegner, Garen Shnorhokian et toutes ces sortes de choses

Les extrêmes droites sont embarquées depuis des décennies dans une opération de gramscisme politique qui consiste à falsifier l’histoire. Rien de neuf malheureusement, les extrêmes droites sont TOUJOURS engagées dans ce genre d’opération quel que soit le moment. Celle dont nous vous parlons aujourd’hui est une double opération. D’un coté, cracher sur la gauche, de l’autre réhabiliter droite/extrême droite de la collaboration. Nous avons déjà écrit plusieurs articles sur ce sujet qui est un marronnier de l’extrême droite où le parti de Zemmour est maintenant à la pointe de ce combat.

Nous avions par exemple écrit cet article sur les 4 principales falsifications des extrêmes droites sur la collaboration, ou celui, plus récent, sur l’accusation Hitler=socialiste. Absurde nous direz vous? Certes. Mais vous avez les bon ancrages historiques pour y résister. Ce n’est pas le cas de ces gens dont on ne sait trop si c’est l’ignorance ou le processus mental particulier des complotistes qui les y a mené.
L’un n’empêche pas l’autre, c’est certain.

I) Zemmour, Frontières, Erik Tegner, Garen Shnorhokian et toutes ces sortes de choses

1)Et là, c’est le drame

Pour comprendre, il faut d’abord retracer la succession des évènements survenus.
Ce « drame » se décline en 3 actes.

  • Acte 1

le « média » fascisant « Frontières publie un article, pardon, commet une bouse, sous la plume de Garen Shnorhokian et dont voici la partie qui nous intéresse:

La bouse de Frontières

Le reste de cet écrit est à l’avenant, et la totalité mériterait une réponse cinglante. Mais dans le cas qui nous intéresse nous voulons juste démonter la propagande soit disant factuelle des fâcheux fachos.

  • Acte 2

Le magazine Marianne, souvent mal inspiré se fends d’une réponse. Or, vous en jugerez, la réponse est plutôt gentille et courte. Un édito:

  • Acte 3

« Fureur » feinte de Frontières/ Shnorhokian qui en fait des tonnes. Pensez donc, pour une fois qu’on parle d’eux, et sortent de l’inexistence, ils ne vont pas louper de monter la mayonnaise, même sans huile et sans œufs!
Shnorhokian va donc produire une nouvelle réponse, pardon commettre une nouvelle bouse pour renchérir.
Et Frontières/Shnorhokian vont publier cette réponse sur « X »  non pas une fois, mais … 7 fois !!! C’est dire pour eux, l’importance de cette entreprise de propagande…

Ca n’en fait pas une réalité pour autant.
Maintenant voyons un peu qui sont le trouple Tegner/Frontières/Shnorhokian.

2) Les acteurs

« Frontières », anciennement « Livre Noir » est un média d’extrême droite. Nous en parlions brièvement ICI. Et la prédiction était bonne, Livre Noir a bien implosé pour donner naissance à Frontières. Nous y reviendrons d’ailleurs plus tard sur un point du debunkage qui nous intéresse aujourd’hui. Loin de la neutralité entre partis de certains de ces médias, lui soutient ouvertement Zemmour et sa ligne. D’ailleurs plusieurs de ses plumitifs sont candidats chez « Reconquête ».

Son gourou, Erik Tegner est un identitaire qui oscille entre RN, LR et la frange ultra réactionnaire de Zemmour. Partisan d’Orban et de la Russie Poutiniste, il est sur une ligne économique ultra libérale. Enfin, disons le c’est un charmant personnage accusé de mener un management toxique oscillant entre pressions psychologiques, des menaces et chantage affectif. Il est notamment accusé de harcèlement et d’agression sexuelle par une ancienne employée. Charmant, on vous dit.

Enfin Shnorhokian, le plumitif au service du gourou navigue également dans cette fachosphère trouble. Une publication qu’il a retwitté vous donne une bonne image de ce milieu:

Issep, Radio Courtoisie, TVL, La Cocarde, l’OJIM, etc…

Ça y est, j’ai planté le décor,
créé l’climat de ma chanson,
ça sent la peur, ça pue la mort,
j’aime bien c’t’ambiance pas vous ? Ah bon !
Voici l’histoire proprement dite,
voici l’intrigue de ma chanson

Et comme dit la chanson, maintenant qu’on a planté le décor, voyons le fond du problème.

 

II) La collaboration, un morceau difficile à passer pour l’extrême droite

1)Contexte

Lorsque l’on s’aventure sur les terres de l’histoire de la fachosphère nous joue souvent le même refrain: « oui mais et le parti communiste ». Il est vrai que le PCF n’a pas eu un rôle très glorieux pendant la seconde guerre mondiale. Et que si beaucoup de communistes français ont gambadé dans le maquis dès l’arrivée des nazis, le rôle du PCF lui-même et pire de l’URSS a été ignoble.

L’URSS et la Pologne

Mais surtout, l’argument est mauvais car le PCF a fait sur ce sujet de l’URSS son aggiornamento. Ce n’est pas parfait, on peut trouver à y redire, mais tout de même. C’est très loin de l’extrême droite qui continue elle à gambader dans les kommandantur ou des Alpes de Berchtesgaden. Parfois jusqu’au plus haut niveau, le nazi n’est jamais très loin.

Les fondateurs du RN

Et « parfois » même, dans « Livre Noir »/ »Frontières », on trouve des néo nazis employés de cette charmante entreprise. Comme quoi les néo nazis ne leur chatouillent pas toujours le nez.

Et pire encore, loin de nettoyer leur passé, ils tentent de le réhabiliter. Et c’est très exactement ce que fait Frontières/Shnorhokian dans cette tentative. En même temps, c’est dans les gènes de Reconquête et de Zemmour qui tente depuis des années cette opération.
Dès 2014, il est contré par des témoignages d’anciens résistants, parfois même issus de l’extrême droite et repentis! Son opération proprement scandaleuse de réhabilitation de Pétain est du même acabit. Assertion mensongère à nouveau démontée par les historiens et en particulier Paxton qui est un des spécialistes reconnus de Pétain:

Il faut le rappeler, Zemmour et sa clique sont de toute façon engagés dans une vaste opération de réécriture de l’histoire qui est pourtant démontées en pièces par les historiens:

Mais soulignons le bien, Zemmour ne tente pas de faire de l’histoire, il fait de la propagande, illustrant là à merveille les préceptes de l’Angsoc de « 1984 »:

1984 Georges Orwell

2)L’offensive actuelle de « Frontières »

Chaque numéro de Frontières est une ode aux pires concepts de l’extrême droite et contient des attaques furieuses contre la gauche digne de la propagande des années 30:

Unes de Frontières

Et pourtant, ces numéros font souvent l’objet de critiques acerbes, sourcées et justifiées en règle qui devraient donner aux plumitifs de Frontières l’envie d’aller se faire seppuku avec une cuillère en bois sur le tas de compost au fond du jardin.
Comme par exemple « l’infiltration » risible d’une de leurs journalistes en bois d’arbre, Pauline Condomines, ancienne de Valeurs Actuelles, qui finira par porter plainte contre Tegner pour agression sexuelle… Un comble.

Infiltration de gribouille

En avril, Frontières publie une risible « cartographie de l’extrême gauche ». Un vaste fourre tout qui n’a ni queue ni tête analysé par nos amis des « Sleeping Giants« .

« Cartographie de l’extrême gauche »

Etc…etc…
Et c’est donc au détour d’un édito de Frontières que Marianne remarque la rhétorique pourrie qui les anime. Juste une phrase qui les aura fait réagir:

« La gauche a toujours collaboré, c’est dans son essence même. Hier avec les Allemands, aujourd’hui avec les nouveaux envahisseurs. »

L’attaque est lancée, elle est claire et surtout elle n’est pas nouvelle. A notre connaissance c’est en 2009 que Zemmour se lance dans la fraude à l’histoire. Une de ces interviews est récupérée et montée dans une vidéo intitulée « La gauche, mère de la collaboration » qui fera un temps florès en 2011. En voici le début:

Le ton est donné. Agressivité, interprétation des faits, négationnisme historique. Un peu plus loin, il donne une de ses sources, le fameux ouvrage de Simon Epstein « Un Paradoxe Français » publié en 2008. Commençons par le commencement. Il est FAUX d’affirmer comme Zemmour que ce livre est sorti « dans un silence assourdissant ». Ou Zemmour ne lis pas, ou il ment. Au contraire, ce livre a fait grand bruit et a été abondamment commenté dans la presse. L’article de wikipédia sur cet ouvrage le démontre clairement.
Mais ce livre n’est pas l’alpha et l’oméga de la recherche historique sur ce sujet. Et Epstein lui-même le reconnait.
Pire il est critiquable. Comme le fait l’historien Pierre-Frédéric Charpentier:

Professeur à l’Université Hébraïque de Jérusalem, Simon Epstein travaille depuis plusieurs décennies à l’étude de la vie politico-littéraire française. Mais c’est en historien du paradoxe que son nom est apparu ces dernières années sur le devant de l’actualité historiographique. Son précédent essai, Dreyfusards sous l’Occupation (2001), s’efforçait ainsi d’établir le ralliement des acteurs du mouvement dreyfusiste à la politique de collaboration. Or, son dernier ouvrage en date – dont le titre, Un paradoxe français. Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, résume la problématique – ne nous convainc pas davantage.

Bien qu’il soit réducteur de résumer le propos de l’auteur à ce titre, le clivage annoncé se révèle vite artificiel, en particulier dans sa dimension temporelle : les personnages évoluent ou non, et les différences de rythme sont parfois caricaturales. Plus encore, certains choix sont indéfendables, tels ceux de Panaït Istrati (mort en 1935 !) ou de Louis-Ferdinand Céline (dont le philosémitisme reste plus qu’hypothétique, comme l’admet lui-même Epstein), quand ce ne sont pas certaines omissions (quid d’Angelo Tasca  [30], par exemple ?). Mais, à la relecture, c’est encore l’absence de qualification de l’antisémitisme qui demeure le plus lourd des handicaps de l’ouvrage. Car, comment parvenir à distinguer, dans la longue liste des intervenants convoqués par Epstein, entre ceux qu’anime l’antisémitisme catholique, l’antisémitisme social ou l’antisémitisme racial ? Comment parvenir à saisir la complexité d’un Pierre Drieu la Rochelle  [31], réduit à un stéréotype peu convaincant ?

Toutes ces difficultés d’approche trouvent leur traduction dans l’énoncé des première et troisième parties, par trop simplistes (« Les antiracistes dans la Collaboration » ; « Les antisémites dans la Résistance »). Une interminable succession de courtes monographies tente de donner vie à l’une et à l’autre, sans jamais dissiper l’impression irritante de compilation tournant à vide.

Il n’est donc pas étonnant que la deuxième partie (« Mémoire des dérives et dérive des mémoires ») soit la plus intéressante des trois. S’y retrouvent ainsi des pages éclairantes, dont les plus abouties portent notamment sur « L’occultation de la mémoire ». Elles tournent autour du véritable problème qui préoccupe Simon Epstein, mais que celui-ci ne fait qu’effleurer : le passage. S’y posent les questions essentielles de la nature de l’engagement, de sa temporalité (est-ce un moment ou une durée ?) ou de la cause du revirement, sans oublier les enjeux de mémoire. Au final, si l’ouvrage s’avère aussi critiquable dans son postulat que décevant dans son aboutissement, on en retiendra cependant la lecture pour la somme impressionnante des références (parfois peu connues) qu’il rassemble. Et l’on souscrira aussi au vœu énoncé par l’auteur à la fin de l’avant-propos, estimant qu’à la lecture de son essai « un débat pourrait s’instaurer [et] une réflexion pourrait prévaloir » (p. 26). P.-F.C.

  • [30]
    Lire, dans le n° 7, le texte d’Angelo Tasca dans la rubrique « Textes & Témoignages retrouvés ». [n.d.l.r.]
  • [31]
    Lire, ibid., les comptes rendus de : Maurizio Serra, Les Frères séparés. Drieu La Rochelle, Aragon, Malraux face
    à l’Histoire et Victoria Ocampo, Drieu, ainsi que le compte rendu dans le présent n°. [n.d.l.r.]

Il faut admettre que l’engagement dans la résistance ou dans la collaboration fut complexe et que certains, issus de l’extrême droite, rejoignirent la résistance; tandis que d’autres, pacifistes, philosémites et de gauche basculèrent vers le régime de Pétain et le soutien au régime nazi.
Dire cela c’est un fait.
Et on entend d’ici les laudateurs de « Frontières » crier victoire « nous avons raison ».
Non en aucun cas. Car comme le dit PF Charpentier dans son compte rendu de lecture d’Epstein:

Elles tournent autour du véritable problème qui préoccupe Simon Epstein, mais que celui-ci ne fait qu’effleurer : le passage. S’y posent les questions essentielles de la nature de l’engagement, de sa temporalité (est-ce un moment ou une durée ?) ou de la cause du revirement, sans oublier les enjeux de mémoire.

« Le passage », « le revirement »… Et c’est là que tourne le nœud du problème. Posons le très simplement: si le fait que certains issus de la gauche aient rejoint la collaboration, sont ils ENCORE de gauche à ce moment là. Ont ils TOUJOURS des idées de gauche? Et le problème est là dans toute sa profondeur, tandis que la réponse est évidemment « non ».
Dire « oui » serait à peu près comme dire que « Hitler était socialiste » PARCE QUE NSDAP veut dire « parti National Socialiste ». C’est complètement idiot ou beaucoup plus probablement totalement manipulateur comme nous l’expliquions dans un récent article.

Récemment, nombreux sont d’anciennes « personnalités » de gauche qui ont rejoint ou le RN ou bien sont parti grenouiller dans leur coin avec leur propre formation fascistoide. On pourrait citer Frédéric Bort, Maxence Laurent, Andréa Kotarac, Gilbert Collard (passé successivement de la gauche, au centre, à la droite, puis au RN et enfin chez Zemmour; un exemple de retournement de veste et de changement d’idées),  Georges Kuzmanovic, ou encore Tatiana Ventôse
Par quelle pirouette intellectuelle, par quelle opération de propagande du Saint-Esprit peut on affirmer que ces gens seraient ENCORE de gauche??? Qu’ils en soient issus, c’est possible. Mais ce n’est pas le véritable problème, à nouveau c’est le passage, le retournement qui a conduit ces personnes vers le coté obscur de la Force.

Vient du coté obscur: on a des cookies!

Il est certain que les lignes de clivage de ce basculement dans les années 30/40 ont un grand intérêt historique. Difficile, comme Zemmour de placer cette ligne de clivage sur l’antisémitisme. D’aucuns antiracistes ont abandonné ce combat contre l’antisémitisme pour rejoindre la persécution des juifs ordonnée par Pétain (et que Zemmour défend aujourd’hui, va comprendre Charles!)
Le clivage semble plus pertinent sur le pacifisme.
Il est vrai que de nombreuses personnes dont Giono que cite Zemmour étaient pacifistes à l’extrême, au point qu’ils basculèrent dans la collaboration. Mais l’histoire c’est aussi le contexte, et ignorer toujours ce qu’on vécu les pacifistes des années 30 pendant la 1ère guerre mondiale est profondément idiot et empêche de comprendre.

Regardons (toujours Giono) ce qu’il a vécu à Verdun

J’ai oublié de dire que depuis plus de dix jours aucun de nous n’a de fusil, ni de cartouches, ni de couteau, ni de baïonnette. Mais nous avons de plus en plus ce terrible besoin qui ne cesse pas, qui nous déchire. Surtout depuis que nous avons essayé d’avaler de petites boulettes de terre pour calmer la faim, et aussi parce que cette nuit il a plu et, et comme nous n’avions pas bu depuis quatre jours, nous avons léché l’eau de la pluie qui ruisselait à travers les rondins et aussi celle qui venait de dehors et qui coulait chez nous par-dessous le cadavre qui bouche la porte. Nous faisons dans notre main. C’est une dysenterie qui coule entre nos doigts. On ne peut même pas arriver à jeter ça dehors. Ceux qui sont au fond essuient leurs mains dans la terre à côté d’eux. Les trois qui sont près de la porte s’essuient dans les vêtements du mort. C’est de cette façon que nous nous apercevons que nous faisons du sang. Du sang épais mais absolument vermeil. Beau. Celui-là a cru que c’était le mort sur lequel il s’essuyait qui saignait. Mais la beauté du sang l’a fait réfléchir.

Il y a maintenant quatre jours que ce cadavre bouche la porte et nous sommes le 9 août, et nous voyons bien qu’il se pourrit. Celui-là avait fait dans sa main droite ; il a passé sa main gauche à son derrière ; il l’a tirée pleine de ce sang frais. Dans le courant de ce jour-là nous nous apercevons tous à tour de rôle que nous faisons du sang. Alors, nous faisons carrément sur place, là, sous nous. J’ai dit que nous n’avons plus d’armes depuis longtemps ; mais, nous avons tous notre quart passé dans une courroie de notre équipement car nous sommes à tous moments dévorés par une soif de feu, et de temps en temps nous buvons notre urine. C’est l’admirable bataille de Verdun.

Jean Giono, Extrait de « Recherche de la pureté », Ecrits pacifistes,1939.

Est ce que cela ne pose pas quelques questions sur le pourquoi du comportement de ces pacifistes?

D’autant que juger ces gens à la lumière des connaissances historiques actuelles sur le 3ème Reich, Vichy, la Shoah est tout à fait vain. Ces gens, eux avaient vécu l’abomination de la 1ère guerre mondiale. Ils ne pouvaient jauger leurs choix de ce moment qu’à l’aune de celà et non à la mesure de ce que nous savons aujourd’hui. Toute autre description serait anhistorique et releverait de la propagande.
Et c’est exactement ce que fait Frontières/Garen Shnorhokian…
Et d’ailleurs sur cette histoire de pacifisme, les mêmes seraient bien en peine de critiquer des Giono, car en petite aparté nous allons revenir sur la fameuse « implosion » de Livre Noir, dont nous parlions plus haut.

Pourquoi Livre Noir a t’il implosé en 2022? Et bien vu la date vous pouvez avoir des soupçons? Sur la guerre Russo Ukrainienne. Le gourou Tegner est un « fan » de la Russie de Poutine… Tegner prendra ouvertement partie pour la Russie dans un immonde reportage sur Marioupol. L’INA écrira un article au vitriol sur le voyage des pieds nickelés de l’information, pardon de la désinformation concernant le Donbass. Et en même temps, le même Tegner était confortablement rémunéré par un think tank proche d’Orban. Tout ceci n’est donc guère étonnant…
Garen Shnorhokian est lui plus discret sur la Russie et la Hongrie, MAIS le peu publié est plutôt signifiant:

Des pudeurs de gazelle

Alors pourquoi cet aparté? Et bien disons que des années 30 à aujourd’hui, le choix de soutenir les puissances étrangères reste une constante à l’extrême droite. Par pacifisme. Ou par arrivisme…
Du moment que ces pays étrangers partagent notre vision de la société, le nationalisme s’efface, la cinquième colonne reste…

Et maintenant que le contexte est totalement posé, attaquons nous au cœur du problème, la réponse proprement dite et décortiquons là.

III)Propagande et Frontières sont sur un bateau…

Et pour se faire, il va falloir que, comme nous vous vous « enfiliez » la navrante vidéo. Bon dites vous que c’est moins long que du Asselineau, ca vous aidera.

Nous avons récemment trouvé un moyen de récupérer les textes des vidéos. Vous allez en profiter sur PDF. Nous allons maintenant décortiquer la chose, mais comme vous allez le voir nous nous intéressons au contenu -soit disant- factuel; nous allons ignorer les effets de manche et de style. Jusqu’à un certain point.
On pourra qualifier l’ensemble d’un style rhétorique sûr de lui qui assène des pseudo vérités comme des faits indiscutables, le tout arqué de réflexions qui se veulent acerbes mais qui sont juste un signe de la vulgarité du locuteur.

1) De 00:47 à environ 2 minutes on attaque avec les 3 gros morceaux. Morceaux très classiques qui font forcément partie d’un document de ce type: Laval, Doriot et Déat. Or le debunking sur ce sujet est assez simple. Nous l’avons déjà commencé au dessus.

  • Laval rompt dès…1925 avec la gauche puisqu’il se présente contre eux aux élections municipales d’Aubervilliers. Réélu maire en 1925, Laval l’emporte de nouveau, dès le 1er tour, en  avec 60,9 % des suffrages contre 26,4 % à la liste communiste et 12,6 % à la liste socialiste SFIO, puis avec une majorité un peu moins nette en , avec 55 % des suffrages contre 37,6 % à la liste communiste et 8,4 % à la liste SFIO. Il entre comme ministre au gouvernement Painlevé en 1925, gouvernement de droite au demeurant. Ce sera la même chose dans tous les gouvernements suivants en tant que ministre ou même que président du conseil.
  • Doriot, dès 1928 émet des réserves à la politique du Komintern. D’années en années, il se détache du PCF, paradoxalement pour mieux lutter contre l’impérialisme et le nazisme. Mais ce faisant il adopte lentement une vision anti communiste. Il en sera exclu en 34. En 35, il contribue à l’élection de Laval. En 36, il entame une collaboration avec le capital et fonde le PPF, seul parti authentiquement fasciste de l’époque selon la plupart des historiens.
  • Déat lui met en doute les credo de la SFIO dès , en publie Perspectives socialistes, un ouvrage théorique de réflexion sur la doctrine socialiste, menant à un néo socialisme. Mal accueilli cette thèse mènera à sa rupture avec la SFIO en 1932. Après sa défaite aux législatives de 36, il se consacrera à son journal et interviewera plusieurs dirigeants européens:  MussoliniGiuseppe MottaNicolae Titulescu et Paul Van Zeeland. Il devait même interviewer Adolf Hitler en octobre 1936. Il soutient les pleins pouvoirs à Pétain et semble fasciné par la révolution nationale de Vichy, tout en tenant des propos étranges fantasmatiques mêlant nationalisme et social, il défendra pourtant des juifs pendant la 2ème GM.

2)Puis jusqu’à 3:18, il effleure d’autres cas comme ceux de René Chateau, René Belin, Charles Spinasse et enfin Paul Rives.

  • René Chateau. L’homme qui constitue une énigme. Brusquement en 1940, il signe la motion de Bergery, et vote les pleins pouvoirs.
  • René Belin. Dès 33 il est animé par un anticommunisme viscéral et c’est sans doute par anticommunisme qu’il rejoindra la révolution nationale Vichyste.
  • Charles Spinasse. Ancien SFIO, il est décrit sévèrement  par Jean-Louis Crémieux-Brilhac, comme « un attentiste, secrètement fasciné par le national-socialisme »
  • Paul Rives. Il critique en 39 les économies libérales des démocraties et se rallie à un organe ouvertement nazi pendant la drôle de guerre.

3) Et on continue avec une énumération de personnalités de 3:19 à 4:18

  • Marcel Gitton. Avec un peu de recherche, on voit que le parcours de Gitton comme communiste s’arrête en 36, puis que les historiens ont montré que celui ci a rejoint les forces de sécurité comme agents de renseignement. Devenu proche des gouvernements de l’époque, sous l’Occupation, il explique publiquement en octobre 1940 pourquoi il a quitté le PCF et prône à la fois la collaboration franco-allemande et le rassemblement pour la « Révolution nationale ».
  • Albert Rivière. Problème, l’homme vote effectivement les « pleins pouvoirs ». Mais est aussi résistant pendant la guerre… On a vu mieux comme exemple.
  • André Février. Même problème que précédemment
  • Marc Augier. Très mauvais exemple. Augier devient pro nazi dès…1929.
  • Jean Luchaire . Un pacifiste dit de gauche mais qui est partisan d’un rapprochement avec l’Allemagne. Son crédo est de tout sacrifier à la paix.
  • Georges Albertini. Socialiste pacifiste pro munichois et anticommuniste, il s’oppose à la guerre en 39
  • Claude Jamais. Par pacifisme, il rejoindra la collaboration. Son changement d’idées est évident quand on sait qu’après la guerre, il rejoindra la rédaction du Figaro.

4)De 4:18 à 5:21, enfin il nous explique sa vision de l’histoire de cette période.
Il dit:

Contrairement à ce que prétend Marianne, l’implication des figures de gauche dans la collaboration avec le régime de Vichy et les nazis, ce n’est pas une invention de ma part. C’est
un fait historique, documenté. De nombreux acteurs issus de la gauche ont soutenu, participé ou activement collaboré avec le régime de Vichy et dans certains cas, avec l’occupant nazi
directement.

Loin de réécrire l’histoire comme le prétend le gratte-papier de Marianne, je m’appuie sur des faits établis par des historiens, des historiens comme Robert Paxton, Jean-Pierre Azema, Michel Marrus qui ont montré que Vichy ne fut pas uniquement un projet de droite mais aussi un espace où des socialistes, des communistes, des radicaux et des syndicalistes pour des raisons idéologiques, tels que le pacifisme, l’anticommunisme ou par opportunisme se sont compromis. Un point particulièrement controversé de mon édito, selon Marianne, concerne l’attitude du Parti Communiste français. L’article de Matoux passe sous silence cet épisode préférant caricaturer notre position comme une négation de la résistance communiste.

C’est très intéressant, et à plus d’un titre.
Quand on lis cette partie, disons le. On ne peut qu’être d’accord. C’est un analyse inscrite dans une réflexion et qui semble dépeindre convenablement la situation « réelle » de l’époque. Plus intéressant encore il dit bien que Vichy est « un projet de droite » (« mais pas uniquement » précise t’il). Sauf qu’il explique que ces personnalités ont rejoint Vichy, par « raisons idéologiques, tels que le pacifisme, l’anticommunisme ou par opportunisme ».
Les raison idéologiques comme le pacifisme, d’accord, et on pourrait même dire que cela semble une « valeur de gauche »; mais l’anticommunisme ne l’est pas. Du tout même. C’est même une valeur cardinale de l’extrême droite.
Quand à l’opportunisme, ce n’est pas une motivation idéologique et qui est largement partagée…

Mais surtout CE N’EST PAS CE QU’IL DIT DANS SON PAPIER ORGINAL… Et pas non plus dans l’introduction de sa vidéo…
Rappelons les propos:

« La gauche a toujours collaboré, c’est dans son essence même. Hier avec les Allemands, aujourd’hui avec les nouveaux envahisseurs. »

Garen Shnorhokian ne dit pas la même chose dans son article critiqué par Marianne et sa position dans cette vidéo. Ce sont même deux versions opposées. L’une est une déclaration de propagande fidèle au dogme zemmourien. Celle ci est drastiquement plus modérée et inscrite dans l’historicité discutable. La première fait du négationnisme, la deuxième tente de faire de l’histoire. Qui au passage recite Paxton qui a DEMONTE littéralement la position anhistorique de son patron Zemmour, mais passons, on n’est pas à une contradiction prêt.
On tique sur « l’historien Michel Marrus »… Non. Canadien d’origine, c’est « Michael Marrus ». Détail certes mais qui sent le gonzier qui prétend avoir lu un auteur, et qui en fait n’en a jamais ouvert une page…
Marrus, qui comme Paxton va contre les positions de Zemmour sur l’antisémitisme de Vichy… Contradiction toujours.

5) De 5:21 – 5:59 , Shnorhokian nous avance ses théories sur la résistance du PCF et…qui est fausse bien entendu.
Nous en avions longuement parlé dans CET ARTICLE (partie 5):

En Bretagne, le communiste Auguste Havez (ancien secrétaire du groupe parlementaire communiste à la Chambre des députés) sera encore plus percutant, le 22 juin 1940 :

 » […] Il n’y aura pas de répit avant d’avoir bouté les bottes hitlériennes hors de notre pays […] «

Les communistes installent, à partir de juillet 1940, dans de nombreuses usines, des comités populaires dans le but d’obtenir de meilleures conditions de travail et des augmentations de salaires, de lutter contre les restrictions et de combattre l’influence des syndicats à la solde de Vichy. Ces comités donnent naissance, dans certaines entreprises, dès la fin 1940, à des groupes de destructions et de sabotages

En octobre 1940, le PCF met en place l’Organisation spéciale qui a pour but la protection des militants (colleurs d’affiches, distributeurs de tracts, militants qui prennent la parole dans les files de ménagères, sur les marchés), l’organisation d’actions de sabotage du matériel de guerre allemand, des câbles téléphoniques, la collecte des armes, la manipulation d’explosifs, etc.

Le PCF participe avec d’autres mouvements à la première grande manifestation antinazie le 11 novembre 1940 à Paris.

 

Le communiste Georges Guingouin forme plusieurs petits groupes à partir de 1940 puis joue un rôle important dans la formation du maquis du Limousin en 1942-1943.

Fin mai-début juin 1941, le PCF organise, dans le Nord et le Pas-de-Calais une grève qui rassemble 100 000 mineurs et prive les nazis d’une partie du charbon produit. Plus de 200 mineurs sont déportés.

Le 15 mai 1941, le PCF lance un appel à la constitution d’un Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France. L’expérience de la clandestinité donne alors aux communistes une longueur d’avance sur les autres mouvements. Cependant les moyens militaires des communistes sont encore très faibles, notamment à cause du refus du BCRA de lui remettre des armes.

En août 1941, le communiste Pierre Georges dit le « Colonel Fabien » commet le premier attentat symbolique contre un officier allemand, qui marque en quelque sorte le début de la Résistance armée de leur part. Les communistes développent rapidement un mouvement de résistance armée, les Francs-tireurs et partisans français (FTPF), dirigé par Charles Tillon. Ouverts aux non-communistes, les FTPF restent néanmoins toujours sous contrôle communiste. Il en est de même du Front national, créé par le PCF en mai 1941, mouvement de résistance politique, organisé par profession, devenu l’un des plus gros mouvements de Résistance, voire le plus gros mouvement de la Résistance française.

Tout ceci est un vieux marronnier de l’extrême droite fasciste.

 6) Quant aux sabotages, c’est un peu compliqué. A ce jour, peu d’historiens concluent à la réalité de la chose et à une ampleur importante du phénomène. Il a existé certes, mais on ne sait pas réellement à ce jour si l’affaire fut vraiment organisée par le PCF, ou bien le fait d’individus. Quand à son ampleur elle fut négligeable. Enfin pour l’explication, il ne s’agissait pas de « collaboration avec l’Allemagne nazi », mais bien d’une « réflexion de classe pour aider l’URSS ». Une réflexion faussée, campiste et inspirée par l’idéologie stalinienne, certes; mais pas d’aide aux nazis. Plusieurs de ces sabotages sont effectués sur du matériel qui va combattre en Finlande contre l’URSS. 

7) Puis vient l’histoire de la reparution de l’Humanité pendant la guerre. Sujet traité récemment par l’AFP. On voit là de façon écrasante le problème de Schnorhokian. Il fait de la propagande, pas de la recherche historique. Et il manque aux principes de l’historiographie. Et en particulier à 2 points:
-remettre dans le contexte
-ne pas juger à la lumière de ce que nous savons

8) Et c’est de 7:07 à 7:21, que nous  constatons le mieux ce point:

Vous qui nous attaquez constamment. En plus de défendre une idéologie qui a fait 100 millions de morts, chantant la gloire des pires criminels communistes, vous avez appelé à l’amitié
franco-allemande pendant la seconde guerre mondiale.

« Nous » mais qui est ce « nous » Mr Shnorhokian? L’extrême droite. Et c’est ELLE qui a produit le nazisme, le fascisme et soutient le capitalisme. 2ème guerre mondiale qui a fait 60 millions de morts… Capitalisme qui a fait selon le « Livre Noir du Capitalisme », qui énonce un bilan de 100 millions de morts pour la période observée, allant de 1900 à 1997.
Ce n’est certainement pas nous qui allons réhabiliter le stalinisme/maoisme que nous vomissons. Mais nous trouvons que les critiques de Schnorhokian tombent bien mal, et qu’il évite bien soigneusement de se pencher sur SON idéologie.

9) De  7:39 – 8:23, le blablabla attendu depuis le début de la vidéo et QUI EST FAUX sur le vote des « pleins pouvoirs » à Pétain.

Le 10 juillet 1940, à Vichy, la gauche montra son vrai visage. Elle vota majoritairement les pleins pouvoirs à Pétain, scellant la fin de la Troisième République et ouvrant la voie à la collaboration avec les nazis. Ils ont trahi, censillé, préférant l’opportunisme et le pacifisme dégénéré à la
défense de la France. Ce vote honteux que Marianne voudrait effacer de l’histoire prouve que la gauche a été majoritairement complice de Vichy dès le premier jour. Et aucun discours larmoyant ne changera cette réalité crue.

Nous avons abondamment traité ce sujet et démontré sa fausseté dans CET ARTICLE (partie 1 et 2):

Le principal fait marquant, c’est évidemment le vote groupé de la droite en faveur des pleins pouvoirs à Pétain et du fascisme traditionaliste : 77 sénateurs sur 77 et 96 députés sur 97.
Parmi les groupes qui se définissent comme centristes, seulement deux députés républicains de gauche (sur 34) et deux députés démocrates populaires (sur 11) se prononcent contre les pleins pouvoirs.
Parmi les républicains radicaux socialistes, 11% des sénateurs (14 sur 106) et 16% des députés (13 sur 65) se comptent dans l’opposition aux pleins pouvoirs.
En nombre, la principale opposition au projet Laval provient d’élus socialistes SFIO (70% de contre parmi les sénateurs soit 7 sur 10 et 23,8% parmi les députés soit 29 sur 87).
Les parlementaires communistes ont été déchus de leurs mandats en vertu de la loi du 20 janvier 1940 (suite au traité germano-soviétique). Peu auparavant, 13 d’entre eux avaient quitté le parti (d’où leur non déchéance) ; sur les 10 présents au 10 juillet, 3 se prononcent contre le projet Laval et 7 pour.
Trois dernières informations permettent d’éclairer ce vote du 10 juillet :
* Dans un contexte de poussée de haine contre la gauche alimentée par la droite, l’extrême droite, les journaux et un climat de menaces physiques vécu par les parlementaires de gauche, on ne peut être surpris par le nombre important d’absents radicaux (36) et socialistes (26).
* Lors du vote, les abstentions proviennent également de la gauche : 6 députés socialistes, 3 députés radicaux, 7 sénateurs radicaux (plus 1 député républicain de gauche et 1 sénateur Union républicaine)
* Quelque temps auparavant, le gouvernement avait envisagé la possibilité d’un transfert des élus vers l’Afrique du Nord pour poursuivre la lutte. Sur le « Massilia » qui vogue vers l’Algérie ont pris place 1 parlementaire UPF (ex-communiste), 8 socialistes, 12 radicaux et quatre issus de partis de droite.

C’est en tous cas une thèse tout à fait remarquable puisqu’elle entre en contradiction flagrante avec la suivante! En effet, si Pétain a été « nommé » par la gauche, pourquoi faudrait il défendre son bilan? Et pourtant c’est ce que fait l’extrême droite.

10) Puis, tout aussi inévitablement vient le discours sur Mitterrand, oubliant allègrement une bonne partie des faits (Ib. partie 3):

Ce rappel de l’obtention de la Francisque par Mitterrand est une constante de la rhétorique de l’extrême droite. Bizarrement elle « oublie », certains récipiendaires:

  • Le pasteur protestant Marc Boegner (proche de Pétain, il sauva des milliers de Juifs. Il a ensuite été nommé « Juste » par Israël.) ;
  • Jean Tollinchi, haut-fonctionnaire à Montpellier au service des questions juives (il sauva de nombreux juifs en déclarant non juifs des juifs, et en faisant passer des lettres de la Résistance sous le timbre du Gouvernement de Vichy – à la Libération, plusieurs familles juives témoignèrent de son action),

Des résistants comme Couve de Murville, Bernard de Chalvron, Raymond Marcellin.

Mais aussi des gens qui devraient rendre l’extrême droite plus…modeste dans ses accusations de collaboration.

  • Jean-Louis Tixier-Vignancour, candidat à l’élection présidentielle en 1965 et dont le directeur de campagne fut Jean Marie le Pen…
  • Jacques Ploncard d’Assac père de l’essayiste fascisant Philippe Ploncard d’Assac
  • Charles Maurras
  • Jean Madiran, écrivain et soutien du FN…

La phrase suivante de Schnorhokian est tout à fait scandaleuse:

Un épisode qu’il minimisera plus tard en prétendant avoir agi sur ordre de la résistance. Une excuse bien commode pour un ambitieux qui, à 26 ans, savait parfaitement où se situaient ses intérêts.

Non, non et non. Ce n’est pas Mitterrand qui le « prétend », c’est Jean Pierre Bloch, éminent résistant qui l’affirme:

Selon Jean Pierre-Bloch, chef de la section non militaire du Bureau central de renseignements et d’action à l’époque :

« C’était sur notre ordre que François Mitterrand était resté dans les services de prisonniers de Vichy. Lorsqu’il avait été proposé pour la francisque, nous avions été parfaitement tenus au courant ; nous lui avions conseillé d’accepter cette “distinction” pour ne pas se dévoiler. La calomnie sert toujours ; vingt-cinq ans plus tard, on ressortira les mêmes arguments au cours de la campagne présidentielle [qu’à Londres et Alger en 1943 et 1944]. Les services gaullistes ont de la suite dans les idées. […] Mitterrand fut même proposé pour être compagnon de la Libération, mais les titres de Résistance n’ont quelquefois rien à voir avec cette décoration. Ni résistants ni combattants, on trouve sur le Livre d’or des Compagnons de la Libération les noms de héros qui n’ont jamais quitté leur bureau de Londres. On l’a donné à quelques hommes de gauche, mais ils se comptent sur les doigts. Même Gaston Defferre, qui fut chef de réseau, n’est pas Compagnon de la Libération, et combien d’autres, tout comme François Mitterrand, l’auraient mérité cent fois et pourtant ne l’ont jamais eu. »
éd. La Table ronde, 1969, p. 216 et suiv.
11) Daladier de gauche??? A hurler de rire. Au delà de son rôle dans le Cartel des Gauches voyons un peu ses actions dans les gouvernements et jugeons si ces actions sont « de gauche »:

Voulant réserver l’emploi aux travailleurs français, il promulgue le décret-loi du  sur la police des étrangers[9], qui est complété par celui du . Ce dernier prévoit l’internement des « indésirables étrangers » ;

Ce décret-loi est élargi par la loi du  qui permet l’internement « de tout individu, Français ou étranger, considéré comme dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique », à l’époque surtout des juifs d’Europe centrale, ce que certains nomment un « Vichy avant Vichy ». Dès 1939, les camps d’internement français détiennent aussi des réfugiés de la guerre civile espagnole[10],[11],[12] puis des gens du voyage.

En novembre 1938, il prend des décrets-lois, appelés par ses opposants les « décrets misères », qui reviennent sur des mesures du Front populaire. Daladier qualifie la loi sur les 40 heures de « loi de paresse et de trahison nationale »[13]. En réaction, des grèves ouvrières se déroulent dans le Nord, à Marseille, à Lyon et en Lorraine. La direction de Renault licencie 28 000 ouvriers pour « rupture du contrat de travail ». La CGT décide alors d’une grève générale pour le . Le gouvernement réquisitionne des transports et envoie des troupes devant les entrées d’usines. Le , 36 000 ouvriers sont licenciés dans l’aéronautique et les arsenaux, 8 000 dans la chimie et l’automobile. Plus de la moitié sont des responsables syndicaux de la CGT. Six mois plus tard, 40 % des grévistes n’ont pas retrouvé de travail[14].

Si ca, « c’est de gauche », alors nous sommes financés par l’Opus Dei…

Quand aux accords de Munich, il est un peu facile de juger à l’aune de notre connaissance de l’histoire aujourd’hui. Les motivations de Daladier ne sont pas mauvaises en soit, même si il se leurre:

La guerre avec l’Allemagne lui semble inéluctable, Daladier ne croyant guère dans la promesse allemande de mettre un terme à ses revendications territoriales. Cependant, il lui semble impossible de faire entrer la France en guerre, faute du soutien de la Grande-Bretagne partisane d’une politique d’apaisement menée par Chamberlain et Lord Halifax et de l’opinion publique française, animée par un fort courant pacifiste. En outre, l’état-major français déplore la faiblesse de son aviation, ce qui lui laisse penser que la France ne ferait pas le poids pour vaincre seule l’Allemagne. Tout cela pousse Daladier à ratifier ces accords issus d’une rencontre qu’il qualifie ensuite de « traquenard ».

Il n’empêche qu’effectivement ce traité est une honte concernant l’abandon de la Tchécoslovaquie, et l’affaissement devant Hitler. Mais qu’aurait fait Zemmour à cette époque, lui qui réhabilite Pétain?
Tiens mais puisque nous en sommes là que dit Zemmour le patron de Schnorhokian sur la Poutine aujourd’hui?

Tout ceci devrait rendre Mr Schnorhokian plus modeste, n’est ce pas?

CONCLUSION

Et bien non puisque sur la fin de l vidéo, il part dans un délire propagandiste utilisant des faits divers actuels comparatifs avec la période de la collaboration, ignore totalement que l’idéologie de Pétain, c’est la sienne, que son patron tente de réhabiliter Pétain, fustige la compromission des pacifistes des années 30 en ignorant que son patron prône la compromission avec le dictateur du moment, Poutine, etc…
Bref c’est le faites ce que je dis pas ce que je fait, mâtiné de méconnaissances historiques majeures et d’anhistoricité.
Un comportement de bon complotiste d’extrême droite qui réécrit l’histoire en quelque sorte.
Juste ce que lui reproche Marianne tiens.

La récupération des vautours d'extrême droite
La récupération des vautours d’extrême droite
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