27 août 2013 | Temps de lecture : 26 minutes

70% d’immigrés en prison ou les fâcheries des fachos…

…avec les statistiques et la sociologie

Des immigrés plein les prisons? On l’avait prévenu : les Debunkers surveilleraient la page de « la Blonde de Youtube »…

Comme nous nous sommes déjà présentés, maintenant on peut l’appeler par un surnom, plus court : « la BDY », c’est plus rapide, ca se mange sans pain et surtout ça ne mérite pas mieux comme étiquette.

Et que trouvons nous sur sa page ? Ceci :

Ça tombe bien, c’est un article et des notions qui sont couramment échangés entre fachos, vous pourrez réutiliser assez souvent notre article.

Nous allons commencer par le commencement, c’est-à-dire reprendre dans son intégralité l’article du « Washington Post ». Tout de même, l’article date du 29 avril 2008, ça n’est pas récent.

Le « Monde » reprend une partie de l’étude, mais l’article n’est pas repris in extenso :

Le contenu de l’étude

Nous allons reprendre tout l’article idée par idée et notion par notion. Nous restons sous votre contrôle puisque NOUS nous donnons la référence de l’article chacun pourra aller vérifier par lui-même.

“SEQUEDIN, France — Samia El Alaoui Talibi walks her beat in a cream-colored head scarf and an ink-black robe with sunset-orange piping, an outfit she picked up at a yard sale.”

Tout l’article est base sur les « histoires » d’un « Aumônier » femme (Ministre du Culte) prénommé « Samia El Talaoui Talibi  »

After passing a bulletproof window, El Alaoui Talibi trudges through half a dozen heavy, locked doors to reach the Muslim faithful to whom she ministers in the women’s cellblock of the Lille-Sequedin Detention Center in far northern France.”

L’étude a été réalisée dans la prison de Sequedin près de Lille. Elle ne concerne pas une étude menée sur plusieurs prisons. C’est d’après l’article un « Centre de Détention ».

“It took her years to earn this access, said El Alaoui Talibi, one of only four Muslim holy women allowed to work in French prisons. « Everyone has the same prejudices and negative image of Muslims and Islam, » said Moroccan-born El Alaoui Talibi, 47, the mother of seven children. « When some guards see you, they see an Arab; they see you the same as if you were a prisoner. »”

Il n’existe que 4 « aumôniers » musulmans en France. Et elle précise :
« Tout le monde a les mêmes préjudices et images négatives des Musulmans et de l’Islam » « Quand les gardes me voient, ils voient une « arabe », ils vous voient de la même façon que si vous étiez un prisonnier »

“This prison is majority Muslim — as is virtually every house of incarceration in France. About 60 to 70 percent of all inmates in the country’s prison system are Muslim, according to Muslim leaders, sociologists and researchers, though Muslims make up only about 12 percent of the country’s population.”

Voilà le cœur du problème. L’article affirme que 60% à 70% de la population carcérale est musulmane (à Sequedin mais aussi dans toutes les prisons françaises) selon les dirigeants de la communauté musulmane, des sociologues et des chercheurs, alors que les Musulmans représentent seulement 12% de la population Française…

On a continent where immigrants and the children of immigrants are disproportionately represented in almost every prison system, the French figures are the most marked, according to researchers, criminologists and Muslim leaders.

Sur un continent où la présence des immigrés et de leurs enfants dans les systèmes carcéraux est généralement disproportionnée, les données françaises sont les plus flagrantes.

« The high percentage of Muslims in prisons is a direct consequence of the failure of the integration of minorities in France, » said Moussa Khedimellah, a sociologist who has spent several years conducting research on Muslims in the French penal system.

Moussa Khedimellah, un sociologue spécialisé dans les questions d’intégration urbaine, ayant passé quelques années sur des recherches concernant les Musulmans dans le système pénal Français, voit dans ce pourcentage une conséquence directe « de l’échec de l’intégration des minorités en France »

In Britain, 11 percent of prisoners are Muslim in contrast to about 3 percent of all inhabitants, according to the Justice Ministry. Research by the Open Society Institute, an advocacy organization, shows that in the Netherlands 20 percent of adult prisoners and 26 percent of all juvenile offenders are Muslim; the country is about 5.5 percent Muslim. In Belgium, Muslims from Morocco and Turkey make up at least 16 percent of the prison population, compared with 2 percent of the general populace, the research found.

En Grande-Bretagne, 11 % des prisonniers seraient musulmans, pour 3 % de la population. Une étude de l’ONG Open Society du milliardaire américain George Soros souligne de son côté qu’aux Pays-Bas, 20 % des détenus sont musulmans alors qu’ils représentent 5,5 % de la population, et, en Belgique, au moins 16 % de la population carcérale pour 2 % de la population totale.

Sociologists and Muslim leaders say the French prison system reflects the deep social and ethnic divides roiling France and its European neighbors as immigrants and a new generation of their children alter the demographic and cultural landscape of the continent.

Les sociologues et les leaders Musulmans expliquent que le système carcéral Français reflète les profondes divisions sociales et ethniques qui perturbent la France et ses voisins Européens alors que les immigrés et une nouvelle génération de leurs enfants altèrent le paysage démographique et culturel de ce continent.

French prison officials blame the high numbers on the poverty of people who have moved here from North African and other Islamic countries in recent decades. « Many immigrants arrive in France in difficult financial situations, which make delinquency more frequent, » said Jeanne Sautière, director of integration and religious groups for the French prison system. « The most important thing is to say there is no correlation between Islam and delinquency. »

Les responsables de prisons Françaises expliquent ces chiffres élevés par la pauvreté des immigrants qui sont arrivés d’Afrique du Nord et d’autres pays Musulmans, depuis quelques décades. « Beaucoup d’immigrés arrivent en France dans une situation financière difficile, ce qui rend la délinquance plus fréquente. Le plus important est de souligner qu’il n’y a pas de corrélation entre islam et criminalité », précise Jeanne Sautière, qui s’occupe de l’intégration et des groupes religieux dans le système carcéral français

But Muslim leaders, sociologists and human rights activists argue that more than in most other European countries, government social policies in France have served to isolate Muslims in impoverished suburbs that have high unemployment, inferior schools and substandard housing. This has helped create a generation of French-born children with little hope of social advancement and even less respect for French authority.

Mais les leaders Musulmans, les sociologues ou les membres des associations de défense des droits de l’homme affirme qu’encore plus que dans les autres pays Européens, les politiques publiques françaises ont « isolé les musulmans dans des banlieues où le chômage est important, les écoles moins bonnes et les logements de qualité médiocre ». Cela a aidé à créer une génération d’enfants nés en France avec peu d’espoir d’avancement social et encore moins de respect pour les autorités Françaises.

« The question of discrimination and justice is one of the key political questions of our society, and still, it is not given much importance, » said Sebastian Roche, who has studied judicial discrimination as research director for the French National Center for Scientific Research. « We can’t blame a state if its companies discriminate; however, we can blame the state if its justice system and its police discriminate. »

“La question de la discrimination et de la justice est l’une de nos questions politiques clés de notre société et il ne lui est pas donné encore beaucoup d’importance” explique Sebastian Roche, qui a étudié les discriminations judiciaires comme directeur de recherche au CNRS. « Nous ne pouvons blâmer un état si ces entreprises discriminent ; cependant, nous pouvons blâmer cet état si son système de police et son système de justice discriminent. »

As a matter of policy, the French government does not collect data on race, religion or ethnicity on its citizens in any capacity, making it difficult to obtain precise figures on the makeup of prison populations. But demographers, sociologists and Muslim leaders have compiled generally accepted estimates showing Muslim inmate populations nationwide averaging between 60 and 70 percent.

Par décision politique, le gouvernement ne collecte pas de données sur l’origine, la religion ou l’ethnie de ces citoyens en aucun titre que ce soit, ce qui rend difficile l’obtention d’un schéma général de la population des prisons françaises. En revanche, les démographes, les sociologues et les leaders de la communauté Musulmane affirment qu’il s’agit d’estimations généralement acceptées montrant que la population musulmane des prisonniers français oscille entre 60 et 70 %.

Nous ne parlerons pas ou très peu du reste de l’article. Celui-ci peut se résumer en trois points :

  • Les discriminations constantes et importantes dont sont victimes les prisonniers Musulmans
  • Le travail des Ministre du Culte pour contrer les Imams radicaux dans les prisons.
  • La politique carcérale de lutte contre l’Islam radical en encourageant ces mêmes Imams modérés et leur formation.

L’article du Monde sur ce sujet résume ainsi cette seconde partie :

« Si les prisonniers et travailleurs sociaux interrogés font état d’avancées, des différences de traitement entre prisonniers de religion différente persistent et contribuent à tendre l’atmosphère dans les prisons françaises. « Dans le système pénitentiaire français, il y a seulement 100 imams de disponibles pour les 200 prisons du pays, alors qu’on compte 480 curés, 250 pasteurs et 50 rabbins », assure le quotidien. Symbolique, le cas des repas est mis en avant par le quotidien : si les responsables des prisons acceptent que les détenus refusent le porc, ils n’autorisent pas d’intégrer des produits halals (viande préparée selon le rite musulman) dans les menus des cantines. »

Analyse et critique du texte

Voilà vous avez lu l’article, on peut le résumer en une phrase : le Washington Post invoque comme raison de la présence d’autant de Musulmans en prisons la ségrégation en France. Ni plus, ni moins.
On est bien loin de la constatation primaire des fachos qui eux ne lisent que le « il y a 70% de Musulmans en prison ».
Mais il est intéressant de reprendre cet article afin d’en démonter ou expliquer les rouages.

Centre de Détention et Maison d’arrêt

Le premier point est mineur, mais mérite précision. Le Washington Post parle de « Centre de Détention pour la prison de Sequedin.

Hors, c’est faux. Sequedin est une « Maison d’Arrêt » .

Cependant, la différence n’est pas qu’administrative, elle est très importante pour la suite de notre explication !
Un Centre de Détention est réservé pour les « longues peines » supérieures à 2 années.

Alors que les maisons d’arrêt sont pour les prévenus (détenus en attente de jugement) et les condamnés dont la durée de peine restant à purger est inférieure à 1 an, ou les condamnés en attente d’affectation dans un établissement pour peine (centre de détention ou maison centrale)

Le nombre de Musulmans en prison

D’où vient ce chiffre ?

Le Washington Post étant a priori un journal « sérieux », on peut penser qu’il a prit son chiffre quelque part.
Et on peut penser que ce chiffre vient de ce site.

Sur une de ses publications , l’auteur explique ceci :

« Aujourd’hui, 50% à 80% des personnes détenues dans les établissements proches des grands centres urbains et des quartiers sensibles sont musulmans. »

Vous avez bien lu : « les établissements proches des grands centres urbains et des quartiers sensibles »
Est-ce à dire que le Washington Post aurait fait une si énorme boulette ?
Oui.
Il a « oublié » de préciser ce léger détail. A sa décharge, son explication reflète ce fait, le journal relate bien le fait que les immigrés de pays Musulmans et leurs descendants sont relégués en banlieues et dans les quartiers sensibles. Il ne pouvait prévoir que des bas du front récupéreraient pour leur petite soupe idéologique cet article sans en préciser les contours, ni même lire celui-ci.
Il est maintenant important de comprendre les facteurs favorisant de la délinquance.

Les raisons de la délinquance

En septembre 1990 se tenait le huitième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants. La résolution adoptée lors de cet événement propose en ces termes une recension des facteurs favorisant la délinquance :

« …les facteurs favorisant la délinquance comprennent :

  1. la pauvreté, le chômage, l’analphabétisme, l’absence de logements corrects et bon marché ainsi que des systèmes d’enseignement et de formation inadaptés;
  2. le nombre croissant de citoyens sans perspective d’insertion sociale et, dans le même temps, l’aggravation des inégalités sociales;
  3. la dissolution des liens sociaux et familiaux, aggravée par une éducation parentale inadéquate, éducation rendue souvent plus difficile du fait des conditions de vie;
  4. les conditions difficiles que connaissent les gens qui émigrent vers les villes ou vers d’autres pays;
  5. la destruction des identités culturelles d’origine ainsi que le racisme et la discrimination, qui peuvent mener à des désavantages au plan social, de la santé et de l’emploi;
  6. la dégradation de l’environnement urbain, notamment l’insuffisance des équipements collectifs dans certains quartiers, qui favorise la délinquance;
  7. les difficultés, créées par la société moderne, à s’insérer correctement dans la communauté, la famille, le milieu de travail, l’école et à s’identifier à une culture;
  8. l’abus d’alcool, de drogues et autres substances dont le développement est aussi favorisé par les facteurs susmentionnés;
  9. la multiplication des activités reliées au crime organisé, notamment le trafic de drogues et le recel;
  10. la promotion, notamment par les médias, d’idées et d’attitudes qui sont sources de violence, d’inégalité et d’intolérance ». (ONU, 1990)

Cette énumération s’appuie sur des études scientifiques menées à travers le monde, profite des expertises les plus diverses, et s’inspire de la mise en commun des conclusions tirées par de nombreux pays aux prises avec la criminalité.

Sur le site suivant : http://www.securitepublique.gouv.qc.ca/police/publications-statistiques-police/table-ronde-prevention-crime/4023/4044/4047.html

On trouve les raisons connues de celle-ci. C’est un site Québécois que nos amis fachos ne pourront soupçonner de complaisance envers les délinquants. Il prouve également que ces facteurs de délinquance sont connus, étudiées et reconnus à travers le monde entier.

L’article est long mais mérite d’être lu dans son intégralité :

« Toutes les études constatent qu’il existe deux catégories de délinquance : la première, plus épisodique et occasionnelle, généralement bénigne, reliée à l’adolescence et à laquelle environ 80 % des adolescents s’adonnent un jour ou l’autre (Le Blanc, 1983); la deuxième, plus permanente, donnant souvent lieu à l’adoption d’un mode de vie criminel jusque dans la vie adulte avancée. Wolfgang, Figlio et Sellin ont démontré, dans une étude longitudinale sur des garçons nés à Philadelphie en 1945 et suivis jusqu’à leur 18e anniversaire, que 52 % des crimes commis étaient l’œuvre de 6 % d’entre eux, et que la gravité de leurs gestes allait en augmentant (Wolfgang et al., 1972). Au Québec, Le Blanc et Fréchette (1989) ont établi une proportion semblable dans leurs travaux sur la multirécidive.

Par ailleurs, il est démontré que la criminalité a sa géographie et que certains quartiers d’une ville connaissent des taux de criminalité plus élevés et plus graves. Dans toutes les grandes villes des sociétés occidentales, ces quartiers sont ceux des communautés défavorisées. Cette réalité a été confirmée pour Montréal et d’autres villes du Québec. (Le Blanc et al., 1973; Gariépy et Le Blanc, 1976)

Enfin, la criminalité a un âge et un sexe. Les garçons, dans une proportion de 9 contre 1, ont davantage que les filles une propension aux activités délinquantes. Cependant, plusieurs chercheurs observent depuis quelques années une progression modérée de la délinquance dans la population féminine, ce que confirme l’évolution des statistiques québécoises. Des recherches ont aussi indiqué que les facteurs généralement associés à la délinquance masculine peuvent entraîner chez les filles des problèmes de santé mentale, de grossesses précoces et de négligence des enfants. Ces problèmes, à leur tour, peuvent influencer de façon négative les garçons de ces jeunes femmes. (Biron et al., 1980)

Il est reconnu que la période de la vie la plus propice à l’activité délinquante se situe entre le début de l’adolescence et le commencement de la vingtaine, pour ensuite tendre vers un déclin (Farrington, 1992). Ainsi, le taux général de la criminalité dans une société donnée varierait avec une certaine constance en fonction de la pyramide des âges, bien que d’autres facteurs puissent nuancer cette tendance. (Cusson, 1990)

En outre, il est démontré que plus un individu s’adonne à des activités délinquantes à un âge précoce, plus les risques qu’il devienne un délinquant récidiviste sont grands. Les travaux de Le Blanc et Fréchette (1987 et 1989) ont démontré que, en moyenne : les habitués du Tribunal, à Montréal, ont commencé leur « carrière » à l’âge de 11 ans; ils ont été condamnés pour la première fois vers l’âge de 15 ans; et les délits qu’ils ont commis ont eu tendance à s’aggraver. Il importera donc d’accorder une grande attention aux jeunes enfants et aux adolescents dans toute stratégie de prévention de la criminalité récidiviste.

De manière générale, et depuis de très nombreuses années, les criminologues ont mis en évidence que les sociétés où la richesse est très inégalement distribuée et qui donnent peu accès à l’éducation ainsi qu’aux services de santé connaissent des taux de criminalité plus élevés. Au delà de cette constatation universelle, des études longitudinales ont permis de mieux comprendre le rôle considérable de la famille, de l’école et du quartier dans le développement de la criminalité, de même que les rapports que ces facteurs entretiennent avec la pauvreté. Les principales conclusions qui vont suivre s’appuient particulièrement sur les études et autres recherches de Fréchette et Le Blanc au Québec (1987 et 1989), Farrington en Angleterre (1986) et Wolfgang, Figlio et Sellin aux États-Unis (1972). Elles sont, de plus, confirmées par des revues documentaires très complètes préparées par Loeber et Dishion (1983) ainsi que par Rutter et Giller (1983).

La famille

La famille joue, de la naissance à la fin de l’adolescence, un rôle prépondérant dans le développement de dispositions à la criminalité récidiviste.

La négligence parentale, qu’elle soit attribuable à des conditions de vie difficiles, au temps consacré à gagner un revenu, à des carences personnelles ou à l’extrême jeunesse des mères, semble constituer un facteur de risque très élevé. Dans la mesure où cette hypothèse se vérifie, l’éclatement du noyau familial et l’augmentation phénoménale du nombre de familles monoparentales vivant sous le seuil de la pauvreté deviennent extrêmement préoccupants à moyen terme.

Au sein de la famille, la discipline s’exerçant de façon incohérente ou par des châtiments physiques excessifs, et la faiblesse des relations affectives entre conjoints ainsi qu’entre parents et enfants, augmentent de façon significative le risque de mésadaptation et de comportements violents. La criminalité chez un parent, l’alcoolisme ou la toxicomanie, la présence de conflits conjugaux et, surtout à l’adolescence, la famille reconstituée sont aussi des facteurs associés de façon significative.

L’école

Les difficultés scolaires, souvent à cause du manque de préparation à la scolarisation, sont source d’une faible estime de soi et de perturbations émotives. Certaines études avancent que 40 % des enfants ayant des problèmes de comportement à l’école éprouveront, à l’âge adulte, de sérieuses difficultés psychosociales. Par contre, des expériences (comme le programme Perry Preschool aux États-Unis) ont démontré qu’une attention particulière portée aux enfants susceptibles d’éprouver des difficultés à l’école faisait baisser de façon très substantielle le taux d’activités délinquantes de ces enfants, comparativement à celui d’un groupe témoin.

Le travail

La corrélation entre le taux de chômage et le taux de criminalité n’est pas probante. Par contre, « il semblerait que le taux de chômage des jeunes et des minorités visibles ait un lien avec le taux de délinquance. Les personnes prédisposées à la délinquance risquent davantage de commettre des infractions pénales si elles sont au chômage. » (Waller, 1991)

Il faut par ailleurs considérer les conséquences que peuvent avoir les fermetures subites d’usines et le chômage massif qu’elles créent. Une étude menée dans la ville d’Austin, au Minnesota, en a démontré les effets. (Koeppel, 1989) Cette ville, jadis un modèle quant à la sécurité qu’elle offrait, a vu l’incidence des meurtres, de la violence familiale et de l’abus de psychotropes augmenter de façon considérable à la suite de problèmes de relations de travail non résolus avec l’employeur principal. Des études conduites par le Midwest Center fo Labor Research (1990) ont démontré que le risque d’une criminalité accrue était bien réel dans de semblables circonstances.

Les quartiers

Dans les villes, la pauvreté se manifeste par la faiblesse des infrastructures, la concentration de logements inadéquats, l’absence de services, la mobilité de la population et la désorganisation sociale. Ces quartiers défavorisés sont aussi les premiers touchés par les vagues d’immigration et les risques de « ghettoïsation ».

Les difficultés familiales et scolaires rapportées dans les paragraphes précédant ne sont pas nécessairement le lot de la pauvreté, mais se multiplient dans ce contexte. Ces facteurs de risque interagissent davantage en raison de leur concentration extrême, et parce que se trouve favorisée la fréquentation des pairs ayant les mêmes difficultés et tendances à l’activité délinquante, Or, les études longitudinales mettent en relief l’influence notable des pairs sur les jeunes; il s’agirait d’un des facteurs les plus fiables pouvant expliquer la délinquance persistante.

Dans ces quartiers défavorisés, la concentration de la misère, l’absence d’équipements collectifs et le désœuvrement créent véritablement une spirale.

En résumé, nos connaissances actuelles sur les moteurs de la criminalité récidiviste nous indiquent que les facteurs les plus importants agissent dès l’enfance, qu’ils ont une influence durable, qu’ils mettent en cause principalement la famille, l’école et le quartier et qu’ils se développent davantage dans un contexte de pauvreté relative. »

Reprenons. Reprenons toutes les points cités :

  • Résider dans un quartier socio-économiquement défavorisé. Particulièrement quand ce quartier concentre une « communauté défavorisée ». La faiblesse des infrastructures, la concentration de logements inadéquats, l’absence de services, la désorganisation sociale.

  • Sexe et âge. Mais les récentes études ont montré que les facteurs associés généralement à la délinquance masculine « peuvent entraîner chez les filles des problèmes de santé mentale, de grossesses précoces et de négligence des enfants. Ces problèmes, à leur tour, peuvent influencer de façon négative les garçons de ces jeunes femmes. (Biron et al., 1980) »Ce qui crée une spirale auto entrainante vers la délinquance. Un système de création de la délinquance

  • Les inégalités de richesses

  • Peu d’accès à l’éducation

  • Peu d’accès aux services de santé

  • Négligence parentale (la consommation de toxiques, l’alcoolisme, la présence de conflits conjugaux, famille reconstituée) constituent des facteurs aggravant

  • Pauvreté

  • Difficulté scolaire

  • Chômage corrélé à la délinquance quand celui-ci se produit dans des milieux déjà prédisposés à la délinquance par les autres facteurs. En d’autres termes, le chômage ne provoque pas la délinquance, mais renforce la probabilité de comportements délinquants.

  • Fréquentation des pairs délinquants (Ghettoïsation)

Rappelons la conclusion de l’article :

« Dans ces quartiers défavorisés, la concentration de la misère, l’absence d’équipements collectifs et le désœuvrement créent véritablement une spirale.

 

En résumé, nos connaissances actuelles sur les moteurs de la criminalité récidiviste nous indiquent que les facteurs les plus importants agissent dès l’enfance, qu’ils ont une influence durable, qu’ils mettent en cause principalement la famille, l’école et le quartier et qu’ils se développent davantage dans un contexte de pauvreté relative. »

Corrélation facteurs prédictifs et immigration

Cum hoc ergo propter hoc

Les fronteux sont des débutants en sciences statistiques. Ou plus probablement, ils vous prennent pour des débutants en introduisant des notions fausses dans des calculs de statistiques.
Après tout, on peut toujours tenter de manipuler les maths. Si celui qui vous lit n’en connais pas un minimum, c’est bon, ca passe !
Et en l’occurrence, les droites extrêmes qui manipulent cette fameuse statistique « 70% des détenus sont musulmans » font exactement cela…
Ils établissent un rapport de corrélation entre deux données : musulmans/détenus puis en affirment d’autorité un rapport de causalité.
Qu’est ce qu’un coefficient de corrélation ?
En probabilités et en statistiques, étudier la corrélation entre deux ou plusieurs variables aléatoires ou statistiques numériques, c’est étudier l’intensité de la liaison qui peut exister entre ces variables. Il existe plusieurs moyens mathématiques de calculer cette corrélation entre les données que nous ne développerons pas ici.
Où est le problème ?
C’est que calculer un coefficient de corrélation entre deux variables n’induit pas un rapport de causalité entre les deux.
Cum hoc ergo propter hoc (latin signifiant avec ceci, donc à cause de ceci) est un sophisme qui consiste à prétendre que si deux événements sont corrélés alors il y a un lien de cause à effet entre les deux. La confusion entre corrélation et causalité est appelé effet cigogne  en zététique (corrélation trompeuse entre le nombre de nids de cigognes et celui des naissances humaines); en science et particulièrement en statistique cette erreur est rappelée par la phrase « la corrélation n’implique pas la causalité ». Le contraire est Cum hoc sed non propter hoc.

Quelques exemples :

  • Il y a une corrélation entre la pointure et le niveau en mathématiques chez les collégiens (le troisième paramètre est l’âge des adolescents).
  • Il existe une corrélation entre la vente de crème glacée et le nombre de morts par noyade. (Le troisième paramètre est une température élevée probablement du à un été clément)
  • L’espérance de vie a augmenté depuis la découverte du plant de tabac…
  • Une étude scientifique annonce : les jeunes enfants qui dorment avec une veilleuse ont plus de chance de devenir myopes plus tard. Cette étude de l’Université de Pennsylvanie a été publiée le 13 mai 1999 dans la revue Nature et a reçu une couverture médiatique. Cependant, une autre étude de l’Université de l’Ohio réalisée plus tard ne trouva pas de liens entre le développement de la myopie avec le fait de dormir la lumière allumée, en revanche, elle montre un lien important entre la myopie des parents et celle de leurs enfants et remarque que les parents myopes ont plus tendance à laisser une lumière allumée la nuit pour leurs enfants… CQFD

Le coefficient indique donc deux faits :

  • Que deux données sont corrélées (mais pas forcément avec un rapport de causalité)
  • Que lorsque le coefficient est proche de zéro alors la corrélation est très faible ou nulle.

Un exemple de cette manipulation des droites extrêmes en toute bonne conscience :

L’hameçon est lancé, la rédactrice explique en long, large et travers, avec des détails pseudos scientifiques comment elle est arrivée à ce résultat qui est, celui-ci :

 

Et qui est, comme maintenant vous êtes éclairés, parfaitement faux !!!
et parfaitement manipulatoire, car on ne pourra nous faire croire qu’une personne capable de faire un coefficient de corrélation, et explique avec ce genre de mots :
« Voici maintenant les « nuages de points » pour ces trois catégories record, avec une droite de tendance : » ne connait pas cette précaution première !!!
Non, elle sait parfaitement ce qu’elle fait !

Tentons donc maintenant d’expliquer cette corrélation de trouver le ou les paramètres de causalité. Bien sûr, vous avez déjà une bonne idée au vu de notre partie c).

Gilles Kepel explique :

« Le fait que beaucoup de gens soient sociologiquement musulmans en prison, est à mon sens le reflet de la distribution de cette population dans les couches populaires immigrées récemment arrivées, dépourvues d’insertion sociale institutionnelle qui forme traditionnellement la clientèle de la prison, comme dans les années 30 avec la proportion d’Italiens dans les prisons de Marseille. C’est essentiellement le reflet de la situation de la distribution sociologique que l’on trouve à l’extérieur : dans un grand nombre de cités aujourd’hui, l’économie de survie passe par des formes de déviances sociales et qui, lorsque leurs auteurs sont interpellés par les forces de l’ordre, sont souvent portées à la connaissance de la justice et généralement sanctionnées par des peines de prison.
La prison est une photographie inversée, parfois aussi de ce que l’on ne veut pas voir dans la société. »

 

Pour une tentative d’éclairage des délinquances en France

Les « Debunkers » font des stats…

Et oui c’est à notre tour. Nous vous avons concoctés deux tableaux. Le premier prend pour base les départements Français qui connaissent le plus de délinquance, le second ceux qui comprennent la population immigrée extra européenne la plus nombreuse.
Nous avons établis ensuite par colonne les différents critères qui peuvent être corrélés aux chiffres de la délinquance.

Nos chiffres sont issus de deux sources :

  1. Sur le nombre d’immigrés par département, nous avons repris un article du Figaro, peu soupçonnable de complaisance envers l’immigration :
  2. Et pour les autres chiffres, nous avons volontairement choisit un site dont le webmaster est sensible aux thèses de l’extrême droite… là non plus pas de contestations possibles…

Les voici avec la légende.

Comment comprendre ces chiffres ?

Nous avons utilisé des codes de couleur afin de visualiser la corrélation possible entre les facteurs. Quand les couleurs sont rouge foncées et rouge, la corrélation est très importante et importante. Orange, elle est moyenne ; jaune et vert, faible et très faible.
Comment les lire ?
Il faut en fait visualiser les colonnes. Quand la colonne tend vers le rouge, c’est que le critère de celle-ci semble judicieux. Quand celui tend vers le jaune et vert, c’est le contraire.
En cas de fortes disparités de couleurs, c’est que le critère n’est pas judicieux sauf en cas d’explications fortes locales qui viendraient expliquer ce fait apparemment contradictoire.

  • Eléments de conclusion des tableaux :
  •       Part des Immigrés dans la population.Le critère du nombre d’immigrés n’est pas judicieux. On s’aperçoit que la couleur comporte trop de points appelant vers le bas cette caractéristique. Sur le deuxième tableau, on voit même que la corrélation tend même l’ensemble des données vers une corrélation faible.
  •       % d’allocataires dont le revenu est composé à 100% allocations

Le deuxième critère est un indice de pauvreté. La corrélation est forte sauf exception locale (Essonne)

  •       % d’allocataires CAF

Le troisième indice est aussi un indice de pauvreté. Mais on voit qu’il est moins concluant. La conclusion que nous pourrions poser est que plus la pauvreté est importante (mesurée par le deuxième critère) plus la délinquance est forte. La comparaison entre deuxième et troisième colonne indique une progression du critère de corrélation, c’est un affinage.

  • % d’allocataires de la CMU

Cet indice lui mesure grossièrement aussi grossièrement la pauvreté. On s’aperçoit vite qu’il est fortement corrélé en cas de délinquance très importante dans le secteur géographique. Il est moins pertinent lorsque la délinquance est un peu moindre.

  • Part des ménages fiscaux non-imposables

Le cinquième critère était une tentative d’intégrer une mesure des inégalités sociales. C’est un échec, le critère n’est pas pertinent. Ou bien que celui-ci est mal choisit ou bien que la donnée n’est pas corrélable à la mesure de la délinquance.

  • Nombre d’écoles pour 1000 habitants

Le critère sur l’école est à l’inverse du précédent. C’est celui qui indique la plus forte corrélation. Les deux données sont liées de façon très importante.

  • Part des familles monoparentales avec enfants

Le fait de vivre en famille monoparentale est un critère judicieux en cas de très forte délinquance, il l’est moins pour celui de délinquance importante.

  • Taux de chômage

De même pour le chômage. Hypothèse : On peut penser que les deux derniers critères sont des éléments de synergie « renforçateur » de la délinquance quand d’autres critères sont déjà présents ?

 

 

  1. Intéressons nous maintenant aux détails de la délinquance « des immigrés » en France et citons pour cela les remarquables travaux de Laurent Mucchielli.
    Vous trouverez sur ce site une remarquable critique des thèses du FN/RN et un assassinat en règles de la « France Orange Mécanique ». Dans l’article suivant, Mucchielli analyse les caractéristiques de la délinquance des étrangers en France et explique clairement le pourquoi de cette surreprésentation.
    Morceaux choisis :
  • ·         Des raisons dues au système d’arrestation et au système policier lui-même :

 

« D’une part, si la population des personnes mises en cause est surtout alimentée par les initiatives policières, sachant que, en matière de petite délinquance, les policiers privilégient le plus souvent le flagrant délit sur l’enquête (Lévy, 1987), les mécanismes de la discrimination policière peuvent donc jouer massivement et les étrangers seront par définition surreprésentés de façon artificielle dans la population des mis en cause. Ceci est sans doute particulièrement vrai dans le cas des vols et des agressions commis sur la voie publique. D’autre part, si le taux d’élucidation varie beaucoup selon la nature de l’infraction, il faut se demander si les étrangers ne sont pas surreprésentés pour certaines infractions mieux élucidées que d’autres. Et c’est précisément le cas de la plupart d’entre elles (à l’exception du vol à la tire qui n’est quasiment pas élucidé par la police mais, on y reviendra, par les services de sécurité des grands magasins). Dans l’ordre croissant d’importance numérique, citons le proxénétisme (occasionnant la mise en cause de 225 étrangers, élucidé dans environ 94% des cas), les homicides (occasionnant la mise en cause de 291 étrangers, élucidés dans environ 78% des cas), les viols (occasionnant la mise en cause de 703 étrangers, élucidés dans environ 75% des cas), le trafic de drogues (occasionnant la mise en cause de 1 992 étrangers, élucidé dans environ 117% des cas), les ports et détentions d’armes prohibées (occasionnant la mise en cause de 2 025 étrangers, élucidés dans environ 100% des cas), les violences et outrages à dépositaires de l’autorité (occasionnant la mise en cause de 3 724 étrangers, élucidés dans environ 97% des cas), les vols à l’étalage (occasionnant la mise en cause de 10 737 étrangers, élucidés dans environ 87% des cas) et enfin les coups et blessures non mortels (occasionnant la mise en cause de 11 747 étrangers, élucidés dans environ 72% des cas). Ces analyses statistiques globales peuvent être complétées par des études plus précises, qu’elles soient de nature qualitative ou quantitative. Par exemple, une étude réalisée sur les trafics de drogues à la frontière franco-espagnole souligne à quel point l’implication au plus haut niveau de jeunes hommes blancs issus de milieux aisés est inconnue de la police qui se focalise sur les revendeurs issus pour la plupart de la communauté gitane (Missaoui et Tarrius, 1999). Plus globalement, les enquêtes réalisées auprès des collégiens et des lycéens soulignent que ces derniers consomment du cannabis dans tous les milieux sociaux, de façon parfois même plus fréquente dans les milieux aisés (Choquet et Ledoux, 1994). Or, les personnes mises en cause par la police pour simple usage de cannabis sont massivement des jeunes issus de milieux populaires, sans doute très souvent d’origine africaine (Barré et Godefroy, 1999). Les conséquences du «tri ethnique» et du tri social opérés par les policiers sont donc assez claires. »

  • ·         Des statistiques truquées par les médias et les calculs politiques des droites extrêmes.

« Il faut en effet écarter des calculs ce que nous appellerons les «infractions administratives» dans lesquelles les étrangers sont par dé%uFB01nition fortement surreprésentés. Il s’agit pour l’essentiel : 1) des délits à la police des étrangers, 2) des délits de faux documents d’identité et autres documents administratifs et 3) du délit de travail clandestin (voir aussi la remarque de Desdevises, 1998 : 270-273). Ces infractions écartées, le nombre de personnes étrangères mises en cause par la police et la gendarmerie en l’an 2000 a été d’environ 89 000, ce qui représente un peu moins de 11% du total des personnes mises en cause cette année-là. Ainsi que l’indique le tableau 3, cette proportion est en réalité remarquablement stable depuis plus d’un quart de siècle, entre 12 et 13%. »

  • ·         Faits et chiffres.

« 1) environ un étranger mis en cause sur huit est poursuivi pour vol à l’étalage;

2) environ un étranger mis en cause sur sept est poursuivi pour coups et blessures non mortels (autrement dit pour bagarres);

3) un peu plus d’un quart du total des personnes poursuivies pour trafics de drogues sont des étrangers (on verra les problèmes spécifiques qui se posent ici);

4) près de la moitié des mis en cause pour vol à la tire sont étrangers;

5) les étrangers sont nettement surreprésentés en matière d’homicide et de tentative d’homicide, même s’il s’agit de petits nombres d’affaires;

6) les étrangers sont nettement surreprésentés en matière de proxénétisme, mais il s’agit ici d’affaires très peu nombreuses. »

  • Une délinquance de pauvres

« Du point de vue du nombre (la masse des quelques 90 000 mises en cause), la surdélinquance des étrangers résidant en France semble être essentiellement une surdélinquance de miséreux : petits voleurs à la tire et à l’étalage, petits revendeurs de drogues, bagarreurs et parfois meurtriers. Ceci est confirmé aussi par une recherche récente portant sur une population d’une bonne centaine de meurtriers jugés en cours d’assises dans les années 1990 dans un département de la banlieue parisienne (Mucchielli, 2003). S’agissant d’un crime où l’effet du « tri ethnique » est certainement particulièrement faible, voire inexistant, il ressort sans ambiguïté que les étrangers sont surreprésentés parmi ces criminels»

Avec cette analyse on comprend mieux pourquoi à Sequedin (« Centre de Détention » vous vous souvenez ? Cette criminalité là est surreprésentée).

  • ·         La pauvreté est galopante dans les populations étrangères et immigrées :

« Notre interprétation principale (non exclusive, donc) est ainsi que la surreprésentation des étrangers résidant en France dans les personnes mises en cause par la police et la gendarmerie est fortement liée à leurs conditions de vie. En France, les ressortissants des pays africains – et leurs enfants, qu’ils aient ou non acquis la nationalité française – sont globalement dans une situation socioéconomique précaire, voire très précaire. Ils appartiennent d’abord massivement aux milieux populaires. Au recensement de 1990, les actifs étrangers originaires des pays du Maghreb sont ouvriers dans 66,5% des cas, employés dans 15,8% et chômeurs n’ayant jamais travaillé dans 4,2% des cas (INSEE, 1994). Le cumul de ces trois catégories donne 86,5 %, à quoi s’ajoutent 5,2 % d’artisans commerçants (restaurateurs, épiciers, etc.) rarement fortunés. Au total, on peut donc estimer qu’ils appartiennent aux milieux populaires dans environ 90% des cas (contre 60 à 65% dans la population française). Les étrangers sont même surreprésentés dans les métiers ouvriers les moins qualifiés et les plus pénibles. Ils sont ensuite nettement surreprésentés parmi les travailleurs en intérim et en contrat à durée déterminée. Ils sont enfin beaucoup plus touchés par le chômage. »

  • ·         « Les Misérables » et « L’Assommoir »… A relire puisque certains ont « oublié ».

« En définitive, la surdélinquance des étrangers résidant en France ressemble à une version moderne de la surdélinquance traditionnelle des milieux sociaux les plus précarisés dans une société industrielle, telle qu’on peut en trouver des échos dans la littérature savante et la presse depuis le XIXe siècle. La liste des problèmes liés à ces conditions de vie précarisées est classique : familles fréquemment déstabilisées par le chômage et les accidents du travail chez les pères, précarité des conditions de vie générales qui bloque l’accès à de nombreuses ressources et génère un fort sentiment de frustration chez les enfants, familles nombreuses vivant dans peu d’espace, d’où un investissement de la rue comme terrain de jeux et d’expériences pour les enfants (de là découlent à la fois une intense sociabilité juvénile et des problèmes de surveillance parentale), faible niveau scolaire ne permettant pas un soutien à la scolarité des enfants, fréquence plus importante des cas de troubles psychologiques et d’alcoolisme chez les parents. »

  • Les « ritals », les « portos »

« Il n’est pas exagéré de dire que, dans l’univers ordinaire des représentations sociales, les jeunes d’origine africaine (« Blacks » et « Beurs ») constituent une figure type du jeune délinquant, tandis que les quartiers d’habitat social dans lesquels ils sont concentrés font figure de zones dangereuses (Rey, 1996 ; Boucher, 2001). Sans doute, ces stéréotypes ont-ils toujours visé l’étranger. À la fin du XIXe siècle, par exemple, les Italiens et les Belges firent l’objet d’une intense xénophobie et de nombreuses violences collectives (notamment au sein du monde ouvrier). En réalité, l’historien Gérard Noiriel (1988 : 249 et suivantes) souligne que les trois crises économiques modernes qu’a connues la France (à la fin du XIXe siècle, dans les années 1930 et à partir du milieu des années 1970) ont suscité autant de vagues de xénophobie. Par ailleurs, ces problèmes se rencontrent aussi chez certains de nos voisins européens. »

  • On ne saurait pas ne pas donner à ce moment de notre explication quelques exemples des fleurons de la rhétorique de l’extrême droite française de l’époque. En effet, beaucoup d’affidées des droites extrêmes aujourd’hui, vous certifient que les mots n’étaient pas les mêmes. Quelques citations à ce propos :

« La grande affaire pour moi, c’étaient les immigrants italiens. […] Mais je dus constater bientôt qu’ils n’étaient pas les seuls immigrants et qu’ils avaient des concurrents venus de toutes les régions méditerranéennes et même du monde entier. […] Cette plèbe arrivait à Marseille avec ses tares et ses vices, ou avec des intentions d’espionnage et de propagande subversive. », Mes années d’apprentissage, Louis Bertrand, Paris, Fayard, 1938, p. 236-237

« Ils arrivent comme des sauterelles [Les immigrants Italiens]. Ils sont sales, tristes,…Ils s’installent chez les leurs, entres eux, demeurant étranger au peuple qui les accueille, travaillants à prix réduits »-La Patrie-1896

L’extrême droite désignait les Espagnols réfugiés des années 30 comme des « racailles interlopes »

« Désormais des masses nombreuses de Polonais, d’habitants de l’Europe Centrale, furent recrutées et acheminées par train spéciaux sur le bassin houiller, une véritable invasion, méthodique, où les émigrés arrivaient groupés, avec leurs prêtres, leurs instituteurs, leurs religieuses. Des cités entières leur furent affectées, qui constituent de véritables villages étrangers, où le français n’est pas compris, où les relents de cuisine rappellent les odeurs de l’Europe centrale […] Cette population est composée de beaucoup d’étrangers inassimilables, qui vivent en groupes fermés, avec leurs églises, leurs écoles, leurs magasins, leurs jeux, étrangers au reste de la population. Elle ne s’enracine pas. »
Histoire des populations françaises (1948), Philippe Ariès, éd. Seuil, 1971, p. 110-111

 

On voit bien que ces stéréotypes n’ont pas changé, les partisans de l’extrême droite ne faisant que reproduire de faux stéréotypes.

 

  • Stéréotypes, spécificités et passé

« En ce sens, ces stéréotypes particulièrement dévalorisants sont une source de difficultés supplémentaires pour une population issue d’une vague d’immigration ouvrière déqualifiée et qui s’est retrouvée « piégée » par la crise économique au moment même où elle se stabilisait en France, par l’entremise notamment du regroupement familial. En orientant tant les pratiques des institutions que les représentations que des acteurs ont d’eux-mêmes, ces stéréotypes ressemblent alors à ces prophéties auto-réalisatrices dont parlait si justement Robert Merton (1965 : 140-161). Toutefois, même si tout jeune ayant ce profil doit se construire psychiquement en apprenant à gérer ce stigmate, cette construction ne le mène pas pour autant fatalement vers des pratiques et a fortiori une carrière délinquantes. Ces pratiques et ces éventuelles carrières ne s’observent de façon spécifique (par rapport aux autres catégories de la population) que dans certains contextes locaux où les processus de ségrégation et de discrimination se cumulent et s’enracinent dans la durée, se transmettant entre générations. Pour le reste, les éléments déterminants de la délinquance juvénile des étrangers résidant en France et des Français nés de parents étrangers demeurent des problèmes familiaux et scolaires qui ne sont pas propres à ces populations, mais qui semblent au contraire comparables aux problèmes posés jadis par des populations françaises issues de l’exode rural ou par d’autres populations ouvrières étrangères en période de crise économique. Il nous semble du reste que les mécanismes sociaux généraux proposés dans cet article se retrouvent également en bonne partie dans d’autres pays occidentaux. »

CONCLUSION

Nous sommes partis une « citation » que nous avons reprise -par malice- sur une cible que nous affectionnons particulièrement. Mais nous savons que cette affirmation est reprise sur de nombreuses pages d’extrême droite, même sans la référence à l’article du « Washington Post ».

Nous avons étudié en détail cet article et sommes arrivés à plusieurs conclusions démentant de fonds en comble cette théorie des droites extrêmes.

  • Tout d’abord sur l’article lui-même : le Washington Post a oublié une importante précision : « Aujourd’hui, 50% à 80% des personnes détenues dans les établissements proches des grands centres urbains et des quartiers sensibles sont musulmans. »
    Ensuite de rappeler le contexte de l’article car celui-ci ne met PAS EN EXERGUE une délinquance qui aurait pour cause l’immigration elle-même, mais une SURDELINQUANCE PROVOQUEE PAR DES CONDITIONS SOCIO ECONOMIQUES TOTALEMENT DEFAVORABLES AUX POPULATIONS IMMIGREES.
    Pire, l’article stigmatise la France pour son refus de tolérance envers les pratiques de l’Islam, que ce soit dans la vie « ordinaire » ou l’univers carcéral.
    En somme un article qui reprend en totalité les arguments explicatifs des opposants à l’extrême droite !!!
  • Puis nous avons détaillé les conclusions des études menées par l’ONU et du Ministère de la Sécurité Québécois  afin de prouver que d’autres pays arrivent aux mêmes conclusions.
  • Nous avons expliqué le pourquoi des erreurs d’interprétation des chiffres des droites extrêmes trouvées couramment sur la toile (preuves et captures d’écran à l’appui) et qui s’apparentent sans aucun doute à des pratiques habituelles de manipulations.
  • Et enfin nous avons produits nos propres chiffres que nous avons tentés d’interpréter brièvement et soutenus avec des extraits des travaux de Laurent Mucchielli, sociologue reconnu spécialiste de ces questions.

Mais au final que reste-t-il ?
La constatation est, qu’une fois de plus, la généralisation ; le manque d’information, de sérieux, de connaissances ; le fonctionnement rhétorique en slogans (au lieu et place de l’argumentation) des droites extrêmes fait des ravages…

Comme le dit « la blonde youtube » elle visite les pages « en simple promeneuse littéraire » (voir notre première capture d’écran.
Les affidés de l’extrême droite ne réfléchissent pas : ils croient…
Même devant une telle démonstration comme la nôtre, nous savons qu’un très petit nombre acceptera s’être trompé de bout en bout.
Leurs références se sont les médias qui tournent en boucle sur les faits divers…
En dix ans, la part de traitement des médias des faits divers a augmenté de 73% !
Or et ce n’est pas un détail, on sait que M6 est leader en la matière et que les chaines préférées de l’électorat d’extrême droite regarde majoritairement… TF1 et M6

Il est donc très difficile de leur faire entendre les véritables raisons de la délinquance qui sont bien connues depuis le 19e siècle. Et encore moins que les stéréotypes qu’ils utilisent à l’égard des populations musulmanes sont les mêmes que leurs ancêtres idéologiques passés…

Très difficile.
Mais ce n’est pas pour cela qu’on ne doit pas le faire.

 

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