11 avril 2017 | Temps de lecture : 4 minutes

Syrie 16: propagande russe et fachosphère française, main dans la main

« Sputnik news » ou « la voix de son maître Poutine » vient de nous pondre un fantastique article de propagande. Complètement bidon bien entendu et à plus d’un titre.

Quid de « sputnik »?

L’agence de presse Sputnik est née en novembre 2014, en remplacement de l’agence RIA Novosti. C’est à la fois un site, et une radio, entièrement financés par l’État russe et dépendant de Rossiya Segodnya, l’agence de communication gouvernementale. Objectif ? Faire rayonner la Russie à l’international. Dit autrement par le patron de Rossiya Segodnya, Dmitri Kisselev : « Nous sommes contre la propagande agressive qui nourrit le monde et impose un point de vue unipolaire (…) Le monde ne peut pas être unipolaire [car] cela aboutit à des victimes et à l’effusion de sang »a-t-il expliqué.

 

Et en ces journées de guerre en Syrie avec l’appui de la Russie au régime Syrien, la propagande fait donc rage:

Le Daily Mail retire un article sur le plan US d’organiser une attaque chimique en Syrie

© Sputnik. Mikhail Voskresenskiy

Le Daily Mail britannique retire de son site l’article intitulé «Les États-Unis ont soutenu le projet d’effectuer une attaque chimique en Syrie et d’en rejeter la responsabilité sur le gouvernement d’Assad» datant le 29 janvier 2013. S’agit-il d’une coïncidence? Sputnik attend la réponse du journal en question pour en connaître les causes.

En janvier 2013, le quotidien britannique Daily Mail publie un article de la journaliste Louise Boyle qui évoque le sujet du projet américain portant sur l’organisation d’une attaque chimique en Syrie ayant pour objectif de «faire accuser le gouvernement de Bashar al-Assad». Cependant sur fond d’escalade du conflit actuel, l’article a été retiré du site. Sputnik s’est adressé à la direction du Daily Mail afin de savoir quand cet article avait été supprimé et pour quelle raison. Pour l’instant, aucune réponse n’été donnée.

Selon les propos publiés il y a quatre ans, ce projet américain devait servir de prétexte pour renforcer les opérations militaires sur le territoire syrien effectuées par la coalition internationale.

« Les fuites des messages électroniques prouvent, au préalable, que la Maison-Blanche avait donné son accord à la réalisation de l’attaque chimique en Syrie qui pourrait servir de cause pour accuser le régime d’Assad, puis renforcer les opérations militaires internationales dans un pays affaibli », était-il écrit dans l’article de 2013.

De même, le rapport publié contenait la correspondance entre deux personnalités haut placées de la compagnie Britam Defence qui révélait que « le schéma approuvé par Washington » supposait que « le Qatar financerait l’utilisation des armes chimiques par des forces de l’opposition syrienne »

En plus, l’auteur de l’article a indiqué que cette correspondance avait été rendue publique par un hacker malaisien qui avait pu avoir accès aux résumés ainsi qu’aux copies des passeports de ses dirigeants via un serveur non-sécurisé de la compagnie.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, 59 missiles «Tomahawk» ont été tirés depuis des destroyers de l’U.S. Navy dans l’est de la Méditerranée, touchant plusieurs cibles sur la base aérienne de Shayrat, dans la région d’Homs, dans l’ouest de la Syrie.

Commentant ce bombardement, Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense, a déclaré que « chaque spécialiste comprenait que la décision de porter les frappes aériennes contre la Syrie avait été prise par Washington bien avant les événements dans la localité de Khan Cheikhoun, ceux-ci n’étant qu’un prétexte formel. Cette démonstration de force militaire était dictée uniquement par des raisons de politique intérieure ».

 

Nous irons très vite pour le debunkage de cet article. Vous allez pouvoir le constater.

Tout d’abord « Sputnik » n’a pas besoin de demander au Daily Mail les raisons de ce retrait de l’article. Tout simplement, parce que ces raisons sont DÉJÀ indiquées sur leur site:

 

 

Un article du 29 Janvier a rapporté des allégations sur Internet que le gouvernement américain avait soutenu un complot visant à lancer une attaque en Syrie d’armes chimiques et d’en blâmer le régime d’Assad.
Les rapports ont fait référence à un courrier électronique soit disant rédigé par David Goulding, le directeur du développement des affaires de la « Défense Britam » au fondateur de l’ entreprise, Philip Doughty. Le courriel a été publié sur Internet après que le système informatique de Britam ait été illégalement piraté à Singapour. Elle a fait référence à une proposition qui Britam fournirait des armes chimiques en Syrie en échange d’une énorme récompense financière et a suggéré que les administrateurs étaient prêts à examiner la proposition illégale.
Nous reconnaissons aujourd’hui que le courriel a été fabriqué et reconnaissons qu’il n’y a aucune vérité dans toute suggestion que Britam ou ses administrateurs étaient prêts à envisager de prendre part à un tel complot, ce qui a pu conduire à une atrocité. 
Nous nous excusons à chacun d’entre eux et avons accepté de payer des dommages importants.

Read more: http://www.dailymail.co.uk/home/article-2311199/Britam-Defence-David-Goulding-Philip-Doughty.html#ixzz4dxReCfOE

Et effectivement le Guardian nous révèle que le Daily Mail a payé 100 000£ soit environ 120 000€ en dédommagement du hoax malveillant:

Le Daily Mail a présenté ses excuses et payé £ 110,000 en dommages – intérêts pour diffamation à une entreprise de défense Londonienne, qu’elle a lié à tort avec un complot d’arme chimique présumé en Syrie.

« Britam Défense limited » se plaignait qu’un article sur le site Web du Daily Mail « Mail en ligne » avait faussement accusé deux de ses dirigeants de conspirer dans un « complot machiavélique et illégal » dans l’État du Moyen – Orient « pour une récompense financière énorme ».

L’article a cité un email prétendument envoyé entre deux cadres de l’entreprise qui prétendait montrer que Britam avait accepté de fournir des armes chimiques à utiliser à Homs pour une attaque. Cependant, les e-mails se sont avérés être faux.

Voilà, voilà.

Mais ce n’est pas tout. Nos lecteurs attentifs auront remarqué un détail « qui tue ». L’article d’excuse du « Daily Mail » date du … 18 avril 2013… Soit 2 mois après la publication de l’infaux.
« Sputnik » colporte donc un infaux gravissime déjà debunké depuis … 4 ans. Tout en semblant le découvrir aujourd’hui et en faisant un lien COMPLÈTEMENT abusif entre ce retrait et la station actuelle en Syrie.

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