10 janvier 2016 | Temps de lecture : 13 minutes

Lutte des classes contre lutte de races

Positionnement des debunkers

Doit-on opposer lutte des classes et lutte des races ? Communiqué des Debunkers

Le dimanche 31 octobre se tenait à Paris une « Marche de la Dignité ».

Relayée par le quotidien « l’Humanité » et d’autres organisations « sérieuses », un de nos nouveaux membres a cru bon de relayer cet appel. Malheureusement, le diable se cache parfois dans les détails et quelques heures ensuite, d’autres membres de notre équipe y repéraient un très sérieux « hic ». À l’unanimité,  nous avons décidé de retirer cette communication.

En effet, sous un appel de prime abord innocent et relayé de bonne foi par des organisations de gauche, se cachaient en fait d’autres groupes que nous considérons comme peu « fréquentables ». Pire, pour certaines, comme des organisations « fascistoïdes ». Certains de nos lecteurs se sont étonnés de ce retrait, d’autres au contraire de cette publication même. Nous pourrions nous arrêter là et gloser à l’envie sur le « communautarisme », les « rouges bruns », les « suprémacistes », etc. Bref, faire de l’antiracisme de base avec le médiocre résultat qu’on lui connait depuis des décennies. Il est bon de se positionner contre, mais c’est notoirement insuffisant.

Comment pleurer sur la dépolitisation et ensuite faire l’impasse d’une explication de texte ? À moins que pour certains, il ne s’agisse que d’un positionnement de façade ?

Les Debunkers sont avant tout un groupe et en aucune façon celui-ci ne saurait être l’expression d’une pensée unique ou de celle d’une personne qui agirait seul. Nous avons de nombreuses discussions au sein de notre équipe afin d’en dégager des positions communes. Nous ne sommes affiliés à aucun parti, aucun syndicat ou autre organisations « officielles ». Ce n’est pas une tare, ce n’est pas non plus forcément un avantage, mais un choix politique qui sert nos desseins. Desseins qui sont bien connus, puisqu’ils figurent dans nos statuts associatifs. Ainsi, nos valeurs sont les suivantes :

 

Liberté,  Égalité,  Fraternité,  Humanisme,  Laïcité
Considérant la propagande mensongère et haineuse des partis et groupes d’extrême droite par l’intermédiaire des TIC et la quasi absence de réponse sur le même terrain des partis/syndicats/ groupes dit « classiques », l’association se propose de lutter par tous moyens légaux contre ce type particulier de propagande. Notamment en :
– Construisant des moyens de ré-information (création d’un site et de pages sur différents réseaux sociaux).
– Enquêtant sur la désinformation (hoaxes/rumeurs/intox) effective de l’extrême droite et construire un contre argumentaire basé sur des preuves objectives.
– Amenant cette ré-information sur le terrain des médias
– Construisant une coordination avec d’autres groupes dont les objectifs seraient semblables
– Coordonnant, soutenant, initiant toute action qui irait dans le sens premier de cette association
– Luttant contre toute action de l’extrême droite qui semblerait contraire aux valeurs définies par notre charte.

C’est pourquoi il nous semble nécessaire d’expliciter nos choix, et cet article n’a pas de prétention autre.

1.   « Lʼappel à la dignité »

⚑  Vous pourrez trouver cet appel ici : https://marchedeladignite.wordpress.com/

  • Un constat, cet appel semble bien innocent. On pourrait même dire que les rédacteurs de cet appel ont réussi à effacer l’accusation de « communautarisme » par des phrases comme celles-ci :
 « Les interprétations les plus courantes de ces émeutes incriminèrent à juste titre la déshérence des quartiers, les conditions sociales lamentables, le chômage, la vie dure : une véritable guerre sociale faite aux pauvres » ;« En plus des conditions sociales toujours plus déplorables, le harcèlement des populations des quartiers, leur humiliation, constituent le quotidien pour les Noirs, les Arabes, les Rroms, et les Blancs des quartiers »

Et pourtant, à la relecture, on y trouve des expressions plus gênantes. Pourquoi avoir précisé « les Noirs, les Arabes, les Rroms, et les Blancs des quartiers » ? En effet, il manque là tant de personnes stigmatisées : les juifs, les homosexuels, les femmes, les handicapés, les asiatiques, etc. Explicitons avec l’exemple des juifs. Est-ce à dire que les juifs et autres n’habitent pas « les  quartiers». N’y aurait-il que des juifs riches, classique tartufferie « rouge-brune » ?

  • Les signataires, et c’est là que le réel problème se pose.

Aux côtés d’associations et de partis que l’on peut considérer comme « respectables », on trouve des associations franchement louches, voire carrément fascitoides. Pire encore, ces associations infréquentables sont souvent présentes, voire invitées par ces « associations et partis respectables ». Un exemple parmi d’autres : le « Parti des Indigènes de la République » (le P.I.R). Cette association est régulièrement invitée dans des évènements classés « à gauche ». Des groupes d’extrême droite honnissent ce parti et lui font une guerre sans merci. Tout à priori pour être plutôt « sympathique» à nos yeux… C’est pourtant exactement le contraire, car que préconise le P.I.R ? Une version « racisée » et une lecture ethnique des conflits sociaux. Mais leur but est de renverser le rapport de force entre « races ». Autrement dit, ce n’est absolument pas différent des partis fascisants classiques qui préconisent eux la suprématie de la « race blanche ». Dans la même veine que les suprémacistes noirs comme Kémi Seba, proche de Alain Soral et Dieudonné.Entre autres, le Parti des Indigènes de la République est fier d’avoir « inventé deux concepts » :

 

le « philosémitisme d’état » et la « lutte des races sociales » ( http://www.politis.fr/Les-Indigenes-de-la- Republique,31089.html ).

Selon le P.I.R, l’antisémitisme est explicable par le fait que « les Juifs » occulteraient « la mémoire de la traite négrière », la mémoire du colonialisme « blanc », mais aussi « la mémoire du génocide des Tziganes » — ce qui expliquerait l’hostilité « de la part des sujets post-coloniaux envers les Juifs »  qui les voient comme les « enfants chéris de la République »4. Selon Mme Bouteldja, porte-parole du parti, les Juifs seraient aussi les « porte-parole de l’Occident ou plus exactement ses goumiers notamment par le biais d’un autre État-nation colonial : Israël »4.Or,  comme  l’explique  très  bien  le  site  «  Socialisme  Libertaire  »  dans  un  article  intitulé « L’antisémitisme des Indigènes de la République »4, cette expression n’a rien de nouveau :

 

« Croyant sans doute innover en dénonçant le « philosémitisme d’État » (1), Mme Bouteldja rejoint ainsi une vieille tradition de l’extrême droite gauloise antisémite qui va d’Édouard Drumont à Alain Soral… En effet, dans ses polémiques contre les partisans de l’innocence du capitaine Dreyfus, l’écrivain antisémite Édouard Drumont dénonçait déjà ceux qu’il appelait les « philosémites », qui, pour lui, étaient des traîtres, des individus en voie de devenir « Juifs ». Dès la première page de La Libre Parole il dénonce « le philosémite Leroy-Beaulieu ».
Dans un article de Jean-Paul Honoré (« Le vocabulaire de l’antisémitisme en France pendant l’affaire Dreyfus », Mots, mars 1981, n° 2, pages 73-92), on découvre que la notion de « philosémitisme » est utilisée depuis longtemps comme un euphémisme pour dénoncer ceux qui luttent contre l’antisémitisme… d’État ou populaire. À l’époque, le concept de « politiquement correct » n’avait pas encore été inventé, mais l’extrême droite antisémite française dénonçait déjà le « philosémitisme » et les « compromissions philosémites ».
[…]
Aujourd’hui, le terme de « philosémite » n’est pas simplement utilisé par des intellectuels pour discuter en petit comité, ou par des militants de l’extrême droite sioniste-raciste, il fait aussi partie du langage codé que pratiquent les internautes antisémites de base, car il est inséparable de tout un raisonnement complotiste selon lequel les gouvernements du monde (et notamment ceux des États-Unis et de la France) seraient contrôlés par « les Juifs ». Dans le langage politique courant, « philosémite » est clairement une insulte utilisée par les Gaulois d’extrême droite depuis un siècle pour désigner les « souchiens » qui prennent le parti des Juifs et des juifs…
Et cela, Mme Bouteldja ne peut l’ignorer, pas plus qu’elle ne peut ignorer qu’en dénonçant un « philosémitisme d’État » et en employant sans cesse l’expression « les Juifs » elle participe à une racialisation politique négative des 600 000 juifs ou Juifs français qui sont aussi divers politiquement et socialement que les « musulmans » ou les « sujets post-coloniaux » dont cette dame prétend se faire le porte-parole. Pour illustrer l’ignominie de sa démarche, je prendrai quelques exemples de l’usage actuel de l’expression « philosémitisme » dans les milieux d’extrême droite gaulois, composés d’individus peut-être « blancs » mais certainement aussi réactionnaires que Mme Boutelja. »

 

Quant à la « lutte des races sociales » prônée  par le P.I.R, elle est un bien mauvais avatar des concepts de Frantz Fanon. Une version déformée, identitarisée. En effet, comment penser que le SDF ou le prolo blanc ne vivent pas la même exclusion sociale que son voisin, d’origine maghrébine, noir, ou juif, vivant dans la même banlieue.

Exactement comme toutes les extrêmes droites, le PIR « essentialise » le blanc, ne pense pas à un « racisme d’état », mais une fonction de privilège parce qu’on est blanc. Si le P.I.R essentialise le blanc, alors il légitime l’existence du « racisme inversé » ou « racisme anti blanc », cher à l’extrême droite classique. Or ce racisme anti blanc justement, n’existe pas.

Puis trois pages plus loin, vous trouvez une affirmation exactement contraire…
Et c’est précisément le problème de ces sites : vous y trouvez tout, le contraire de tout.

 

« Ces associations font fausse route », déplore Eric Fassin :

 

« en renvoyant dos à dos tous les  racismes, elles font perdre son sens au phénomène raciste, qui sera toujours un rapport social de domination ».

 

Pour lui, comme pour la gauche visée par Taguieff, le racisme ne peut en effet fonctionner que dans  un sens : des dominants vers les dominés. Victimes des discriminations quotidiennes (à l’emploi, au logement, etc.), les minorités visibles ne sauraient être racistes. S’il peut exister, à la marge, des violences, des insultes dirigées contre les Blancs, celles-ci restent individuelles, contextuelles, réactives, propres aux « passions », jamais structurelles.

Non seulement le « racisme anti-Blancs » est une notion douteuse, glissante, mais comparer le racisme du dominant et le « racisme édenté » (Albert Memmi) du dominé, sans force, sans pouvoir, est une venimeuse opération politique, destinée à opprimer davantage les victimes… ( http:// www.telerama.fr/idees/le-racisme-anti-blancs-serait-il-une-notion-piege,107045.php ).

 

Le P.I.R « oublie » ainsi qu’un blanc peut être ségrégé parce qu’il est pauvre, qu’il est homosexuel, que c’est une femme, que c’est un handicapé, etc. Celui-ci l’affirme sans ambages, l’essentialisation ne le dérange pas, alors que c’est pourtant ce problème d’essentialisation qui est le fondement de tout racisme : « Or, je voudrais m’arrêter sur cette notion d’essentialisme. Je ne crois pas que le fait d’essentialiser un groupe soit problématique en soi, dans l’absolu. Ce qu’il faut identifier c’est l’auteur de l’essentialisation et surtout sa position de pouvoir. » H. Bouteldja. »

2. Racisme et fascisme

Si nous sommes anti-racistes, notre association est fondamentalement et avant tout « anti-fasciste ». En cela nous ne pratiquons pas un antiracisme « moral » cher à certaines associations qui ont  contribué à nous placer dans la situation de division et d’échec d’aujourd’hui en face de l’extrême droite.

Le fascisme précède le racisme

L’histoire nous enseigne que les montées de l’extrême droite, le fascisme, se fabrique lorsque deux types de contradictions inhérentes au système capitalistique se développent : des contradictions de classes (contradictions sociales entre la classe dominante et la classe dominée), et les contradictions entre puissances : rivalités, directes ou indirectes, pour le partage et le repartage des zones d’influence mondiales. L’intensité de ces contradictions conduisent sous diverses formes à une tendance générale à la réaction  et à la fascisation, dans divers pays du monde.

Lorsque les deux catégories de contradictions arrivent au summum d’intensité (comme dans la période de l’entre-deux guerres : crise économique et sociale/tensions maximum entre puissances), les classes dominantes cherchent à circonscrire toute possibilité d’expression politique des classes  populaires, à désintégrer leurs formes d’organisation politique, par la manière forte ou par la séduction.

 

Tout système, politique, économique, possède un sous-système de régulation homéostatique qui maintient le système en place. Cette homéostasie est actuellement maintenue par les médias dont le

« There is no alternative » est le principe. Et comme dans les années 30, les partis d’extrême droite se présentent comme profondément révolutionnaires, « anti système », et « anti impérialistes ».

Or l’expérience l’a prouvé, rien n’est plus faux. Un parti fasciste au pouvoir ne fait que renforcer les inégalités inhérentes au capitalisme. Mais l’extrême droite révèle ainsi une incapacité théorique autre que celle de prendre aux véritables révolutionnaires leurs expressions et leurs mots. Elle procède ainsi d’un véritable gramscisme particulièrement efficace par le biais des médias et tout principalement d’internet.

Toute lutte antifasciste et anti-raciste doit ainsi commencer par réaffirmer les fondements d’un antifascisme, d’un antiracisme universel, et proposer de véritables alternatives au  système économique et politique actuel.

Ce faisant, il se doit de lutter avec la plus grande vigueur contre la propagande de l’extrême droite sur internet, et ce que nous déplorons, peu de personnes le saisissent encore. Loin de vouloir être célèbres et nous « faire un nom » les membres d’Agissons / Debunkers s’inscrivent très précisément dans ce processus.

 

Même si les « processus de fascisation » révèlent en fait un état de crise profond des régimes en place…

À côté de la violence et de la terreur (rappelons que jamais un parti fasciste n’est arrivé au pouvoir sans violence), tout processus de fascisation (quel que soit le nom qu’on lui donne) tend à « flatter» les différentes fractions du peuple. Profitant de leurs difficultés et de leur malaise, il tente de les enfermer dans des « identités » catégorielles ou partielles (de « race », « d’ethnie », de religion, de culture, etc). Cette « flatterie » identitaire conduit les exploités à se diviser, à lutter les uns contre les autres, à détruire leur unité de classe, au profit d’une imaginaire communion avec les classes qui les oppriment (en mettant en avant une prétendue « communauté » de « race » ou de « culture »).

Dans ce contexte, le racisme est bien un avatar du fascisme et non la maladie elle-même.

3.   À quatre ou avec n’importe qui ?

Comme l’a souligné un des membres de notre groupe sur cette problématique, se pose ici  un problème majeur :

Soit on manifeste à quatre personnes intègres, quitte à êtres invisibles ; soit on manifeste avec n’importe qui, quitte à y perdre son âme.

Dès lors, on peut afficher une position de principe bien proprette qui consiste à rester devant son ordinateur en fustigeant à tout va sans ne prendre aucun risque. Une position bien égotiste qui a autant de chance de servir l’antifascisme « réel » que celle qui consiste à se moquer éperdument de qui tient la banderole de tête.Nous en sommes là, et disons-le : le groupe Agissons/Debunkers n’a aucune envie de se retrouver dans une de ces deux seules alternatives. À ce jour, il nous semble bien difficile de dégager une position universelle qui s’appliquerait à tous les dilemmes de ce genre… Mais nous allons essayer de poser des principes qui pourraient en établir des bases.

Reposer des principes

À chaque fois, il nous semble nécessaire de reposer en pierre d’angle les principes politiques que nous avons décrits ci-dessus. Nous ne rappellerons jamais assez ce principe Nietzschéen : « Celui qui doit combattre des monstres doit prendre garde de ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes dans un abîme, l’abîme regarde aussi en toi. »— Aphorisme 146, « Par-delà Bien et Mal. »  Il faut reposer donc fonds et forme ; ce qui anime notre combat, mais aussi la façon dont nous nous y prenons.

Une analyse nécessaire

Ceci étant fait, il devient indispensable de poser les principes de forme et de fonds qui animent les organisations auprès desquelles nous voulons agir ou celle voulant signer un de nos appels. C’est loin d’être simple, puisque autant certains groupes sont de véritables repoussoirs (et franchement d’essence fascisantes), autant pour certaines le trouble est manifeste. Ce sont ces groupes que nous qualifions de « fascistoïdes » ou bien de « rouges-bruns ».Appellation d’autant plus difficile à appliquer que certains antifascistes de canapé l’utilisent à tour de bras, dès qu’il s’agit d’ennemis identifiés, que ce soient politiques ou parce que vous vous êtes un  jour garés sur leur place de parking. Cela devient une insulte pratique d’autant plus facile qu’elle est stigmatisante pour quelqu’un réellement de gauche. Le site « Reflet » en a fait un article4 très drôle et pourtant très pertinent:

 

Disons qu’un point central du « programme politique » confus du rouge-brun est le « rassemblement national » contre un ennemi commun. Ce rassemblement peut être ethnique, religieux voire même apparemment politique (comme J. Sapir proposant récemment une alliance totalement contre nature  de toutes les forces politiques en lutte contre l’euro-libéralisme).

Deux axes doivent fonder notre analyse du groupe « co-manifestant » : ce qu’il déclare et ses alliés.

C’est là que des groupes ou des pages d’analyses deviennent des alliés indispensables. Des sites comme « confusionnisme.info » ou « Observatoire des réseaux » sont des alliés naturels. Spécialisés dans le sujet, ils accumulent des connaissances, des relations indispensables qui sont de véritables boussoles pour nous.

Les leaders, le texte dʼappel

Enfin, même si cela peut sembler évident, il convient de dissocier les organisations à l’origine de l’action, de celles qui sont cosignataires, puis de regarder attentivement « le diable dans le détail » qui peut s’y cacher.

Une « méthodologie » qui reste parcellaire

Tout ceci étant effectué, il reste parfois des zones d’ombres. Tout d’abord parce que, comme nous l’évoquions ci-dessus, certaines associations contiennent en leur sein des éléments qu’au mieux on peut qualifier de « trouble » sans que l’on puisse sérieusement discréditer l’association dans son ensemble.

Ce genre d’affaires se sont multipliées ces dernières années au point de jeter le discrédit sur certains groupes dans leur ensemble. Nous nous devons de rappeler les affaires Balme (et d’autres) au Front de Gauche par exemple.

Enfin, parce que parfois même l’application de cette méthodologie reste sans effet et crée des discussions au sein de notre groupe sur l’opportunité ou non de rejoindre certains mouvements.

« La manifestation de la « Dignité    »

Comme nous l’avons vu, l’appel était ambigu et certains participants non fréquentables : Médine, adepte de la quenelle et soutien de Dieudonné ; Ismahane Chouder de « Participation et Spiritualité Musulmanes », amie de Christine Boutin, partisane de la « Manif pour Tous » et ennemie jurée de la gauche radicale marocaine ; ou encore, Saïd Bouamama, collaborateur régulier du négationniste Michel Collon.

Face à cet état de fait, nous avons choisi de ne pas nous y associer. Est-ce à dire que le problème est résolu pour autant ? Certainement pas.

Les responsabilités de l’échec des mouvements de gauches dans les banlieues sont patentes. La continuation des politiques ultra libérales, la ghettoïsation, l’impunité des forces de polices, l’échec dans la lutte contre les inégalités, la misère croissante, etc. ouvrent un boulevard à ces groupes flirtant — ou lui facilitant son avancée, volontairement ou non — avec l’extrême droite.

 

Cette manifestation organisée soit-disant par les « gens des banlieues » eux-mêmes est la marque de l’échec des politiques. Comment ne pas vouloir se rapprocher de ceux qui vous semblent « compagnon de galère » quand le discours politique ne vous parle pas et que les mesures prises échouent les unes après les autres ?

Semble t-il si inconcevable que des gens oubliés choisissent de faire l’impasse sur la solidarité de classe afin de se rapprocher d’un conglomérat de luttes, certaines légitimes, mais n’étant qu’un symptôme au lieu de s’attaquer au fond ?

Autant, si cette manifestation a été organisée par le P.I.R et ses proches, il serait réducteur d’affirmer qu’elle n’est que cela. Taper sur les organisateurs qui remuent la tambouille de la haine est une chose, mais faire de même sur tous les participants en est une autre.

Malheureusement, les solutions pour retrouver une lutte globale semblent bien loin, et l’extrême  droite a de beaux jours devant elle.

En conclusion

Cette problématique affecte tous les groupes antifascistes et en appliquant la même méthodologie, des groupes amis pourraient bien ne pas parvenir au même résultat.

En septembre 2015 par exemple, nous avons participé à une conférence avec deux membres de l’association « ACRIMED ». Or nous savons pertinemment que ce groupe pose parfois problème.

Certains de nos membres critiquent de façon acerbe (et avec des arguments valables) les positionnements de Julien Salingue (d’ACRIMED), et pourtant, nous avons choisi de participer.

Tout d’abord, parce que les deux membres d’ACRIMED qui participaient n’étaient aucune de ces deux personnes. Mais aussi parce que nous avons pu justement procéder à des échanges et énoncer clairement nos positions. Enfin, parce que la ligne éditoriale d’ACRIMED reste parfaitement claire et non « vérolée » par des tendances rouges-brunes. Ce qui n’est malheureusement pas le cas de la manifestation de la « Dignité ».

Notre association reste ouverte à tout questionnement sur ses choix de participation à des actions. Nous n’avons aucunement la prétention de ne jamais nous tromper.

Sources

  1.  Parti des Indigènes de la République, « Racisme (s) et philosémitisme d’Etat ou comment politiser l’antiracisme en France ? », par Houria Bouteldja, le 11 mars 2015
    http://indigenes-republique.fr/racisme-s-et-philosemitisme-detat-ou-comment-politiser-lantiracisme-en-france-3/
  2.  Allocution de Houria Bouteldja à la Maison de la Littérature à Oslo, le 3 Mars 2015, lors de la conférence « Minorités, nationalisme et États-Nations ».
  3.  Socialisme Libertaire, « L’antisémitisme des Indigènes de la République », par Michel, le 21 mars 2015 | http://www.socialisme-libertaire.fr/2015/03/l-antisemitisme-des-indigenes-de-la-republique.html
  4.  REFLETS info, « Fiche technique : comment reconnaître un rouge-brun ? », par Yovan Menkevick, 18 mars 2014 | Fiche technique : comment reconnaître un Rouge-Brun ?
To top