03 juillet 2013 | Temps de lecture : 7 minutes

Le rappeur qui fait trembler les genoux…

Encore les genoux identitaires  (affiliation officielle désormais)…

Ils reprennent deux citations du rappeur Youssoupha, le tout collé sur une photo « peu à son avantage », afin de permettre le déferlement de phrases racistes qui s’ensuivent en commentaires (le tout non censuré bien sûr).

 

hoax youssoupha

Mais les « genoux » font dans la manipulation…
Et ils « oublient » de rappeler d’où viennent ces deux « citations » (qui d’ailleurs n’en sont pas… Car elles sont extraites de deux chansons de l’artiste.
Et l’admin des genoux se garde bien de vous le dire. Pourquoi? Parce qu’on aurait pu alors regarder le reste des paroles, les remettre dans leur contexte et sans doute voir ce que le chanteur veut dire réellement.

La première citation est tirée de la chanson « Les apparences nous mentent« , dont voici les paroles:

Parce que la mort nous donne pas d’préavis, j’suis devenu hardcore et avide vu qu’aujourd’hui c’est l’premier jour du reste de ma vie
J’me fie qu’à mes songes et ma vision car l’être humain vit d’eau fraîche, de mensonges et de trahisons
J’fais plus confiance à la télé, à la presse, ils disent de nous qu’on est fêlés, traitent ma religion avec maladresse
Ils nous agressent, manipulent la réalité, et les héros qui nous font sont des bouffons d’télé-réalité
J’fais plus confiance aux cainris et à leurs rêves, à force de vivre à leur rythme on finit par se plier à leurs règles
C’est à New York que je suis rentré dans l’arène, loin des clichés MTV B j’ai vu la misère dans les rues d’Harlem
J’fais plus confiance à la France, elle nous accuse d’être dissipés mais ses dés étaient pipés d’avance
Et j’m’en tape de tous ces rappels à l’ordre, bientôt j’me taille au bled dépenser l’argent de tes allocs
J’fais plus confiance à nos icônes, Ze Pequeno était idiot et Scarface était un toxico
Même si les parrains d’la mafia nous sous-estiment, j’suis le fils à Malcom X, rien à foutre de Jacques MesrineRefrain (X2) :
J’me méfie de tout et de tout l’monde
Car beaucoup se défilent et trahissent quand le ton monte
J’accumule les tumultes et les tourmentes
Les apparences nous mentent et j’attends le dénouementJ’fais plus confiance à ma plume, depuis qu’elle est sortit de la brume mais qu’elle me rapporte de la tune
Elle perpétue mes idées, ma condition, donc j’espère que mes écrits resteront fidèles à mes convictions
J’fais plus confiance à la démocratie, les députés qui m’représentent sont tous issus d’l’aristocratie
Pris en otage, le système nous kidnape et j’oublie pas qu’en 2002 il m’a contraint à voter Chirac
J’fais plus confiance aux rappeurs, la plupart s’inventent une vie d’voyou quand au mic ils deviennent narrateurs
Les vrais bandits se sont déjà arrachés, toi MC tu joues le ouf parce que tu piaves du panaché
J’fais plus confiance aux hommes car selon mes sondages, souvent ils violent leurs filles, battent leurs femmes car souvent ils sont lâches,
Mauvais pères, refusent d’assumer leurs devoirs et la plupart vendraient leurs mères pour une fouf ou pour une heure de gloire
J’fais plus confiance aux femmes, dans la légende certaines ont un chèque dans la tête et une calculette entre les jambes
Elles jugent les gens souvent sur le matériel, ces demoiselles ont plus l’instinct d’fauve que l’instinct maternel

Refrain (X2)

J’fais plus confiance à l’alcool même si son arôme me racole, son ivresse m’a rendu hardcore
En désaccord j’ai cru qu’la tize donnait du style, mais j’ai vu la bêtise et le sheitan dans un verre de sky
J’fais plus confiance à la science c’est dramatique, elle n’avance que pour fabriquer des armes de destruction massive
Elle nous promet le bonheur et le progrès et nous laisse dans l’horreur car le profit reste son projet
J’fais plus confiance à la vie j’suis lucide, on dit qu’à 20 ans elle est belle mais trop de jeunes ont recours au suicide
Pour éviter la mort aucun subterfuge, chaque jour Dieu me rappelle que même les disques d’or sont superflus

Refrain (X2)

 


Et là on voit bien que ce brave youssoupha ne fait pas une attaque « anti française » mais bien une attaque contre le système économique, les états qui le soutienne et qu’en France, la vie n’est pas ce qu’il parait pour les « minorités ».
Bref le classique « punchline » du rapeur…

La deuxième citation est tirée de la chanson « A force de le dire« :

 

On me reproche les mêmes colères, les mêmes foutus thèmes
Moi je fais du rap populaire dans tous les sens du terme
Nos esprits sont descendus à force de les réduire
Alors nos speechs ne seront entendus qu’à force des les direA force de le dire, à force d’écrire sur mon ghetto et sa malchance
Un jour, mes rimes sont sortis de ma chambre
Adolescent à force de rap et de rythme effréné
J’suis passé d’l’illegal à la Cigale à guichet fermésA force de rapper sur ton crunk comme une petite tass
Viens pas faire le thug, moi je fais toujours pas de Dirty South
Suces la tendance jusqu’à la mort, t’es dans de beaux draps
Moi j’men fous de la mode, par définition elle se démodera

A force de voir nos plus grands leaders assassinés
Je pleure pour leur mémoire mais tous leurs combats restent enracinés
Et le savoir sera mon arme c’est décidé
Puisque les hommes qui ont les balles combattent souvent les hommes qui ont les idées

A force de m’comparer à ceux qui ont détruit Mannathan
A chaque fois que vous parlez vous ne faites que des islamalgames
Et les soldats ricains sont devenus héroïques
En 2001 quand tous les musulmans du monde sont dev’nus terroristes

A force d’être trahi mes amis je les dose
J’fais de l’acuponcture tellement j’ai de couteaux dans le dos
J’ai fait de l’homme l’ennemi de mon destin
Parce que le jour où j’serais son meilleur ami il me traitera de chien

A force de juger nos gueules les gens le savent
Qu’à la télé souvent les chroniqueurs diabolisent les banlieusards
Chaque fois que ça pète on dit qu’c’est nous
J’mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Eric Zemmour

A force de viser le trône j’ai fais le serment
D’être un leader car le deuxième est le premier des perdants
Les jaloux crachent mais moi je n’les comprends pas
Comme la police si tu me clashes tout c’que tu dis s’ra ret’nu contre toi

A force de voir les flics écarter nos jambes
J’me demande si je suis j’né en 2008,la nuit du 4 novembre?
Je me rends bien compte de la victoire noire Américaine
Mais on n’change pas le monde en un week-end avec Yes We Can

A force de dire que le fn est mort à l’évidence
On oublie que ses idées elles sont encore bien vivante
Qu’elles alimentent le programme du président élu
Quand il parle d’identité nationale une fois dans les urnes

Ma jeunesse opprimé mais qui prend sa défense
A force de clichés pour expliquer tous les sifflets dans le stade de France
Est c’qu’il nous aime ce pays j’sais pas du tout
Eh Malik c’est la France qui nous insulte et c’est ça pas du lourd

A force de supporter les cris et les saluts nazis
Avec ses skins, Paris la nuit n’est vraiment plus magique
Et si l’homme descend du Singe
Le Kop de Boulogne te l’rappellera renoi le jour tu joueras au Parc des Princes

A force de s’aimer sans lendemain et sans latex
On vieillit mal avec l’idée du VIH dans la tête
J’m’entête à force d’avoir la tête dans un nuage de fumée
On s’ramolit sans cesse mais on a du mal à assumer

A force de subir l’occupation de ses territoires
La Palestine est meurtrie et j’nique tous les colons de l’histoire
Militez pour que le message s’ex-porte
Un peuple humiliée au milieu des murs et des check-point

A force de s’bloquer dans des cases, on a menti
Il faut de tout pour faire un rap le but étant de rester authentique
J’fais pas le gangster ça c’est véridique
Ma génération a connu le rap français à travers Benny B

A force de m’rappeller de ma vie de gosse
A Cergy le hip hop m’a frappé lorsque j’rappais sur des beats box
Sapé à la Kriss Kross, j’lache une p’tite strophe
Quelques rimes houleuses pour mes gars des Touleuses et St Christophe
Youssef, Marcel
Abdulai, et Adel
Pedri, Mounir, Frédéric et Mohamed
Et moi même j’dois tous à Diable Rouge, j’ai les mots en peine
Et qu’Allah nous écoute afin qu’le frère Ali repose en paix

A force d’agoniser, à force de blames
A force de s’noyer dans des larmes alcoolisés, à force de drames
Mon rap contacte sans Blackberry ni Bluetooth
J’communique qu’avec des rimes et c’est terrible comment j’vous touche tous

A force de rêver disque d’or et Olympia
On veut tuer mes efforts comme le Tibet durant les Olympiades
Je peux pas plaire à tout l’monde, en toute amitié
Dans un monde où même Dieu ne fait pas l’unanimité

A force de rire du bout des lèvres étant donné
Que les blagues Michel Leeb me font moins rire que celle de Dieudonné
Quand l’humour est acerbe il prend des risques fous
Et j’dois bien reconnaître qu’on ne peut pas toujours rire du tout

A force de subir une guerilla sauvage
Mon pays meurt dans l’oubli et dans l’amnésie internationale
Y’a cette tragédie humaine dont l’opinion se moque
Pourtant la guerre au Congo a fait plus d’4 millions de morts

A force d’avoir mon dialecte qui balance
En argot et en français sont mes lettres mais j’oublie pas ma langue
Baninga bo lela té
Soki lelo na yé té
Muana a bosanaka nzela mboka na yé té

A force d’évoluer dans c’game intolérable
Combien de fois j’ai eu envie d’rentrer au bled et d’arreter le rap
Mais la suite me fait saliver
Car le succès d’A Chaque Frère reste la plus belle chose qui me soit jamais arrivée

On me reproche les mêmes colères, les mêmes foutus thèmes
Moi je fais du rap populaire dans tous les sens du terme
Nos esprits sont descendus à force de les réduire
Alors nos speechs ne seront entendus qu’à force des les dire


Idem… Pas de quoi fouetter un chat, c’est une dénonciation très classique des amalgames racistes que pratiquent les fafs et des pratiques du fn (et de l’extrême droite en général).
Et sur Zemmour, celui ci est très mal placé pour se plaindre, au vu de « l’humour » qu’il pratique. En effet ce pseudo journaliste est connu pour son ton agressif et les mots qu’il utilise sont nettement plus violent. Mais on comprends les « genoux » puisque Zemmour a fait un procès (qu’il a perdu http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/06/28/eric-zemmour-perd-son-proces-en-appel-contre-le-rappeur-youssoupha_1726665_3224.html) sur ces paroles.

 

Zemmour accusait Youssoupha de menaces de mort.
Pas de bol, « mettre un billet sur quelqu’un » effectivement c’est le menacer de mort.
Mais là Youssoupha, pas stupide, dit bien « mettre un billet sur celui qui fera taire ce con de zemmour »…

Donc il le protège… ^^

Encore une belle démonstration des techniques de désinformation de l’extrême droite:

  • retirer les paroles de son contexte
  • mettre ce qui est devenu une « citation » sur une photo non à l’avantage de l’auteur
  • présenter le tout avec un préambule qui déforme la citation, pratiquant la généralisation abusive et au confusionnisme le plus total

On ne les félicite pas…

 

Debunked !!!

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