31 août 2013 | Temps de lecture : 3 minutes

La fédération du Front National de la Loire (42) se raconte des fables

C’est beau… Mais c’est faux.


En effet, si vous regardez ce site:

https://www.lafontaine.net/les-fables/
qui répertorie TOUTES les fables de La Fontaine, vous ne la trouverez pas. Conclusion? un faux, probablement écrit par « les « contes de Perrot » (voir notre capture d’écran).
Plus sérieusement, se prétendre le gardien de la tradition, des coutumes françaises pour les méconnaitre à ce point…vraiment faut être un Tartufe d’extrême droite. Pardon, c’est un pléonasme.

Rappelons tout de même que cette fédération est une habituée du genre et publie énormément de hoaxes.

Debunked !!!

Précisions de nos perspicaces lecteurs (et lectrices):

Y en a qui doutent de rien hein. et pourtant ils l’ont étudié en cours ^^. Il se trouve que j’ai une édition originale des fables de LaFontaine. Et cette fable n’en fait effectivement pas partie. LaFontaine ne se moquait que des « bourgeois » et têtes couronnées. Rarement du peuple lui même, sauf pour les commerçants « pompeux », et « nouveaux riches » de la Cour.Dans ses poésies, il n’y avait jamais de méchancetés ou d’images négatives. Dans la poésie publiée par le FN, on comprend aisément qu’il n’y a qu’un sens, haineux.La force de Lafontaine, c’est qu’il y a de multiples sens à ses écrits (souvent 3 ou 4). Et il faut étudier ses textes pour comprendre de qui il parle…Là, « le chien et le chacal », c’est tout de suite rôdé..Bref des abrutis qui nous prennent pour des cons.

 

sans aller jusqu’à l’analyse stylistique, il est évident que c’est un faux… la conclusion saute aux yeux, jamais La Fontaine n’aurait écrit une conclusion aussi sentencieuse, aussi « ferme et définitive » qui laisse aussi peu place au fait que tout à chacun peut y voir ce que bon lui semble!
Pour citer Frédéric, de la hoaxteam, qui nous a fait une très belle analyse de cette « fable » :

http://www.hoaxbuster.com/forum/fable-de-la-fontaine-le-chien-et-les-chacals                 « Il n’y a même pas besoin d’aller consulter la liste des œuvres de La Fontaine pour savoir que c’est un faux.

En effet, ce texte viole allègrement la majorité des règles métriques qui avaient cours au XVIIe :

* les rimes du type « tours » / « détour » étaient interdites, parce qu’à l’époque on prononçait les « s » à la fin, et que donc un tel truc n’aurait pas rimé (et c’est la même chose avec, au hasard, « passèrent » et « sincères ») ;

* de la même manière, jamais un poète du XVIIe n’aurait fait rimer un mot féminin (= terminé par un « e » dit muet, plus marqué à l’époque que maintenant) comme « pâtirent » avec un mot masculin comme « entretenir » ;

* un poète du XVIIe aurait fait alterner rimes féminines et masculines dans son texte (alors qu’ici par exemple les pseudos-rimes « éclopé »/ »paix » précèdent « doigt »/ »surcroît ») ;

* du coup, un poète du XVIIe n’aurait jamais choisi une forme de strophe comme celle utilisée dans la conclusion de ce texte (ABCCAB), parce qu’elle interdit justement une telle alternance ;

* un poète du XVIIe n’aurait jamais élidé sauvagement un « e » dit muet, comme dans le vers « C’est ce dont je désirE lecteur t’entretenir » où le « e » en majuscule doit sauter pour qu’on ait un alexandrin (aucun poète du XVIIe n’aurait usé de vers de 13 syllabes) ou comme dans le vers « Ah ça compèrE je vous prédis » où le « e » doit sauter pour qu’on ait un octosyllabe (là aussi La Fontaine, n’étant pas Verlaine, n’aurait pas usé d’un vers de 9 syllabes) ;

* un poète français du XVIIe n’aurait jamais repoussé un « e » muet terminal en début d’hémistiche, comme dans le vers « D’amour à la concordE nouvelle entre nous » (alexandrin dit « spaghetti » par Cornulier parce que les italiens les adorent, eux) – il n’aurait pas non plus éclaté un syntagme nominal aussi important entre deux hémistiches.

En clair, stylistiquement parlant ce texte n’aurait pas pu être écrit avant Apollinaire (début XXe) : c’est donc un faux patent. »

Évidente conclusion:

Comme d’hab, le plus affligeant est leur méconnaissance totale de la culture/langue/identité dont ils prétendent être le dernier rempart.
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