30 juillet 2015 | Temps de lecture : 13 minutes

La crise des exploitants agricoles? l’extrême droite en profite

L’immigré fait un bon bouc émissaire (d’élevage)

L’extrême droite française a-t-elle récupéré la crise agricole ?
Ce que les médias nomment « crise de la filière agricole » est bien entendu, largement récupéré par l’extrême droite.
Un dessin de Düff qui fait son chemin jusque chez Fdsouche résume la position habituelle de l’extrême droite, que voici :

Un dessin de Düf

Dessin qui a tellement de succès que même « La gauche m’a tuer » tente une récupération :

LGTM, média d’extrême droite récupère la crise de la filière agricole

http://www.donotlink.com/g2xm

Et depuis d’autres surgissent, preuve du succès:

Nous nous sommes attelés à nettoyer un peu les clichés et comme à notre habitude, démonter ce thème. L’extrême droite a beau jeu de s’accaparer la crise agricole, son discours est compatible, la terre qui ne ment pas, etc…
Mais ce n’est pas mission aisée tant il est facile de tomber dans d’autres clichés « inverses », car comme pour tout, rien n’est jamais tout blanc ni tout noir.

1)      « Analyse » du dessin

Des méthodes et des opinions très classiques de l’extrême droite, le monde agricole est en crise et l’immigration aggrave les choses.

a)   Situation agricole

  • Temps de travail de l’agriculteur (journalier/hebdomadaire/annuel) énorme
  • Impôts/charges importants
  • Revenus faibles

b)   Situation de l’immigré

Un immigré récemment arrivé, qui touche des allocs plein pot sans travailler.

c)   Paradigme d’extrême droite, analyse et conclusion: l’immigré touche plus que l’agriculteur du terroir, c’est un scandale.

Une mise en forme sur trois idées en 3 cases, liées soit disant entre elles. Nulle part on ne parle de la situation des agriculteurs. Le dessinateur met sur le même plan, l’immigration et la situation des agriculteurs comme si celle-ci était la conséquence de l’autre. En mettant en rapport des évènements, le dessinateur tente de créer un lien de causalité entre elles.
Grossière propagande, mais très classique chez les fachos.

d)   Qui est le dessinateur  « Düf »?

Un dessinateur fascisant que nous connaissons bien puisqu’il a fait ses « premières armes » chez la « blonde de youtube ». Une référence dans la manipulation et le mensonge donc.  Il a ouvert sa propre page sous le nom de « rebelle » d’où est tiré ce dessin.

2) Coûts de l’immigration / revenus des immigrés

a) Le fantasme des allocs

Nous n’allons pas lourdement nous attarder sur des sujets qui ont été abordés de nombreuses fois chez les debunkers.
Nous vous conseillons de vous référer tout d’abord à cet article :

https://www.debunkersdehoax.org/non-les-chomeurs-meme-immigres-nont-pas-un-salaire-depassant-ceux-des-travailleurs-francais/

Ensuite de piocher dans les articles de nos deux rubriques :

Mais tout de même pour la bonne bouche, regardons cette assertion.
« Düf » (le dessinateur), mais aussi boborowski (de LGMT), décrit un immigré nouvellement arrivé qui toucherait 1200€ d’allocations….

L’immigré nouvellement arrivé peut être soit arrivé légalement ou pas. Dans le premier cas, on peut imaginer qu’il demande le RSA.

Or, pour toucher le RSA, cet immigré doit posséder la carte de résident ou être en France depuis plus de 5 ans.
http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F24637.xhtml

Et que pour obtenir cette carte ce n’est pas si facile :

Première demande de carte de séjour temporaire

Peu probable donc.
Et si cet immigré décrit est illégal alors on ne voit pas comment il fait pour cumuler des allocations auquel il n’a pas droit…

Mais si un faf en goguette veut bien nous expliquer (avec des sources) on attend avec impatience.

b) La tentative de récup de Borowski (« La gauche m’a tuer »)

Comme d’habitude, boborowski y va fort. C’est qu’il ne fait pas dans le détail notre faf ! Voici ce qu’il affirme, sans rire dans son article :

Ils peuvent cumuler sans aucune activité un salaire mensuel de plus de 1200€ dans certains cas bien plus même. Ils bénéficient du RSA, Aide à la mobilité pour la reprise d’emploi, Aide différentielle de reclassement, Aide financière pour la fourniture de l’électricité, Aide financière pour la fourniture du gaz, Allocation de garde d’enfant à domicile, Allocations mères isolées, Allocation de logement à caractère familial (ALF), Allocation de logement à caractère social (ALS), Aide personnalisée au logement (APL), Allocation de rentrée scolaire, Allocation de soutien familial, Allocation journalière de présence parentale, Allocation personnalisée à l’autonomie (APA), Complément familial, Coupon sport, Fourniture de l’eau, Prime de retour à l’emploi etc. etc. etc.
Sans compter la gratuité totale dans les soins de santé. Et peut-être des dispositifs si nombreux que j’ignore étant donné l’imagination que possède notre législateur pour créer toujours plus d’aides et d’assistanat à une population nous crachant au visage.
Donc un immigré illégalement resté en France, violant ainsi la loi touchera plus à la fin du mois qu’un exploitant agricole ne rechignant pas au travail.

Le tout sans rire.
Alors que, et ce n’est pas faute de lui avoir répété (et il est au courant puisque le grand mamamouchi de LGMT nous a déjà interpellé sur twitter) : ces aides ne sont pas toutes cumulables, les Français peuvent les obtenir, la plupart de ces aides ne sont pas admissibles si vous êtes clandestin, etc…
De TOUT CELA,  IL EST AU COURANT !
Juste, il ment.

(merci à Nawak! 😉 )

3) Politique et politique agricole

L’extrême droite crise sur l’immigration, mais concrètement, la situation agricole du pays n’est pas son cheval de bataille.

Situation agricole

Sur ce point, les DbK ne rentreront pas dans le travers opposé de ce dessin en traitant tous les agriculteurs de gros racistes, avides de subventions européennes, maltraitant et sur-exploitant leurs cheptels, où les plus petits se font dévorer par les plus gros et sont d’éternels pleurnichards ou casseurs afin que le vilain Etat et l’UE leur reversent aveuglement nos impôts.
Les problématiques du monde agricole sont bien plus complexes qu’un simple dessin raciste et dans un même temps dévalorisant pour celui-ci.
Que ce soit sur les choix techniques, d’élevage, d’investissement, de fiscalité, mais aussi le choix de vie & de philosophie de l’éleveur, nous ne pouvons pas restreindre les agriculteurs à un unique cliché réducteur.
De plus, nous pouvons voir que cette filière économique est mal représentée (que ce soit ses représentants syndicaux et acteurs de filière), que le modèle économique (ultra-libéral avec une volonté d’exporter à moindre coût) montre à chaque nouvelle crise ses faiblesses et qu’il serait grand temps que les agriculteurs reprennent en mains leurs filières (de A à Z), et non plus comme depuis des décennies de simples acteurs et faire-valoir.

Ceci étant dit, voyons un peu plus en détail

a) Politique française et européenne

Un peu de culture politique et de connaissance du milieu agricole vous montre que cette tranche de la population vote majoritairement à droite (voir à l’extrême droite comme c’est le cas en Normandie, centre Bretagne), donc pour des politiques souvent ultra libérales, ces mêmes politiques qui actuellement les foutent dans la merde en créant la crise (bref le serpent qui se mord la queue). Du coup, devant cette impasse, le bouc émissaire est tentant.

«Le total des voix de droite et du centre atteint donc 76,5% chez les agriculteurs 
soit 21 points de plus que dans l’ensemble de la population». «Historiquement, avec les retraités et les catholiques pratiquants, les agriculteurs faisaient partie des groupes sociaux les plus réfractaires au FN» rappelle Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’IFOP.
[…]
Aujourd’hui les agriculteurs votent FN au même niveau que le reste de la population, voire davantage. Au premier tour de 2012, Marine Le Pen a obtenu 19,5% des voix paysannes, contre 18% au niveau national. Selon Jérôme Fourquet, cette évolution suit celle du reste de la population: «Dans la grande dichotomie entre gagnants et perdants de la mondialisation sur laquelle joue le FN, l’électorat paysan se vit comme faisant partie des seconds. Leur méfiance envers les élites s’est accentué, et leur rapport à l’Europe dégradé.».

Cet aspect nous parait intéressant, car la droite française est plutôt libérale. Or, l’agriculture française et européenne est un secteur ultra-aidé, ce qui est en contradiction avec les positions politiques majoritaires de ce monde. Or, il est plus facile de fuir une réalité que de l’affronter. Du coup, devant cette impasse (nombre d’agriculteurs sont pauvres et d’autres très riches, un peu à l’image de la société française), le bouc émissaire est tentant : il est plus facile d’en vouloir à un autre fantasmé que de s’avouer s’être trompés depuis des années.

On ne comprends donc pas ces agriculteurs, ces « exploitants », qui votent à droite, et qui ont donc dû apprécier les mesures de libéralisation du marché de Sarkozy, inspirées par le rapport Attali et mises en musique par Bruno Le Maire, la fin des quotas sur le lait, eux qui honnissent tant l’Europe, etc. Et maintenant qu’ils doivent négocier dans un marché libre, ils découvrent que c’est la loi du plus fort qui les écrase. Les voici qui réclament l’intervention de l’État, la venue immédiate du ministre, le secours d’une aide supplémentaire, d’une subvention, d’une décharge (eux qui sont si rétifs à l’impôt en tant que libéraux, n’est-ce pas!).

 

En ce qui concerne les aides européennes, une grosse partie des subventions de la PAC (Politique Agricole Commune) vont surtout aux céréaliers (bassin parisien, Picardie, sud ouest) ensuite suivent les laitiers et les bovins (grand ouest). Le parent pauvre (pour les aides) reste le maraichage qui bizarrement a su prendre l’initiative de changer de mode de distribution et/ou de production.
Devons nous rentrer dans les connivences entre représentants syndicaux agricoles, responsable d’industrie agro-alimentaire (un grand nombre donateurs des LR-UMP voire FN) et distributeurs, voir certains agriculteurs qui sont dans les CODIR (COmité DIRecteur) de certaines entreprises ou COOP  qui ont tout fait pour casser les prix (pour l’export) et dans un même temps augmenter les charges (immo, intrant, etc), avec pour résultat une dégradation des bénéfices ?

b) Temps de travail

Nos différentes sources indiquent le même temps de travail, même si là encore de fortes disparités existent :

D’après une étude réalisée par la Cnasea en 2004, la durée moyenne de travail hebdomadaire des agriculteurs interrogés serait de 58 h avec une durée annuelle comprise entre 3.000 et 4.000 h. Une étude de l’Insee (2000) évalue ce temps de travail à 2.500 h/an en moyenne.
Mais des différences importantes existent selon le type de production. Ainsi, le producteur laitier travaillerait 900 h de plus que le céréalier ou le viticulteur.
Selon le « Portrait social de 2014 de la France » publié le 19 novembre 2014 par l’Insee, les agriculteurs déclarent travailler 54,7 heures par semaine.
[…]
Les agriculteurs sont aussi les plus nombreux à déclarer travailler après 20 heures (41 %) et le weekend au moins une fois par mois (86 % le samedi et 70 % le dimanche).

Rappelons que notre dessinateur estime le temps de travail de ces exploitants à … 84 heures par semaine… On est loin du compte.

Quant aux vacances, elles sont courtes et aléatoires.

Cependant des aides existent et en particulier un crédit d’impôt pour remplacement :

https://entreprendre.service-public.fr/vosdroits/R20110

c) Impôts/charges

Pour la partie fiscalité, tout dépend si l’agriculteur est au réel (simplifié ou non) ou au forfait.
Peut importe le CA que sort l’exploitation c’est surtout le bénéfice que l’éleveur arrive à en tirer.
En gros le revenu agricole n’a rien à voir avec le revenu de l’agriculteur (qui soit financier ou nature comme par exemple le prélèvement d’1L/j de lait dans le tank) qui lui peut faire partie d’une charge, et donc n’est pas imposable. De plus certains n’hésitent pas à sur évaluer leurs stocks (ainsi que d’autres charges allant de la facture EDF, à l’emprunt sur la voiture personnelle de l’éleveur, en passant par les croquettes du chien…) afin d’augmenter cette partie charge et ainsi sous évaluer le bénéfice réel. La contre partie est surtout une baisse des charges MSA, qui se traduit dans le futur à de très petite retraite (on ne compte pas les gains sur la revente immobilière après cessation d’activité).

Autre chose, il est possible pour les agriculteurs de modifier (au moins 2 fois en 1 carrière) les dates de clôtures d’années fiscales.

Par exemple : 1 année fiscale va du 1 janvier au 31 décembre, or pour différents choix personnels (et d’optimisation fiscale), il est possible, après demande, de commencer une année le 1er janvier et la clôturer le 31 mars (soit 3 mois) et les années suivantes commencer l’année fiscale au 1 avril et la clôturer au 31 mars.
Les raisons de ces changements sont diverses, cela va du coup de poker (prévision de fort hausses des prix de vente et donc trop grosse augmentation du bénéfice et hausse d’impôt), plusieurs années fastes (sachant que le calcul ce fait sur une moyenne de 3 années fiscales), besoin aussi de casser son revenu moyen pour avoir le droit à certaines aides sociales (bourses & alloc pour les enfants faisant de plus longues études).

d)     Revenus

Les revenus sont très variables. Si le chef d’exploitation laitière est propriétaire de sa ferme, ceux-ci dépendent de la taille de l’exploitation, du troupeau, de la quantité de lait produit et, bien sûr, des cours de ce produit collecté par l’industrie laitière.

… soit un salaire moyen annuel brut de 26 323 € bruts / an
Salaire net moyen pour les hommes 1 784 nets / mois

 

Salaire net moyen pour les femmes 1 588 € nets / mois         soit         11 % de moins que les hommes

 

http://www.salairemoyen.com/salaire-metier-2-Agriculteur.html

 

Preuve que ce système fonctionne sur des années maigres et fastes, une sorte de loto, en 2014 voilà les estimations :

A 30.100 €/actif non salarié, les revenus des producteurs de lait sont au plus haut depuis 2000. Les producteurs de bovins viande dégageraient les revenus parmi les plus faibles (14.500 €/actif non salarié), victimes d’un fort repli de l’indice des cours de la viande.

 

Le revenu des non-salariés d’une exploitation agricole se base sur le revenu courant avant impôt. Les revenus présentent de fortes disparités en fonction du type d’exploitation. Selon les données provisoires du ministère de l’Agriculture, le revenu courant moyen dans les grandes et moyennes exploitations devrait s’élever à 27 200 euros en 2014, en hausse par rapport à 2013. Pour les éleveurs de bovins à viande, leurs revenus devraient diminuer pour 2014 (15 900 euros) par rapport à 2013 et devraient rester plus faibles que la moyenne 2011-2013. En ce qui concerne les éleveurs de porcs, leurs revenus en 2014 doivent également diminuer par rapport à 2013 et rester bien inférieurs à la moyenne 2000-2013.
Comment ont évolué les revenus et l’endettement des agriculteurs ?

Certes la filière VB (Viande Bovine) a pris un coup dans le porte-monnaie (surtout dû à une diminution de la consommation de bœuf) mais on est loin des 600€/mois.
C’est d’ailleurs toute la consommation de viande qui baisse :

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/09/24/97001-20100924FILWWW00514-la-consommation-de-viande-a-baisse.php

 

Pour les céréaliers de nos jours la majorité spécule…  Ils vendent leurs récolte en fonction des prix du CAC40 ! D’autres choisissent la sécurité et prennent l’abonnement de la coopérative. Il y a des gagnants et des perdants selon les récoltes. En tout cas les exploitants de ce secteur ont des revenus bien supérieurs à ce que prétend le dessin.

D’un point de vue macro économique on peut dire que les gros exploitants s’en sortent bien, notamment par la captation d’un pourcentage substantiel des budgets européens. Si l’on regarde de plus près, comme tout système capitaliste, il y a des perdants, souvent les petits exploitants, ceux qui ne sont pas dans une filière favorisée

Sinon pour éviter de jouer la carte manichéenne (le pauvre petit et le méchant gros), rappelons que le train de vie d’un agriculteur n’est pas forcement lié à la taille de son exploitation mais plutôt de son niveau technique (pas forcement lié à son niveau de diplôme), de son organisation, l’état de son outil de travail (bâtiments, matériels, etc.), ainsi que de sa gestion (choix d’investissement matériel, immobilier, durée d’amortissement etc.).

4) Agriculture intensive vs agriculture bio/raisonnée

Une filière coûteuse

Et pourtant. Si la filière laitière française provoque un certain nombre de profits, elle induit aussi des coûts. De l’étable au supermarché, en passant par les entreprises de transformation, les conséquences négatives de l’économie laitière sont estimées à 7,1 milliards d’euros par an. Pour 1 euro de chiffre d’affaires, ce sont donc 28 centimes « d’impact négatif sur la société et l’environnement » qui sont générés. C’est loin d’être négligeable. Ce coût environnemental et social est évalué par un rapport très détaillé et sourcé réalisé par le Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne (Basic) [1]. Celui-ci « vise à fournir une vision d’ensemble de la filière lait française et un premier ordre de grandeur de l’ampleur de ses impacts sociaux, sanitaires et environnementaux », des éléments « qui sont systématiquement ignorés par le monde économique ». Pollutions de l’air et de l’eau, contribution au changement climatique, précarité de l’emploi, déchets générés… Tout est passé au crible de la calculette, du mode d’alimentation des bovins à l’exportation de lait en poudre en passant par les emballages des produits.

C’est l’élevage qui génère le plus d’impacts. Logique : la France compte le plus grand nombre de vaches laitières en Europe. Plus de 3,8 millions de vaches laitières, dont près de la moitié broutent en Bretagne, en Pays de Loire et en Normandie, donnent chaque année 24 milliards de litres de lait. Des vaches qui engloutissent du fourrage en étable ou qui paissent librement en prairie émettent du méthane et de l’ammoniac. Le premier pèse fortement sur le climat. Le coût de l’empreinte carbone des vaches laitières est ainsi estimé à plus de 1,1 milliard d’euros. Le second contribue à la pollution de l’air. « Les bronchites chroniques, l’asthme, la fibrose pulmonaire, les affections des voies aériennes supérieures constituent la moitié des maladies respiratoires professionnelles des éleveurs », rappellent les chercheurs du Basic. Ce préjudice sur la santé et l’environnement est lui estimé à 1,4 milliard d’euros.

http://www.bastamag.net/Des-prairies-au-caddie-le-prix

 

CONCLUSION(s)

  • Certes, certains agriculteurs ont des revenus inférieurs au seuil de pauvreté mais le revenu moyen est d’environ 20k€/ an et il existe aussi des « millionnaires » dans ce secteur. Il est avéré que pendant les années fastes, beaucoup investissent dans l’immobilier (location en ville, etc.).
  • Que si le temps de présence dans un élevage est de 7j/7, de plus en plus d’agriculteurs ont des possibilités de WE & de vacances via soit l’entraide, soit des organismes de travail « intérimaire » & de remplacement.
  • Que malgré certaines périodes (saison des moissons et de l’ensilage par exemple), aucun agriculteur ne travaille 12h/j 365j/an. Certaines amplitudes de travail pourraient le laisser penser (amplitude entre la traite du matin et du soir en laitier), mais il ne faut pas oublier de soustraire les temps de pause (pour manger, aller chercher les enfants à l’école, voir le voisin pour parler de la pluie et du beau temps, activités associatives etc.) qui varient d’un exploitant à un autre et qu’à ce niveau le milieu agricole a une souplesse que grand nombre d’autres milieux n’ont pas. Donc, il s’agit plus souvent d’une organisation et de choix personnels.
  • Que la fiscalité agricole est l’une des plus souples et des moins fliquées de France (même si elle demande un temps important pour s’y attarder). Aussi confondre charges personnelles et charges professionnelles est une bêtise monumentale et ne pas oublier que les agriculteurs reçoivent (même si c’est avec un gros décalage et fait parfois des trous dans la trésorerie) des retours sur TVA.

Et en note un peu plus politique (et moins technique) :

  • Que la PAC représente 40% du budget de l’UE, que malheureusement les bénéficiaires de 80% de cette aides ne représentent que 20% des exploitants (en majorités les céréaliers français et allemands, ainsi qu’éleveur laitiers et bovins viandes).
  • Que les représentants et porte-paroles de ces mouvements sont aussi parfois dans le même temps membres de CODIR d’abattoirs, d’industrie de l’agro-alimentaire voire industriel (pour le président de la FNSEA), et que certains éleveurs ont cette double casquette. Se plaindre de prix bas et en même temps voter pour ces baisses de prix, c’est un peu le serpent qui se mord la queue
  • Autre particularité, de plus en plus d’agriculteurs jouent la carte alternative, soit vers la vente directe ou les circuits courts (éleveur – boucher – consommateurs), soit vers les filières de qualité (AOP, AOC, label, bio), soit en diversifiant leurs activités (ferme + gite) ce qui permet dans un même d’améliorer leurs revenus et créer des emplois (et ainsi maintenir un tissu social).

Point final à cette petite étude :

http://www.20minutes.fr/rennes/1657287-20150724-bretagne-combien-vont-couter-degradations-eleveurs

 

Site de Rodho

 

Encore une fois, un mensonge éhonté de l’extrême-droite sur la crise agricole cherchant à détourner l’attention des gens vers un coupable tout trouvé : l’étranger fainéant, alors que c’est le système capitaliste dans son ensemble qui est le vrai coupable. Mais cela demande une analyse et des efforts bien plus importants que de simplement se défouler sur un bouc émissaire (d’élevage ?).

Les Debunkers remercient « Nawak ». Nous l’avons contacté afin qu’il contribue à illustrer cet article, ce qu’il a fait bien gentiment.
Merci à lui! Son site et sa page facebook

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