22 février 2015 | Temps de lecture : 28 minutes

Bretons, Auvergnats, Italiens, Espagnols, Arabes et Roms: dehors les étrangers qui nous volent notre travail!

« Tout le monde le sait bien qu’il n’y a pas de racisme mais des racismes : racisme anti-pauvre, racisme anti-jeune, racisme anti-femme, racisme anti-arabe… Alors, si vous êtes une « pauvre jeune femme arabe ! » »…Guy Bedos

Le racisme en France n’est pas une histoire simple à aborder, souvent douloureuse. C’est un article un peu particulier qui s’offre à votre lecture. En effet, il s’agit non pas, comme à notre habitude de démonter un fait, un hoax ou une rumeur précis, mais une assertion bien inscrite dans le patrimoine de pensée de l’extrême droite :

« L’étranger est inassimilable ».
Par essence.

Cette figure de l’étranger « inassimilable » accompagne chaque vague migratoire. Des Italiens, de la fin du XIXe siècle, aux migrants africains d’aujourd’hui, les stéréotypes ne changent guère. Les immigrés seraient trop nombreux, porteurs de maladie, délinquants potentiels, étrangers au corps de la Nation, voire même ennemis de celle-ci. Cette xénophobie, récurrente en temps de crise, va souvent de pair avec l’antisémitisme et se nourrit de racisme.

 

Ce que nous voulons démonter dans cet article, c’est la réflexion très fréquente qui consiste à présenter les étrangers d’aujourd’hui comme inassimilable, alors que les anciennes vagues d’immigrations, elles se seraient intégrées parce « qu’Européennes ».
Nous voulons montrer que rien n’est moins vrai car les stéréotypes que l’on entend sur les immigrés « d’aujourd’hui », sont exactement les mêmes que ceux que les immigrés « d’hier », Belges, Polonais, etc… ont entendu. Que ces stéréotypes procèdent des mêmes phrases, mêmes sous-entendus et mêmes préjugés.
Et que, de façon plus significative encore, ces stéréotypes ont été absolument les mêmes, qui ont été utilisés contre les Provinciaux français à la fin du XIX ème siècle !!!

Notre but n’est pas d’expliquer en profondeur les raison de ces stéréotypes autrement que par des pistes de lecture ; qui vous emmèneront plus loin. Mais bien par des citations xénophobes/racistes ; de vous démontrer par A+B que ce que le raciste d’aujourd’hui présente comme une réalité incontournable, comme un fait indépassable, une vérité absolue (que seuls les « bobogauchistes » et « les ennemis de la France » nient), n’a pas été moins vrai envers les provinciaux et de tous les membres des vagues successives d’immigration qu’ont connu notre pays.

1) Le stéréotype de l’étranger

L’Autre est présenté, inconsciemment peut-être, comme quelqu’un dont les habitudes, les mœurs sont étranges, anormales, voire monstrueuses.

« On respecte ses règles (celles de la France), c’est-à-dire qu’on est pas polygame, on ne pratique pas l’excision sur ses filles, on n’égorge pas le mouton dans son appartement et on respecte les règles républicaines » disait Sarkozy.

Pourquoi la presse, suite au meurtre et au viol de Sophie Gravaud, nous parle d’un suspect « nantais d’origine bosniaque », ou « bosniaque », ou « français d’origine bosniaque », ou encore « clandestin d’origine bosniaque » ? On lit couramment un « français d’origine maghrébine » quand la presse évoque un fait divers. L’origine, ethnique dirons-nous, aurait-elle une valeur explicative dans l’acte ? Surtout, cela conduit à un schéma mental chez l’auditeur, le lecteur ou le téléspectateur : le crime est étranger. Pour corriger le tir, il serait peut-être bon de parler de suspect d’origine française quand il s’appelle Jean-Pierre Durand.

La figure de l’étranger est forcément menaçante. L’immigration est forcément issue d’une volonté des dirigeants d’affaiblissement du pays, mais aussi d’une rapacité de l’immigrant. L’immigrant ne peut que menacer la Nation, la dissoudre, dans toutes ses composantes :

« Il est en Europe un État, la France, qui en est menacé. C’est un pays riche, dont la population ne s’accroît plus, entouré de pays pauvres dont la population s’accroît constamment. L’immigration de ces voisins est fatale, et d’autant plus fatale que les exigences croissantes de nos ouvriers la rendent nécessaire pour les besoins de l’agriculture et de l’industrie. Les avantages que trouvent ces émigrants sur notre sol sont évidents. […] un travail plus facile et mieux rétribué que sur leur territoire natal. Ils se dirigent vers notre pays, non seulement parce qu’il est plus riche, mais aussi parce que la plupart des autres édictent chaque jour des mesures pour les repousser. L’invasion des étrangers est d’autant plus redoutable, que ce sont, naturellement, les éléments les plus inférieurs, ceux qui n’arrivaient pas à se suffire à eux-mêmes dans leur patrie, qui émigrent. Nos principes humanitaires nous condamnent à subir une invasion croissante d’étrangers. Ils n’étaient pas 400 000 il y a quarante ans, ils sont plus de 1 200 000 aujourd’hui, et ils arrivent en rangs chaque jour plus pressés. Si l’on ne considérait que le nombre d’italiens qu’elle contient, Marseille pourrait être qualifiée de colonie italienne.[…] Si les conditions actuelles ne changent pas, c’est-à-dire si ces invasions ne s’arrêtent pas, il faudra un temps bien court pour qu’en France un tiers de la population soit devenu allemand et un tiers italien. Que devient l’unité, ou simplement l’existence d’un peuple, dans des conditions semblables ? », Lois psychologiques de l’évolution des peuples (1895), Gustave Le Bon, éd. Félix Alcan, 1907, chap. III, p. 124

 

Un très bon article de Slate explique et détaille ces stéréotypes :

Les stéréotypes et les préjugés ont une origine socioculturelle. Ils se construisent autour de trois influences majeures; l’éducation qui façonne nos attitudes et nos comportements, les médias qui sont saturés de stéréotypes et l’influence de groupes de référence. Nous évoluons dans un environnement  composé de différents états; la maison, l’école, le travail… Chacun de ces microcosmes se construit autour de valeurs et d’habitudes.

Et qu’en tant que constructions sociales, ces préjugés, ces stéréotypes sont forcément ancrés dans la réalité sociale du moment. Ce qui explique qu’ils ne concernent quasiment que la vague d’immigration du moment.

Les stéréotypes racistes
Les stéréotypes racistes

Plus personne à l’extrême droite ne songerait à accuser Bretons, descendants d’italiens ou d’espagnols comme des gens issus d’un peuple sale, prédisposés à la délinquance, à la tricherie aux allocations, à la violence et à la sexualité débordante.

A part les juifs dont la stigmatisation semble éternellement liée aux mêmes thèmes complotistes sur une prétendue domination mondiale. Ce qui est un phénomène quasiment unique.

C’est pourquoi les « petites phrases » racistes de nos politiciens visent les immigrés d’Afrique, et les pare de vices  que l’on entend plus à propos des vagues d’immigrations antérieures. Pire, ils justifient cela par une « réalité objective » que connaîtraient nos concitoyens confrontés avec les immigrés d’aujourd’hui, réalité que n’auraient pas connus nos ancêtres avec les « immigrés d’avant ».

Deux exemples :

  • « Notre problème, ce n’est pas les étrangers, c’est qu’il y a overdose. C’est peut-être vrai qu’il n’y a pas plus d’étrangers qu’avant la guerre, mais ce n’est pas les mêmes et ça fait une différence. Il est certain que d’avoir des Espagnols, des Polonais et des Portugais travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d’avoir des musulmans et des Noirs…[…]…Comment voulez-vous que le travailleur français qui habite à la Goutte-d’or où je me promenais avec Alain Juppé il y a trois ou quatre jours, qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15 000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50 000 francs de prestations sociales, sans naturellement travailler ! [Applaudissements nourris] Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur [rires nourris], eh bien le travailleur français sur le palier devient fou » J. Chirac 19 juin 1991

    « Il faut dénoncer l’amalgame trompeur que recouvre l’appellation “immigré” et distinguer les étrangers d’origine européenne faciles à intégrer et ceux issus du Tiers Monde difficilement assimilables en raison à la fois de leur importance numérique et de leur spécificité culturo-religieuse qui les incite à refuser l’assimilation, sous la poussée d’éléments intégristes ou à l’invitation des gouvernements de leur pays d’origine. » Pour la France, Jean-Marie Le pen, éd. Alabatros, 1986, p. 112

2) Le racisme anti-provinciaux

« La Bretagne est une colonie comme l’Alsace et les Basques, plus que la Guadeloupe  » dira Michelet en 1831

En France, la Révolution industrielle a provoqué un fort exode rural des provinces vers Paris (Bretons, Auvergnats…). Les classes possédantes parisiennes ont majoritairement développé un profond mépris pour ces nouveaux venus, qui s’est exprimé dans un racisme latent. Une des théories en vogue était alors que les parisiens étaient les fiers descendants des Francs victorieux, tandis que les provinciaux étaient la progéniture dégénérée des Gaulois vaincus.

C’était principalement de la classe dominante, concentrée à Paris, qu’émanait ce racisme. Ainsi le Journal des débats parlait « d’invasion des barbares », le baron Haussmann y voyait une « tourbe de nomades », et Adolphe Thiers une « multitude de vagabonds ».

Et même de nos jours, certains propos restent du même acabit. En effet en 1951 vit la promulgation de la loi Deixonne, (première loi française visant à autoriser l’enseignement des langues régionales de France, de manière facultative). Un député socialiste réagit, « Comment ! On veut nous apprendre le dialecte des cavernes !  ».

ll nous suffit de réfléchir encore aujourd’hui aux stéréotypes sur les provinciaux : « le Breton est têtu », « l’Auvergnat est avare », « le Parisien est arrogant », « le Corse est fainéant », « le chti est alcoolique », « le Normand est indécis », etc…

Les Bretons : incompréhensibles, sales et stupides…

Règlement d'école Bretonne
Règlement d’école Bretonne

« Les Bas-Bretons ont un langage dur et difficile à comprendre. Leurs habitudes, leurs coutumes, leur crédulité et leurs superstitions leur laissent à peine une place au-dessus de l’homme sauvage. Le paysan y est d’une malpropreté dégoûtante. Son habitation peut presque se comparer à celle d’Hottentots(…) En général les paysans ont une mauvaise physionomie, stupide et brutale à la fois.  » (Malte Brun, 1831)

« La Basse-Bretagne, je ne cesserai de le dire, est une contrée à part qui n’est plus la France. Exceptez-en les villes, le reste devrait être soumis à une sorte de régime colonial . Je n’avance rien d’exagéré  » (Auguste Romieu, sous-préfet à Quimperlé, 1831). Ce même Romieu préconisait d’ailleurs des méthodes originales, « Créons, pour l’amélioration de la race bretonne, quelques-unes de ces primes que nous réservons aux chevaux et faisons que le clergé nous seconde en n’accordant la première communion qu’aux seuls enfants parlant le français  » .

 

« Croyez-moi, Monsieur, le catalan qui me faisait tant enrager n’est qu’un jeu d’enfant auprès du bas breton. C’est une langue que celle-là. On peut la parler fort bien, je crois, avec un bâillon dans la bouche , car il n’y a que les entrailles qui paraissent se contracter quand on cause en bas breton. Il y a surtout l’h et le c’h qui laissent loin derrière la jota espagnole. Les gens qui parlent cette belle langue sont bons diables, mais horriblement sales(…) On voit dans les villages les enfants et les cochons se roulant pêle-mêle sur le fumier, et la pâtée que mangent les premiers serait probablement refusée par les cochons du Canigou.  » (Prosper Mérimée, lettre à Jaubert de Passa, 1835) .

 

Une remarquable constance de détestation qui survit tout le long du XIXème siècle :

 

« Le petit Breton est abandonné à lui-même dès qu’il peut marcher. A peine vêtu, malpropre, il patauge toute la journée par les chemins, mange à l’écart un morceau de pain noir, joue peu, ne parle pas(…) S’il a huit ans d’âge physiquement, il en a trois à peine pour le développement intellectuel….  » (Poitrineau, inspecteur d’académie à Vannes, Instruction, 1897).

 

« Les principaux traits de la race bretonne sont la malpropreté, la superstition et l’ivrognerie »
Manuel de géo,1929

 

En 1969 paraissait cette annonce dans l’Agriculteur de l’Aisne :

 « Nous vous demandons de faire connaître, avant le 8 janvier au syndicat betteravier, vos besoins en main d’oeuvre. Préciser la catégorie : Bretons, Italiens, Espagnols, Portugais, Marocains,…  »

Pour en découvrir plus 

Les méridionaux : exubérants, fainéants, métissés…et lâches

Journal de guerre d'un Occitan
Journal de guerre d’un Occitan

 » Je crois que Marseille est incurable à tout jamais, à moins d’une déportation de tous ses habitants et d’une transfusion d’hommes du nord « . Fréron, à la Convention, 1793

 

 » Notre étourderie vient du Midi, et, si la France n’avait pas entraîné le Languedoc et la Provence dans son cercle d’activité, nous serions sérieux, actifs, protestants, parlementaires. Notre fond de race est le même que celui des Iles-Britanniques « 
Ernest Renan in La Réforme intellectuelle et morale, 1871, rééd. Complexe 1990

 

« Tout ce que je puis vous dire, c’est ceci : je hais par-dessus tout les gens exubérants. Or tous les Méridionaux gueulent, ont un accent qui m’horripile, et par-dessus le marché, ils font des gestes. Non, entre ces gens qui ont de l’astrakan bouclé sur le crâne et des palissades d’ébène le long des joues et de grands flegmatiques et silencieux Allemands, mon choix n’est pas douteux. Je me sentirai toujours plus d’affinités pour un homme de Leipzig que pour un homme de Marseille. Tout, du reste, tout, excepté le Midi de la France, car je ne connais pas de race qui me soit plus particulièrement odieuse !  »  Joris-Karl Huysmans parlant du patriotisme français in  » Joris-Karl Huysmans  » interviewé par A. Meunier, fascicule n° 263 de la série Les Hommes d’aujourd’hui, Vanier, 1885

 

 » Les gens d’ici me déplaisent excessivement. Il y a dans l’accent un jappement et comme des rentrées de clarinette. A les voir remuer, s’aborder, on sent qu’on est en présence d’une autre race : un mélange du carlin et du singe ; une facilité vide, une exagération involontaire et continue ; un manque de tact perpétuel. […] Mon impression, sur le Cours, est que ces gens-là ont besoin d’être gouvernés par autrui. Ils sont parfaitement incapables d’avoir le moindre empire sur eux-mêmes. Le sang, l’action, la colère, leur montent tout de suite à la tête.  » Hippolyte Taine (1828-1893) in Voyages littéraires, Toulouse
Gaston Méry qui fait dire au personnage Jean Révolte dans son ouvrage L’Invasion méridionale :
 »  [Le méridional] s’étend comme un filet, une toile d’araignée monstrueuse, sur le pays tout entier. La politique, l’administration, le clergé, la littérature, l’art, il a tout envahi. Il est devenu la cuscute de la France, une sorte de parasite vorace qui nous ronge et nous ruine  » et  » Il faut résolument [les] retrancher de chez nous comme une excroissance infectieuse, comme une loupe hideuse absorbant le meilleur de nos veines « . Et plus loin sur le méridional et le juif dans le rôle de bouc émissaires causant la perte de la société française :  » Dans la politique, c’est le Juif qui dirige, et le Méridional qui agit. Derrière Rouvier, il y a Rothschild « ,  » Si le Juif veut de l’argent, le Méridional veut des places « .
Ndr. Rouvier était un député « méridional »
 » Zone Sud, peuplée de bâtards méditerranéens, de Narbonoïdes dégénérés, de nervis, Félibres gâteux, parasites arabiques que la France aurait eu tout intérêt à jeter par-dessus bord. Au-dessous de la Loire, rien que pourriture, fainéantise, infect métissage négrifié « . Louis Ferdinand Céline, novembre 1942

Et enfin nous évoquerons une des affaires de la première guerre mondiale, la supposée « lâcheté » des méridionaux illustrée par la retraite du XVème RI…

Pour en savoir plus :

Stéréotype auvergnats

 » Détruisez, si vous pouvez, les ignobles patois des Limousins, des Périgourdins et des Auvergnats, forcez les par tous les moyens possibles à l’unité de la langue française comme à l’uniformité des poids et mesures, nous vous approuverons de grand cœur, vous rendrez service à ses populations barbares et au reste de la France qui n’a jamais pu les comprendre « .
Le Messager, 24/09/1840

 

Dans l’article « Auvergnat » de son « Grand dictionnaire universel du XIXe siècle » (1866-1877), Pierre Larousse cite cette anecdote : dans un cabaret de la Courtille, on sert à une compagnie d’Auvergnats en liesse un ragoût composé de dix-huit lapins ; l’Auvergnat-servant découvre une vieille semelle au fond de la marmite, et toute l’Auvergne de s’emporter contre le gargotier, et le doyen de s’écrier :

«  Che n’est pas que che choit malpropre, mais cha tient de la plache ! »
Auvergnats jouant [au billard] pour "l’honneur et la conchommachion" de Daumier
Auvergnats jouant [au billard] pour « l’honneur et la conchommachion » de Daumier

« Un drôle de nom ! Chexpire ! On croit entendre mourir un Auvergnat ! » (Carnets). V. Hugo commentant le mot « Shakespeare »

 

Dans un dessin de Daumier (Le Charivari, 11 juillet 1841). Un homme, rentrant d’un bal d’autochtones du Massif Central, dit à son épouse :

« Ah ! fouchtrrrrra !… ma femme, nous nous chomes-ti amugé ! nous étions dige huit, il gni avait ni hommes ni femmes, nous étions tous Auvergniats, fouchtrrrrrrr ! »

« Tais-toi, Auvergnat », « Tu n’es qu’un Auvergnat » signifient « Tais-toi crétin ».

Les Savoyards

La Savoie est « annexée » à la France en 1860, les stéréotypes sont toujours identiques comme le montre cet article:

Des étrangers, les Savoyards, inondent la capitale. Cette peuplade envahissante porte un grand préjudice au pays. Ne serait-il pas temps d’y mettre un terme et d’arrêter ce torrent qui déborde sur la France?

Le gouvernement doit protection à la classe ouvrière… Est-il juste que des étrangers viennent moissonner les ressources du pays?”

Il y a en France 94 000 Savoisiens. Ils sont économes, gagnent beaucoup et dépensent peu ; le moins qu’ils peuvent mettre de côté chaque année s’élève au minimum à 500 francs. Je ne veux pas qu’on dise que j’exagère: je réduis cette somme de moitié ; je multiplie 250 par 94 000: cela donne la somme de 23 MILLIONS 500 000 francs! Cette somme est enlevée au commerce de détail. Soyons généreux, mais que cette générosité ne soit pas douloureuse!

De quelle utilité nous sont les Savoyards? Quelle industrie ont-ils apportée en France? Si ce n’est elle de nous agripper nos pièces de 5 francs!

Les commissionnaires de tous les chantiers de Paris sont Français. Mais le travail est enlevé par les Savoyards et ces malheureux restent les bras croisés. A toutes les stations des chemins de fer: partout des Savoyards! La banque, le Trésor, les messageries, les hôtels de vente, tous les grands établissements: partout des Savoyards… Ils envahissent jusqu’aux sellettes des malheureux décrotteurs, les ponts, les quais, les boulevards, les rues: toujours des Savoyards!

Les pièces de 5 francs qui entrent dans leur gousset n’en ressortent plus!

En Savoie, ils appellent la France leur Californie. Expatriez-vous, Français! Faites place aux Savoyards! On a bien crié, bien fait du bruit contre les Jésuites, mais les Savoyards sont mille fois plus onéreux par leur empiétement continuel…

Ce n’est pas tout: ils ont causé la ruine de plusieurs de nos établissements ; ils empêchent beaucoup d’autres de se former.

S’ils n’étaient pas là, on ne verrait plus d’ouvriers sans ouvrages, plus de domestiques sans place, plus de vagabonds…

Il y a parmi eux des fils de fermiers, des gens aisés. Seuls les malheureux restent dans leurs pays pour cultiver les terres.

Serait-il donc injuste d’exiger une parcelle des trésors qu’ils nous enlèvent chaque année? Ne serait-il pas bien de leur imposer de payer un impôt (patente) de 2 F par mois, 24 F par an: cette somme serait affectée à quelques maisons de retraite, pour des personnes âgées et sans ressources?…

Cette pétition, devant être présentée de nouveau à la Chambre nouvelle, est-il un Français riche comme pauvre, qui refuserait de donner son adhésion?

“Signaler un abus, c’est faire acte de bon citoyen”.

Texte retrouvé par l’Académie salésienne, Annecy. Fondée en 1878, elle constitue l’une des plus prestigieuses Sociétés savantes de Savoie à caractère scientifique, historique et littéraire.

carte Savoie à la veille de l'annexion
carte Savoie à la veille de l’annexion

Les définitions données par les dictionnaires français d’alors:

  • « Savoyard : homme sale, grossier et brutal, on emploie le mot savoyard par mépris », (Dictionnaire Universel, Paris 1834)
  • « Savoyard : dans un langage très familier, on emploie ce mot pour désigner un homme grossier, rustre », (Dictionnaire des Dictionnaires, Paris 1837)
  • « Savoyard : paysan grossier, ramoneur, employé comme injure au XIXe siècle », (Dictionnaire de langue Française de Paul Robert, Paris 1989).

Sur l’intégration des Savoyards en France, dont le pays a été annexé grâce à un référendum truqué (pas de bulletins NON, pas d’isoloirs, une occupation militaire française pendant le vote et des récalcitrants emprisonnés):

« Nous avons autour de nous une conspiration permanente contre tout ce qui est français. Les Savoyards se soutiennent… Tous s’entendent, du premier au dernier ; que le gouvernement le sache bien ; s’il veut venir à bout de ce pays, s’il veut l’assimiler, qu’il change les fonctionnaires savoyards, qu’il maintienne ceux des Français qui ont assez d’énergie pour résister. »  Extrait du rapport du sous-préfet de Saint-Julien-en-Genevois, 8 juin 1874 (Cité par Jacques Lovie, “La Savoie dans la vie française de 1860 à 1875”, Paris, Presses Universitaires de France, 1967).

 

3) Les immigrations européennes

Racisme anti-Belges

Les Belges, majoritaires dans la population de Roubaix vers 1880, sont traités de « pots de beurre » et de « vermines ». De Liévin à Tourcoing, sévissent des émeutes anti-Belges dans les années 1890.

Les Belges vus par Le Grelot
Les Belges vus par Le Grelot

« Fraternité. Internationalisme : pendant que l’ouvrier mineur français laisse sa famille et ses outils pour accomplir son service militaire, le belge lui prend sa place et travaille a vil prix. Socialisme : 1500 mineurs de Carmeau obtiennent de leur directeur une démission spontanée”. Illustration de Pepin (1842-?) pour Le Grelot, 4 septembre 1892

Racisme anti-polonais

Ainsi en France dans les années 1920, c’est l’immigration polonaise qui sera victime d’une stigmatisation et de discriminations. Il se développera d’ailleurs tout un discours qui accusera les enfants polonais de ne pas bien s’adapter à l’école (cette chère école française républicaine…) et ainsi de menacer l’ordre public et l’unité nationale. En dépit des discours officiels sur la « Pologne amie », les ouvriers polonais des cités minières, bons catholiques, sont traités de « polaks », voire d’Allemands quand ils parlent cette langue.

« Désormais des masses nombreuses de Polonais, d’habitants de l’Europe Centrale, furent recrutées et acheminées par train spéciaux sur le bassin houiller, une véritable invasion, méthodique, où les émigrés arrivaient groupés, avec leurs prêtres, leurs instituteurs, leurs religieuses. Des cités entières leur furent affectées, qui constituent de véritables villages étrangers, où le français n’est pas compris, où les relents de cuisine rappellent les odeurs de l’Europe centrale […] Cette population est composée de beaucoup d’étrangers inassimilables, qui vivent en groupes fermés, avec leurs églises, leurs écoles, leurs magasins, leurs jeux, étrangers au reste de la population. Elle ne s’enracine pas. »
Histoire des populations françaises (1948), Philippe Ariès, éd. Seuil, 1971, p. 110-111

Pour en savoir plus

Racisme anti-italiens

Racisme anti Italien
Racisme anti Italien

La première vague d’immigrants avait quitté l’Italie entre 1871 et 1900, pour fuir la pauvreté, comme beaucoup d’immigrés africains actuellement. 5 millions d’Italiens immigrèrent dans le Nord de la France et surtout à Marseille, pour y trouver du travail. Cette première vague connut des conditions de vie extrêmement difficiles et la ségrégation dans des ghettos en périphérie des grandes villes comme Paris ou Marseille, sans parler de la promiscuité dans les baraques ouvrières des villes industrielles du Nord, à l’image du sort de beaucoup d’émigrés africains d’aujourd’hui. Ces travailleurs étaient surexploités, acceptant les tâches les plus rudes et des salaires dérisoires, ce qui ne les mettait pas à l’abri de rixes parfois très violentes avec les ouvriers français. (…)

À Marseille, les dockers transalpins, qui se lancent à l’assaut des navires à décharger aux cris de « Per Gesù e per la Madonna », sont surnommés péjorativement « christos », avant d’être gratifiés, dans l’entre-deux-guerres, des aimables surnoms de « macaronis » et de « ritals ». Les émeutes anti-italiennes se multiplient : à Marseille en 1881, elles font trois morts, lorsque la foule organise la chasse aux Italiens, accusés d’avoir sifflé les soldats français qui défilaient après avoir imposé le protectorat à la Tunisie

Ce racisme anti-italien atteindra son point culminant avec la tragédie d’Aigues-Mortes, le 17 août 1893, qui vit des altercations entre travailleurs italiens et français dégénérer en véritable émeute, durant laquelle la foule excitée poursuivit les Italiens, armée de fourches et de pioches, provoquant un véritable massacre. Le bilan officiel de cette véritable chasse à l’homme fait état de huit morts.

Massacre d'Aigues Mortes
Massacre d’Aigues Mortes

 

« La grande affaire pour moi, c’étaient les immigrants italiens. […] Mais je dus constater bientôt qu’ils n’étaient pas les seuls immigrants et qu’ils avaient des concurrents venus de toutes les régions méditerranéennes et même du monde entier. […] Cette plèbe arrivait à Marseille avec ses tares et ses vices, ou avec des intentions d’espionnage et de propagande subversive. », Mes années d’apprentissage, Louis Bertrand, Paris, Fayard, 1938, p. 236-237

 

« Ils arrivent comme des sauterelles. Ils sont sales, tristes,…Ils s’installent chez les leurs, entres eux, demeurant étranger au peuple qui les accueille, travaillants à prix réduits »-La Patrie-1896

En juin 1894, l’assassinat de Sadi Carnot, président de la République, par Caserio, anarchiste italien, provoque de nouvelles émeutes anti-italiennes à Lyon. L’image de l’étranger se met en place : travailleur concurrent, ennemi de la nation et fauteur de troubles.

Les troubles de Lyon, L'Illustration, 30 juin 1894 © Musée national de l'histoire et des cultures de l'immigration, CNHI.
Les troubles de Lyon, L’Illustration, 30 juin 1894 © Musée national de l’histoire et des cultures de l’immigration, CNHI.

Pour en savoir plus

Racisme antisémite

Particulièrement virulent en France dès l’affaire Dreyfus, l’antisémitisme de l’extrême droite est particulièrement bien connu et étudié.
Nous n’y reviendrons pas particulièrement du fait même de la connaissance historique que chaque français en a. Le détailler nécessiterait un article à lui tout seul…. Il connait cependant un retour en force ces dernières années, notamment sous l’impulsion des mouvements soralo dieudonnistes.

Antisémitisme: Avis aux juifs
Antisémitisme: Avis aux juifs

De Vallat dans l’entre deux guerres (ou pendant l’occupation) :

Le 6 juin 1936, après avoir évoqué les émeutes du 6 février 1934, il interpelle le nouveau président du Conseil Léon Blum en déclarant :

« Pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain sera gouverné par un juif ». Il affirme ensuite : « pour gouverner cette nation paysanne qu’est la France, il vaut mieux avoir quelqu’un dont les origines, si modestes soient-elles, se perdent dans les entrailles de notre sol, qu’un talmudiste subtil »…

 

« Veut-on démonter que le Juif n’est pas Français, qu’il n’est pas Allemand ?… Le Juif lui-même nous prouve surabondamment que pour vivre en France, il n’en est pas moins Juif, que vivant en Allemagne ou en Chine, il n’est ni Allemand ni Chinois ; il est reste un Juif. Rien qu’un Juif. » Gabriel Malglaive « Juif ou Français, aperçus sur la question juive »-mars 1942

 

« Quand avec un Français, Juif sioniste, tu commences à dire ‘y a peut être des problèmes qui viennent de chez vous. Vous avez peut-être fait quelques erreurs. Ce n’est pas systématiquement la faute de l’autre, totalement, si personne ne peut vous blairer partout où vous mettez les pieds.’ Parce qu’en gros c’est à peu près ça leur histoire, tu vois. Ça fait quand même 2500 ans, où chaque fois où ils mettent les pieds quelque part, au bout de cinquante ans ils se font dérouiller. Il faut se dire, c’est bizarre ! C’est que tout le monde a toujours tort, sauf eux.
 Le mec, il se met à aboyer, à hurler, à devenir dingue, tu vois. Tu ne peux pas dialoguer. C’est à dire, je pense, c’est qu’il y a une psychopathologie, tu vois, du judaïsme sionisme (sic !) qui confine à la maladie mentale. » Soral en 2004

 

«Ce sont tous [NDLR « les juifs] des négriers reconvertis dans la banque, le spectacle et aujourd’hui, l’action terroriste qui manifestent leur soutien à la politique d’Ariel Sharon»- dieudonné février 2004 au «JDD»

Pour en savoir plus

Le Talmud Démasqué

 

Alex Larionov, candidat FN-RN
Alex Larionov, candidat FN-RN

Racisme anti-espagnols

La fuite de nombreux espagnols suite à la guerre civile et à la victoire de Franco a engendré des réactions contrastées en France. Tandis que les communistes étaient majoritairement en solidarité avec ces voisins dont beaucoup étaient des camarades, des mouvements d’extrême-droite n’hésitaient pas à s’insurger contre les camps de réfugiés à la frontière (alors mêmes qu’ils étaient traités dans des conditions de profond dénuement), parlant de « racailles interlopes ».

L'invasion de 1937- Illustration de Gringoire
L’invasion de 1937- Illustration de Gringoire

Le quotidien de droite bisontin « L’Eclair Comtois » et « La République de l’Est » relaient une diatribe du député local absolument atroce, le 4 février 1939 :

“PAS DE CA CHEZ NOUS
Par un excès de sensiblerie qui frise l’abêtissement, les membres communistes du Conseil Municipal de Paris et du Conseil Général de la Seine ne viennent-ils pas d’inviter la Ville et le Département à aménager tous les locaux disponibles de la Ville et de sa banlieue pour recevoir les réfugiés. Comme si Paris avec sa ceinture rouge n’était pas déjà sursaturée de la crasse et de la lie internationale. En accueillant tous ces pillards, la France n ‘apparaîtrait-elle pas comme la receleuse d’une bande de malfaiteurs ? Recevons, restaurons, réconfortons les veuves, les femmes et les enfants dont la détresse et la misère physique nous émeuvent profondément et douloureusement. Parmi tous ces réfugiés, il y a des malheureux dignes de pitié et de charité. Adoucissons donc leur lamentable calvaire et leur pitoyable odyssée. Mais rejetons sans scrupules les violeurs, les profanateurs de sanctuaires, les fusilleurs et les tortionnaires. Fermons sans regret et sans hésitation notre porte aux déterreurs de carmélites, aux rôtisseurs de curés et de moines, aux scieurs d’otages entre deux planches. Nous serions des naïfs imprudents si nous accueillions à bras ouverts, si nous gobergions et hébergions des malfaiteurs de droit commun, fuyant le châtiment qu’ont mérité leurs excès et leurs crimes’ »

 

Et encore la République expurge quelques passages comme :

« “Quand une bête est prête à crever, la vermine quitte ce qui ne sera bientôt plus qu’un cadavre encombrant ». »

4) Racisme anti-arabes/anti-noirs et Roms

Le racisme déborde des frontières de l’Empire colonial. À travers fictions, manuels scolaires ou publicités se répand en métropole l’image de « l’indigène » exotique, enfantin, irréductiblement différent et toujours inférieur, même si l’on établit une hiérarchie entre les différents peuples colonisés. Cette image va durablement peser sur la représentation des migrants coloniaux en métropole.

 

Racisme Belgique
Racisme Belgique

Les Arabes et les Noirs ont été plus durement touchés encore que les autres immigrés par le racisme. La différence de couleur de peau joue bien sûr un rôle aggravant, et rend les réactions de discrimination encore plus immédiates que vis-à-vis des autres immigrés européens, qui se différencie plutôt par la langue. Les arabes, principalement du Maghreb, et les Noirs d’Afrique subsaharienne ont été nombreux à immigrer en France en raison des liens « privilégiés » avec l’ancienne puissance colonisatrice. La langue française leur était souvent connue, ce qui pouvait augmenter leurs espoirs d’adaptation. Plus, ce sont les gouvernements français qui ont organisé les premières vagues d’immigration, lorsqu’ils avaient besoin de main d’œuvre. Même depuis les années 1970 où le chômage a amené la France a stoppé ce mouvement, de nombreux patrons apprécient encore d’avoir une main d’œuvre pauvre, prête à s’embaucher dans des métiers que nombre de travailleurs français refuseraient d’exercer.

Un-e maghrébin-e a 1,75 fois moins de chances d’avoir un logement dans le privé qu’un blanc, une personne noire 2,5 fois moins. Ces 20 dernières années, plus de 100 personnes ont été assassinées par les forces de l’ordre, essentiellement des jeunes d’origine immigrée. Quant aux contrôles au faciès, ils sont une dure réalité : un Noir a 6 fois plus de chance qu’un Blanc d’être contrôlé par la police, et un Arabe 8 fois plus.

 

FAUSTO GIUDICE est un empêcheur de se souvenir en rond. En ce trentième anniversaire de la fin de la guerre coloniale en Algérie, Arabicides oblige à se rappeler aussi ce qui suivit : entre 1970 et 1991, plus de deux cents Arabes ont été assassinés en France, des centaines d’autres agressés. La majorité des tueurs sont en liberté. Année après année, sont restitués les noms des victimes de ces tirs sur cible, meurtres de voisinage, tortures, bavures policières et ratonnades. Cette liste « de crimes de guerre commis en temps de paix » est d’abord dressée « pour mémoire » . Chronique également judiciaire, le livre dévoile la jurisprudence de fait dont ont bénéficié les assassins. Non-lieux, acquittements, peines légères assorties de sursis l’emportent sur les condamnations lourdes. Ainsi se dessinent les contours d’une« autre deuxième génération » , impunie comme la première ; aux beurs, font face les fils des tortionnaires et des terroristes si vite amnistiés.

 

Racisme anti-arabes :

La violence du racisme ordinaire
La violence du racisme ordinaire

L’année 1973 est celle qui a connu le plus grand nombre de meurtres de Maghrébins. Le 25 août 1973, à Marseille, le meurtre d’un conducteur de bus par un immigré algérien, déclenche une série d’agressions à la suite notamment d’un article de Gabriel Domenech dans Le Méridional :

« Bien sûr, on nous dira que l’assassin est fou, car il faut bien une explication, n’est-ce pas, pour satisfaire ceux qui refusent d’admettre que le racisme est arabe avant d’être européen. Et qu’il n’y a, finalement, de racisme européen que parce que l’on tolère, depuis trop longtemps, tous les abus du monde arabe… pour de basses raisons pétrolières. La folie n’est pas une excuse. Cet assassin-là, même s’il est fou (je dirai plus, s’il est fou), les pouvoirs publics sont encore plus gravement coupables de l’avoir laissé pénétrer sur notre territoire. Nous en avons assez. Assez des voleurs algériens, assez des casseurs algériens, assez des fanfarons algériens, assez des trublions algériens, assez des syphilitiques algériens, assez des violeurs algériens, assez des proxénètes algériens, assez des fous algériens, assez des tueurs algériens. Nous en avons assez de cette immigration sauvage qui amène dans notre pays toute une racaille venue d’outre-Méditerranée et se mêlant (pour leur malheur et ils le savent, et ils sont avec nous lorsque nous dénonçons le mal) aux honnêtes et braves travailleurs venus pour gagner leur vie et celle de leur famille… parce que l’indépendance ne leur a apporté que la misère, contrairement à ce qu’on leur avait laissé espérer. Hier, c’était un malheureux chauffeur d’autobus marseillais, qui a été la victime de la bête malfaisante que M. Boumediene nous a envoyée au titre de la Coopération. Encore un ouvrier, après des chauffeurs de taxi, des petits commerçants, des vieillards sans défense et des jeunes filles ou des femmes attaquées, alors qu’elles rentrent seules. Jusqu’à quand ? et qu’attend-on pour faire quelque chose, nous le demandons une fois de plus ? Ne comprendra-t-on que trop tard, en haut lieu, que tout cela risque de finir très mal ? et laissera-t-on longtemps les criminels gauchistes – comment les qualifier autrement ? – entretenir la haine du Blanc parmi les immigrés arabes… pour se servir d’eux et obtenir ce qu’ils souhaitent le plus : une  » ratonnade  » ! Leur rêve ! Car, dès lors, la France pourrait enfin être mise au ban des nations civilisées. Notre gouvernement est-il donc stupide au point de ne pas comprendre cela ? », Gabriel Domenech, Le Méridional, 26 Août 1973.

 

Pendant plusieurs mois, des meurtres d’Arabes/Berbères vont être commis dans tout le sud de la France. Cette chasse à l’homme culmine le 12 décembre 1973 avec l’attentat du Consulat algérien revendiqué par le Club Charles Martel qui fait quatre morts et plusieurs dizaines de blessés. C’est à la suite de ces événements que le gouvernement algérien décide de suspendre l’émigration en direction de la France. Au total, 52 Arabes/Berbères (essentiellement Algériens) furent tués ou blessés lors de crimes racistes au cours de cette année 1973.

Le racisme anti-islam
Le racisme anti-islam

« Qu’est-ce que les Arabes ? Les Arabes sont un peuple qui, depuis les jours de Mahomet, n’ont jamais réussi à constituer un État… Avez-vous vu une digue construite par les Arabes ? Nulle part. Cela n’existe pas. Les Arabes disent qu’ils ont inventé l’algèbre et construit d’énormes mosquées. Mais ce fut entièrement l’œuvre des esclaves chrétiens qu’ils avaient capturés… Ce ne furent pas les Arabes eux-mêmes… Ils ne peuvent rien faire seuls.  » De Gaulle

 

« On respecte ses règles (celles de la France), c’est-à-dire qu’on n’est pas polygame, on ne pratique pas l’excision sur ses filles, on n’égorge pas le mouton dans son appartement et on respecte les règles républicaines » disait Sarkozy
Le racisme anti-islam1
Le racisme anti-islam1

“Je suis pas raciste, j’aime le couscous et les bricks aux oeufs” N. Morano

“ Honnêtement, Jean-Michel Larqué, ne croyez-vous pas qu’il y a autre chose qu’un arbitre tunisien pour arbitrer un match de cette importance? “ T. Rolland

Le racisme anti-islam le nyquetamere
Le racisme anti-islam le nyquetamere

“  Il est temps qu’on réagisse parce qu’on va se faire bouffer. Par qui?(lui demande alors le  journaliste.   hum par qui, par quoi. Y’en a déjà dix millions! Dix millions que l’on paye à rien foutre! “ A. Valentin maire UMP novembre 2009

“J’ai acheté une maison de campagne pour permettre à mes enfants qui habitaient le XVè de voir des vaches. Au lieu de voir des arabes” JMLP aout 2010
Le racisme anti-islam2
Le racisme anti-islam2

“Un jour ton môme il rentre à la maison et se met à parler rebeu. C’est pas possible!” F. Pagny novembre 2010

 

Racisme anti-noirs:

Tintin au Congo
Tintin au Congo

« Je peux vous dire qu’il y a à Marseille une immigration comorienne importante qui est la cause de beaucoup de violence. Je ne peux pas la quantifier» Guéant- septembre 2011

« Des enfants, on en ramasse à la pelle dans ce pays (le Niger) – est-ce un pays ou un cimetière ? – où le taux de fécondité des femmes est le plus élevé du monde, neuf enfants en moyenne par couple. Un carnage. Les coupables sont facilement identifiables, ils signent leurs crimes en copulant à tout va, la mort est au bout de leur bite, ils peuvent continuer parce que ça les amuse, personne n’osera leur reprocher cela, qui est aussi un crime contre l’humanité : faire des enfants, le seul crime impuni. On enverra même de l’argent pour qu’ils puissent continuer à répandre, à semer la mort. » Le privilège des jonquilles, Pascal Sevran, éd. Albin Michel, 2005, p. 214
La javel qui blanchit même les noirs
La javel qui blanchit même les noirs

« Je ne suis pas raciste, ce sont les noirs qui m’ont fait découvrir le chewing-gum et le Coca-Cola” JP Guerlain 2010

 

La ministre de la justice Christiane Taubira est à ce titre visée par ce racisme:

Taubira la guenon
Taubira la guenon

 

Racisme anti-Roms

Les Roms sont autant, sinon plus, touchés par le racisme que les Arabes et les Noirs. En particulier, le mode de vie nomade qu’une partie d’entre eux ont gardé les rend suspects aux yeux des sédentaires, et ce depuis des siècles. Là où ils se sont installés, ils forment souvent des communautés très pauvres.

Valeurs Actuelles "Roms l'overdose"
Valeurs Actuelles « Roms l’overdose »

« Hitler n’en a peut-être pas tué assez [A propos des Roms-NDLR]» Gilles Bourdouleix, député-maire de Cholet

« Ils vivent avec huit enfants dans une pièce. Lorsqu’on n’a qu’une pièce, on ne fait pas huit enfants ! » Arno Klarsfeld
“Les Roumains sont des voleurs de poules”. T. Rolland
«C’est vrai, la délinquance roumaine intervient pour 2% dans la délinquance générale en France et même pour la région parisienne, c’est 3% (…) D’ailleurs il suffit de se promener dans la rue pour voir qu’il y a une forte présence, pour autant qu’on puisse reconnaître la nationalité des gens sur leur visage. » Claude Guéant

« La présence immigrée des Roms, bien qu’elle ne représente pas un véritable danger pour la sécurité des gens, est particulièrement urticante. » Jean-Marie Le Pen

 

 Racisme anti asiatique

 

Stéréotypes asiatiques selon Petitrenaud
Stéréotypes asiatiques selon Petitrenaud

Le 20 juin dernier, plus de 8.500 personnes, pour la plupart issues de l’immigration asiatique, avaient manifesté à Belleville pour dénoncer des violences de plus en plus fréquentes subies par leur communauté. Les associations avaient alors évoqué des«fantasmes» sur les Chinois plutôt que des agressions racistes. Pourtant, «la population chinoise à Belleville mais aussi dans d’autres quartiers comme Aubervilliers est victime de violences justement parce qu’elle est chinoise», affirme Olivier Wang, secrétaire de l’Association des Jeunes chinois de France (AJCF). Le racisme anti-chinois est même «un phénomène qui augmente, affirme-t-il: il y a de plus en plus de violences et de stigmatisations».

Il convient cependant de distinguer le racisme violent mais marginal d’un sentiment d’hostilité plus latent qui grandirait depuis peu dans la société française, alors que les premiers immigrants chinois sont pourtant arrivés il y a plus d’un siècle. Emmanuel Ma Mung constate une évolution:

«Il se produit depuis quelques années un changement dans les représentations que la société française peut avoir des Chinois. Auparavant, c’était un groupe sans histoire, sans problème, qui ne faisait pas parler de lui. Aujourd’hui, on a un changement progressif qui est un concours de phénomènes assez compliqués.»

 

CONCLUSION

Rappelons les bases du racisme:

 » Je voudrais dire d’abord qu’il faut avoir à l’esprit qu’il n’y a pas un racisme, mais des racismes : il y a autant de racismes qu’il y a de groupes qui ont besoin de se justifier d’exister comme ils existent, ce qui constitue la fonction invariante des racismes.
[…]
Le racisme de l’intelligence est ce par quoi les dominants visent à produire une « théodicité de leur propre privilège » […] c’est à dire une justification de l’ordre social qu’ils dominent.
Il est ce qui fait que les dominants se sentent justifiés d’exister comme dominants, ils se sentent d’une essence supérieure.
[…]
Tout racisme est un essentialisme « Pierre Bourdieu in Questions de Sociologie
Immigration=chomage affiche FN
Immigration=chomage affiche FN

Nous avons peut-être l’impression que le profil des immigrés à changé, mais il est certain que les racistes n’ont malheureusement pas changé!

Tout se passe comme si les derniers arrivés se heurtaient à une xénophobie virulente au moment où la vague précédente d’immigration se fond définitivement dans le terroir national. Les Belges ne font plus problème lorsque déferlent Italiens et Polonais, qui eux-mêmes se seront assimilés au moment de l’arrivée massive des Maghrébins, à partir des années 50. L’étude des vagues de xénophobie, toujours liées à une crise économique ou politique et non au dépassement d’un quelconque seuil de tolérance, révèle la permanence d’un stéréotype propre à l’étranger. A la fin du XIXème siècle, les immigrés belges sont considérés dans le Nord comme bagarreurs et dotés d’une sexualité exacerbée, tout comme, plus tard, les italiens, les espagnols, les Arabes et les Noirs d’Afrique. Les vices et vertus attribués aux étrangers sont en dehors de ces constantes éminemment variables. Le « Sidi » (Nord-Africain) de l’entre-deux-guerres est intelligent, aimable et patriote (il a servi dans l’armée française en 1914-1918), alors qu’à la même époque, le Chinois est réputé sournois….

La critique de l’Islam de l’extrême droite aujourd’hui, est un moyen détourné de ne plus « racialiser »  le racisme
« Essentialiser l’islam c’est faire de l’islam un invariant qui explique tout : d’abord définir « un » islam de manière exhaustive et fermée (généralement littéraliste et conservateur) et ensuite (et surtout) expliquer des comportements complexes émanant de gens d’origine musulmane comme s’il s’agissait d’une conséquence mécanique de cet islam. Par exemple dire « L’islam ne sépare pas le religieux du politique donc les musulmans ne peuvent pas accepter la démocratie et le sécularisme » ou bien « les jeunes de banlieues sont machistes parce que l’islam place les hommes au-dessus des femmes ». »
[…]
La dimension démographique joue bien sûr un rôle. Mais c’est d’abord parce que la masse des musulmans vient de l’émigration que le communautarisme musulman semble poser un problème plus important que par exemple le communautarisme juif. On passe constamment d’ « arabe » à « musulman ». Or la distinction entre origine ethnique et appartenance religieuse, même si le lien entre les deux est statistiquement fort (la plupart des musulmans sont issus de l’immigration), doit être affirmée tant sur le plan juridique que sur le plan des principes : l’islam ne doit pas servir à analyser les problèmes sociaux, il ne faut pas voir la banlieue par l’islam, ni l’islam par la banlieue. La république est censée ignorer l’origine ethnique ; par contre, si elle ne reconnaît aucun culte suivant le principe de la laïcité, elle connaît bien les religions, et en particulier le catholicisme, comme on l’a vu à l’occasion de la mort du Pape. Or aujourd’hui la confusion est constante entre origine ethnique et appartenance religieuse, et, si elle est traditionnelle dans une partie de la droite (qui affirme l’identité chrétienne de l’Europe), elle est nouvelle à gauche et c’est cela qui est inquiétant : on voit de plus en plus de gens de gauche qui, au nom de la laïcité, tiennent un discours discriminatoire envers l’islam, et donc envers les musulmans. En fait pour beaucoup de gens, de gauche en particulier, la critique de l’islam comme religion permet de reprendre un discours anti-immigration en le « déracialisant ». Au lieu de critiquer les immigrés ou les Arabes, on se réfère aux « musulmans », mais il s’agit bien sûr de la même population.
[…]
D’une part je suis frappé par l’application à des musulmans de clichés qui couraient sur les Juifs dans les années trente (inassimilables, communautaristes, préférant leur religion à la république, etc.) ; c’est l’essence même du livre d’Oriana Fallaci. Certaines caricatures en portent plus que la trace. Ici le fantasme porte sur l’ethnie et la religion. D’autre part, sur un autre registre, le discours sur les banlieues reprend un thème propre au XIXème siècle, où le développement d’un prolétariat dans des quartiers ouvriers, non encadré par l’Eglise, et supposé développer des formes de criminalité nouvelles, avait entraîné une psychose parmi les classes dirigeantes. Cette idée de la perte de contrôle d’espaces urbains au profit d’une population inconnue et profondément autre est en fait une constante de l’imaginaire urbain moderne et cache surtout l’incapacité de trouver une réponse sociale : entre la condamnation du « communautarisme » et l’attente que la croissance économique règle d’elle-même les problèmes de banlieues, il n’y a pas grand-chose, surtout après l’échec de ce qu’on a appelé la « politique de la ville ».

 

Comme nous l’avons donc vu tout au long de cet article, les stéréotypes ne changent pas, seul le bouc émissaire change. Mêmes accusations, même extrême droite.
La racisme ne sert qu’à légitimer une domination de la majorité qui veut garder des privilèges contre une minorité. En tant que blancs vous n’êtes pas discriminés ainsi de par votre couleur de peau.
Si vous l’êtes c’est parce que vous êtes une femme, pauvre, homosexuel, gros, etc… mais ce n’est pas en tant que blanc.

(avec sous titre)

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